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Royaume Uni : l'appartenance ethnique comme lutte contre les discriminations

Le gouvernement britannique vient d'introduire dans les statistiques du ministère du Travail une rubrique détaillant l'origine ethnique des bénéficiaires de l'allocation chômage – pour mieux redresser les inégalités.

Par - Le 16 février 2008.

Vingt-et-un an après la loi interdisant la discrimination raciale au travail, le taux d'emploi des personnes issues des minorités ethniques (moins de 60 %) se situe quinze points derrière celui des “blancs" (74,8 %). Ces disparités sont l'objet d'une constante préoccupation du
gouvernement britannique qui vient d'introduire dans les statistiques trimestrielles du ministère du Travail une nouvelle rubrique détaillant l'origine ethnique des bénéficiaires de l'allocation chômage.

Une initiative qui peut paraître surprenante en France, où l'on juge discriminant et suspect de distinguer les gens par “race", mais le principe de la “veille ethnique" est ancré depuis longtemps dans la société britannique, afin de mesurer la représentation des personnes d'origine étrangère et de redresser les inégalités. Les Anglais sont habitués à remplir des formulaires avec une case “origine ethnique" au milieu des questions sur l'état-civil.

Cette pratique, créée en 1965 avec la toute première loi anti-discrimination, est d'ailleurs recommandée par la Commission pour l'égalité des races (CRE). Ainsi, l'Office national des statistiques publie une fois par an les chiffres de l'emploi chez les minorités. Pourtant en 2006, malgré une législation apparemment avancée, le chômage des minorités ethniques, soit 8 % de la population (jusqu'à 30 % à Londres), atteignait 11,2 %, contre 5,2 % pour la moyenne nationale.

Le pays a depuis longtemps identifié les causes de cet écart, sans réussir à les corriger : le manque de qualifications chez les jeunes en échec scolaire, le regroupement géographique dans des zones désavantagées où les opportunités d'emplois sur place sont faibles, et les réseaux de transport et d'information déficients, et enfin, le facteur le plus difficile à redresser, le racisme latent.

De fait, le ministère du Commerce et de l'Industrie estime que 24 % des entreprises privées de plus de dix salariés effectuent une veille sur la diversité. Le modèle Anglais avec son approche ethnique ne réussirait donc pas mieux que notre modèle républicain, qui répugne tant à corréler ethnies et emploi.