Fonction publique : le Dif progresse

La mise en place du Dif dans la fonction publique fait son chemin, avec une offre qui s'adapte progressivement aux besoins des agents.

Par - Le 16 mai 2008.

Lors d'une table ronde organisée le 1er février dernier à l'occasion du Salon de l'emploi public, à Paris, les représentants de la fonction publique de l'État et ceux de la fonction publique territoriale ont échangé sur l'avancée de la mise en place de ce dispositif – tel que prévu par la loi de modernisation de la fonction publique du 2 février 2007 (les principaux décrets d'application ont été publiés fin 2007) et celle du 19 février 2007 relative à la fonction publique territoriale (décret relatif au Dif publié en décembre 2007).

Le Dif dans la fonction publique est largement inspiré par le dispositif créé en 2004 dans le secteur privé où la mise en œuvre, a estimé Grégoire Parmentier, sous-directeur des politiques interministérielles à la DGAFP (Direction générale de l'administration et de la fonction publique), n'est “pas un grand succès". Selon lui, l'instauration tardive du dispositif dans le secteur public a au moins permis... la prise en compte des difficultés du secteur privé, pour mieux adapter les pratiques.

Bien qu'il suscite des questionnements dans l'ensemble du secteur, “le Dif ne représente pas l'enjeu central de la réforme des pratiques de formation", a estimé Grégoire Parmentier, selon qui le plus important est de “sortir de la logique de formation sur catalogue dans lequel tous les agents picorent". Pour le représentant de la DGAFP, les plans de formation dans l'administration et la fonction publique (qui consacre 3,8 % de sa masse salariale à la formation initiale, et 3,3 % à la formation professionnelle continue) devront à l'avenir se baser sur “une stratégie globale de développement des compétences et d'orga-nisation des parcours individuels", misant plus sur le qualitatif que le quantitatif.

La FPT en retard

Dans la fonction publique de l'État (FPE), a indiqué Grégoire Parmentier, la mise en place du Dif avance bien, notamment dans les ministères tel celui de l'Agriculture, qui a enregistré des demandes de Dif “immédiatement après la création du dispositif", ou de celui de l'Économie et des Finances, où les premières demandes étaient attendues pour ce printemps 2008 (à l'issue des entretiens professionnels).
Mais contrairement à la FPE, la fonction publique territoriale (FPT) accuse un retard dans l'application du Dif (voir encadré), dont les premières demandes étaient attendues à la fin du mois de février. Une des raisons est, selon Claire Cornet, directrice générale adjointe du CNFPT (Centre national de la formation publique territoriale), “l'absence de plan de formation dans la plupart des collectivités", sans lequel – paradoxe – les agents territoriaux ne peuvent faire valoir leur droit au Dif.

Pour répondre aux nouveaux besoins de formation dans le cadre du Dif, le CNFPT adapte progressivement son offre en proposant “des formations plus courtes et modulaires". La direction devra même ouvrir ses centres le week-end (samedi matin) et le soir, au cas où les agents seraient amenés à suivre des actions de formation en dehors du temps de travail, comme le prévoit la loi.
Ces actions Dif, relevant de l'initiative individuelle des agents, concerneraient des formations de perfectionnement et de préparation aux concours, lesquelles, a précisé Claire Cornet, “font aujourd'hui partie des formations obligatoires". Mais le dispositif ne pourra suffire à la préparation aux concours, qui exige une longue disponibilité.

Près d'un tiers des agents territoriaux ignorent l'existence du Dif

Un sondage TNS-Sofres publié le 6 mai pour la SMACL[ 1 ]Société mutuelle d'assurance pour les collectivités locales. demain@smacl.fr ; http://www.smaclsante.fr le confirme : les agents territoriaux connaissent peu le Dif. 31 % ignorent jusqu'à l'existence de ce dispositif.

Parmi les fonctionnaires territoriaux ayant connaissance du Dif, 26 % souhaiteraient bénéficier d'une formation pour “prendre plus de responsabilités" au sein de leur collectivité, 11 % pour “se reconvertir au sein de la fonction publique en général", 9 % pour “se reconvertir au sein de la fonction publique territoriale". Seulement 7 % souhaitent “se reconvertir y compris en dehors de la fonction publique", et 6 % envisagent de “créer leur entreprise individuelle". 33 % ne veulent “rien de tout cela".

Il est vrai que 75 % des agents territoriaux estiment avoir une situation professionnelle “très ou assez satisfaisante". 91 % jugent avoir “un travail intéressant", et 81 % “une bonne ambiance de travail", même s'ils ne sont que 41 % à se satisfaire de leurs “possibilités d'évolution et de promotion".

Ce sondage a été réalisé du 28 février au 5 mars 2008, par téléphone, auprès de 801 fonctionnaires territoriaux “représentatifs".

Notes   [ + ]

1. Société mutuelle d'assurance pour les collectivités locales. demain@smacl.fr ; http://www.smaclsante.fr