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Grenoble : des dispositifs porteurs de nouvelles dynamiques territoriales

Grenoble, dont Michel Destoit (PS) est le maire, est connue pour ses emplois à haute valeur ajoutée liée aux technologies de l'information et de la communication. Préfecture de l'Isère et deuxième agglomération de Rhône-Alpes, la ville n'entend toutefois pas délaisser les autres secteurs d'activité.

Par - Le 01 mars 2008.

“Le seul gage du maintien de l'emploi est la diversité, annonce la rubrique Emploi et insertion du site web municipal, et les secteurs plus traditionnels, qui contribuent à la qualité de vie et au lien social, doivent être soutenus et accompagnés dans leur développement, pour que la ville-centre demeure un pôle d'activité vivant et attractif." Une déclaration d'intention qui dispose d'un service d'une trentaine de personnes doté d'un budget d'environ trois millions d'euros, entièrement dédié à l'insertion et à la formation professionnelle, mis en place voici déjà huit ans.

“L'emploi et la formation ne sont pas de la compétence de la ville", rappelle Abde Djellal, adjoint au maire en charge de l'insertion et de la formation professionnelle, et président de la Mission locale. “Il ne s'agit pas de faire à la place des autres, mais de mettre à profit notre connaissance du terrain pour jouer un rôle d'interface entre la population, les entreprises et les acteurs du service public de l'emploi". Une dimension de proximité qui permet d'apporter de la “lisibilité" à des acteurs en demande et d'exercer un rôle de “coordonnateur" en matière de dispositifs centrés sur l'accès à l'emploi.

La lisibilité, c'est, par exemple, “alerter la Région pour faire évoluer l'offre de formation et la démarche pédagogique" dans un souci de cohérence avec les publics cibles et les besoins locaux en matière d'emploi, “travailler en concertation avec les agences d'interim" pour orienter au mieux les usagers de la Mission locale, ou encore “œuvrer auprès des entreprises pour un reprofilage des profils de poste" qui évite la surenchère des diplômes sur des postes peu ou moyennement qualifiés.

La coordination, c'est exercer ses responsabilités d'acteur de terrain pour initier et accompagner des dispositifs porteurs de dynamiques territoriales d'insertion.

À titre d'exemple, le dispositif “100 chances, 100 emplois" lancé en janvier 2006 pour une durée de trois ans est l'objet d'un pilotage conjoint par la DDTE, Schneider Electric et la Ville de Grenoble. “L'objectif est de faciliter l'accès à l'emploi durable de 100 jeunes issus des quartiers prioritaires, ne fréquentant plus les structures classiques d'accompagnement et/ou sortis du système scolaire sans qualification."

Le dispositif propose des parcours personnalisés de qualification avec le concours de trente entreprises engagées sur ce projet, et fédérées par Schneider Electric. Le candidat progresse à travers trois étapes : premièrement, un multi-repérage (ANPE, Mission locale, Codase[ 1 ]Comité dauphinois action socio-éducative., etc.) coordonné par le service insertion de la Ville de Grenoble ; deuxièmement, un sas de mobilisation spécifique, avec la participation des entreprises permet de repérer les motivations, d'aider à la construction du projet professionnel ; troisièmement, un parcours d'intégration individualisé, via des étapes associant des entreprises (parrainages, stages, contrats d'alternance, formations et école technique de la deuxième chance Paul-Louis Merlin, etc.).

Selon le dernier bilan réalisé après seize mois de fonctionnement, le dispositif a touché 51 jeunes, dont 50 % sont en emploi durable aujourd'hui.

Parmi les autres dispositifs d'insertion et de lutte contre la discrimination à l'embauche initiés et soutenus par la ville, Abde Djellal cite les opérations “Coups de poing pour l'emploi", où, là encore, “les entreprises viennent à la rencontre des candidats dans les quartiers", ainsi que des opérations ponctuelles liées à la demande d'une entreprise. Ainsi du forum SNCF “Égalité & diversité" qui a permis de contacter 270 chercheurs d'emploi en février, ou d'Alstom, qui a pu recruter 20 personnes en situation précaire en partenariat avec un comité de pilotage réunissant la ville de Grenoble, l'ANPE, l'Assedic, la Mission locale et les Maisons de l'emploi de l'agglomération.

Contact : www.ville-grenoble.fr

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La ville de Grenoble et la Préfecture de l'Isère ont organisé en juin 2007 une journée spécifique de recrutement dans un quartier sensible. Parce que les entreprises et les jeunes en situation précaire ne sont pas naturellement amenés à se rencontrer, la Ville a fait appel à l'entreprise de conseil et de formation Nes&Cité[ 2 ]www.nesetcite.com, spécialisée dans le “rapprochement des stratégies économiques et des stratégies sociales". Il s'agissait de programmer un événement d'accompagnement vers l'emploi au sein de Villeneuve-de-Grenoble, quartier sud de la ville construit au début des années 1970 et comptant 50 % de logements en habitat social.

Avec un taux de chômage des moins de 26 ans d'environ 30 %, il apparaissait en effet nécessaire d'accompagner de manière spécifique les jeunes de ce quartier. Une opération d'une journée qui nécessite, selon Marie Tacail, chef de projets Jobs & Cité, deux mois de préparation.

Le temps nécessaire pour permettre aux médiateurs de prendre contact avec les futurs candidats issus du quartier ciblé, avec les entreprises qu'il faut convaincre avant de récolter les profils et, enfin, avec l'ensemble des acteurs locaux amenés à être partenaires de l'opération (ANPE, Mission locale, etc.). Il s'agit d'être prêt pour l'événement qui prend la forme d'une journée continue au cours de laquelle les jeunes, épaulés par des conseillers emploi-insertion, bénéficient d'un entretien individuel de première rencontre d'environ un quart d'heure avec le responsable RH de l'entreprise. Une intervention qui a conduit 259 candidats à bénéficier d'environ 500 entretiens accordés par 21 entreprises en une seule journée, et permis de planifier 109 entretiens ultérieurs.

D'après Marie Tacail, l'évaluation à trois mois indique 28 contrats signés avec les entreprises partenaires, auxquels il faut rajouter une cinquantaine de candidats insérés dans le dispositif “100 chances, 100 emplois". Des chiffres jugés encourageants qui entraînent la programmation d'un second “Jobs & Cité" en avril 2008.
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Notes   [ + ]

1. Comité dauphinois action socio-éducative.
2. www.nesetcite.com