Le Dossier inffo flash

La difficile mesure des discriminations liées aux origines

Par - Le 16 février 2008.

De manière générale, on recense quatre grandes familles d'indicateurs de l'existence de discriminations.

Tout d'abord, les plaintes déposées en justice pour discriminations, approche non exhaustive par essence.

La deuxième concerne les sondages d'opinion auprès des discriminés et/ou de la population dominante, avec des risques bien sûr très forts de subjectivité.

Troisième type d'indicateur, les pratiques de recrutement des entreprises, riches d'enseignement au plan qualitatif, mais non quantitatif.

Enfin, l'utilisation des mesures de macro-données statistiques bute sur un problème d'imputation des écarts ou des corrélations, qui ne permet pas d'établir de liens avérés entre ces mêmes écarts et les pratiques discriminatoires.

Le testing (en français “test de situation") est une pratique qui consiste à créer des fausses situations d'embauche à caractéristiques productives égales (diplôme, expérience professionnelle, formation, etc.).

La méthode utilisée dite “audit de couple" consiste à envoyer des CV rigoureusement identiques, sauf en ce qui concerne le caractère potentiellement discriminant.

Autrement dit, il s'agit d'apporter la preuve d'un traitement différencié sur des critères non productifs – l'âge ou l'ethnie, par exemple – toutes choses étant égales par ailleurs.
Cette méthode n'a cependant pas prétention à servir d'indicateur national. Elle constitue un sondage ponctuel et localisé du dysfonctionnement du marché du travail.

À un niveau plus “macro", la mesure des discriminations engage l'avis de la Cnil (Commission nationale informatique et liberté), qui a été saisie par le gouvernement de la question de la “mesure de la diversité". Elle a rendu son avis le 16 mai 2007. À cette occasion, elle a refusé d'établir un référentiel “ethnique" et a demandé que soient utilisées des données “objectives", telles que la nationalité et le lieu de naissance des parents.

Ces données pourraient être recueillies sans pouvoir être intégrées dans les fichiers des administrations et des entreprises. Les patronymes et les prénoms sont désormais autorisés sous les mêmes conditions.

Une difficulté, cependant : la Cnil demande que ces mesures soient rendues anonymes et effectuées dans le cadre de la statistique publique, ce qui occasionne des coûts que seules peuvent supporter les grandes entreprises.
Les premières à s'être engagées dans cette voie ne sont que des grands groupes, en particulier: Casino, France Télévision, ou PSA Peugeot Citroën, notamment.