L'impact du Dif sur la commande publique

Pour Michel Clézio, président de la Fédération nationale des Urof[[Unions régionales des organismes de formation.]], le Dif aurait un impact sur l'offre s'il n'était – déjà – détourné d'un de ses objectifs initiaux : permettre à ceux qui en ont le plus besoin, les publics peu qualifiés, de se former.

Par - Le 16 mai 2008.

Inffo Flash - Quel est l'impact du Dif sur les offres des organismes de formation relevant de la commande publique ?

Michel Clézio - Pour l'instant, il est relativement faible. Nous constatons cependant – et les chiffres nationaux le montrent – une montée en charge de ce dispositif. Ce phénomène pourrait s'accentuer, notamment à cause de l'accord entre les partenaires sociaux envisageant la transférabilité du Dif. Mais aussi parce que les
dispositifs régionaux de formation qualifiante vont être de plus en plus modularisés. Cela signifie, pour les organismes travaillant sur les commandes publiques, que là où nous avions un groupe de date à date constitué de demandeurs d'emploi positionnés par les membres du
SPE (ANPE, Mission locale, etc.),
nous aurons dans l'avenir des dispositifs permanents, plus éclatés, plus
individualisés et plus modularisés, accueillant des publics plus diversifiés.

IF - Sensibilisez-vous vos adhérents à ces évolutions ?

M. C. - En effet, nous sensibilisons nos adhérents à ces évolutions que nous devons anticiper et accompagner, car nous avons des atouts à faire valoir, dont certains rejoignent les objectifs initiaux visés par le Dif. Ces atouts sont une forte et ancienne culture de l'ingénierie pédagogique, car la formation continue n'est pas de l'enseignement initial réaménagé, comme on le constate trop souvent.
Par ailleurs, nous avons une vraie expertise dans la formation aux savoirs de base destinée aux personnes peu ou pas formées. Ces publics et ces compétences clés doivent être une priorité réaffirmée sans relâche, et c'est une des raisons pour lesquelles la Fédération nationale des Urof avait salué l'Ani en 2003 : le Dif ouvrait la formation à des publics qui en étaient exclus ou qui s'excluaient de cette possibilité. Est-il utile de rappeler que 9 % de la population âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisée est en situation d'illettrisme, et que plus le niveau de formation initiale est faible, moins on accède à la formation ?
Ici, les enjeux liés à l'insertion sociale et à l'insertion professionnelle sont étroitement liés, et il ne faut pas les opposer. Dans un tel contexte, la transférabilité du Dif est une bonne chose, particulièrement pertinente, puisque ce sont souvent ces mêmes personnes qui se voient exposées, notamment en début de vie professionnelle, à des périodes de chômage.
Mais pour que cela produise les effets attendus en direction des publics visés, il faudra considérablement améliorer les services rendus aux demandeurs d'emploi de façon à ne plus uniquement viser un retour le plus rapide possible vers l'emploi, au détriment d'un véritable projet professionnel conjuguant aspirations de la personne et intérêt de la collectivité, dès lors que les fonds qui financent sont issus ou de la collectivité du travail (Assedic, Opca) ou de la collectivité publique.
Par conséquent, et pour plusieurs raisons, il n'est pas choquant que l'entreprise finance un élément du parcours formatif du demandeur d'emploi.

IF - Avec quelles conditions de réussite ?

M. C. - Tout d'abord, il faut simplifier l'architecture des compétences en renforçant le rôle des Régions qui sont les échelons de confluence entre efficacité territoriale et pilotage de la complémentarité entre les différents dispositifs et les différents financements.

Il faut aussi réhabiliter la notion de parcours en y incluant en amont de la qualification, le renforcement des compétences clés ou des savoirs de base dans le cadre d'un service public régional de la formation, qui doit être considéré comme un service d'intérêt général. Et mieux articuler les prestations d'accompagnement de l'ANPE et de l'Unedic avec, pour ceux qui en ont besoin, la construction d'un parcours formatif favorisant l'insertion professionnelle et l'appropriation par la personne de la maîtrise de sa vie professionnelle.

Le Dif transférable ne doit pas donner lieu au jeu de la “patate chaude", mais au contraire se fonder sur la complémentarité du rôle de chacun dans le cadre du pilotage unique du champ de la formation des demandeurs d'emploi.

  • Contact
    federation-urof@wanadoo.fr ; http://www.federation-urof.org
[(L'Afpa en Midi-Pyrénées calque son offre sur le Dif

L'organisme public de formation propose depuis le début de l'année des formations courtes afin de répondre au marché émergent du Dif. Pour le directeur du centre régional, Christophe Donon, qui avait présenté sa nouvelle offre en novembre 2007, ce dispositif “est capitalisé par les salariés depuis maintenant trois ans, d'où notre volonté d'adapter notre offre à ce nouveau marché".

De deux à dix jours en moyenne, cette offre a été scindée en trois catalogues correspondant aux trois grands secteurs couverts par le centre régional : industrie, BTP et tertiaire. Cette durée “colle déjà aux habitudes de formation, puisque l'Afpa s'est aperçue que les salariés prenaient, en moyenne, deux à cinq jours de formation par an", a ajouté le directeur, qui espère ainsi, avec cette adaptation, doubler son intervention auprès des salariés d'ici 2011.)]