Impact des TIC sur les conditions de travail : le rapport du CAS pointe la “question primordiale de la formation"

Par - Le 16 mars 2012.

Relancer l'effort de formation des entreprises concernant les technologies, telle est l'une des recommandations principales du rapport “L'impact des TIC sur les conditions de travail", que
Vincent Chriqui, directeur général du Centre d'analyse stratégique (CAS) a présenté le 6 mars.

De fait, et alors que l'accompagnement des salariés et la formation continue constituent des “facteurs décisifs" pour une intégration réussie des systèmes d'information en entreprise, les deux volets sont à la peine, souligne Daniel Ratier, chargé de mission à la Direction générale du travail et coordonnateur du rapport avec Tristan Klein [ 1 ]Économiste, chef de projet “Prospective des métiers et des qualifications" au département Travail-emploi du Centre d'analyse stratégique.  : premièrement, l'effort de formation aux technologies a “singulièrement fléchi" depuis le début des années 2000, deuxièmement, “l'accompagnement du changement semble peu répandu dans les entreprises".

Formation aux usages, formation aux risques : deux populations différentes à former. S'il s'agit notamment de garantir une formation adaptée pour que les salariés puissent utiliser sans difficulté les outils mis à leur disposition, “sous peine de risquer une dégradation de leurs conditions de travail", Daniel Ratier pointe aussi la nécessité de
former les dirigeants de façon à ce que ceux-ci puissent “prendre en compte les impacts sociaux" lors de la mise en place d'un nouveau système. Tous concernés ! Si les entreprises relevant de “l'écosystème des TIC" ont produit “un effort particulier" en matière de formation, en accord avec leur propre intérêt, cet effort s'avère cependant insuffisant compte tenu de l'obsolescence rapide des technologies. À noter que la formation lacunaire des spécialistes entraîne des difficultés supplémentaires : les salariés doivent “parfois apprendre « sur le tas », sans formation, les formateurs potentiels n'ayant eux-mêmes pas été formés", relève le rapport.

Pointant par ailleurs la diminution du nombre de stagiaires en informatique et bureautique au cours des dix dernières années, Daniel Ratier évoque la généralisation de l'enseignement informatique en formation initiale et la part croissante laissée à l'autoformation, compte tenu de l'équipement des particuliers en ordinateurs. Problème, estime l'auteur, le rythme élevé des changements rend rapidement obsolète la formation initiale, et l'autoformation montre ses limites. À la décharge des entreprises, c'est l'offre même de formation qui fait défaut pour les managers et les directions des services informatiques. Des titres et des diplômes existent en formation initiale comme en formation continue, mais l'offre est trop réduite et les contenus ignorent trop souvent la prise en charge des enjeux sociaux. Enfin, la généralisation des TIC en entreprise accroît pour l'ensemble des salariés la nécessité de maîtriser des savoirs de base, ceci en donnant “une importance inédite à la lecture et à l'écriture dans le monde professionnel".

Si la plupart des analyses contenues dans le rapport du Conseil d'analyse stratégique existaient déjà voici dix ans − voir, par exemple, les ouvrages d'Yves Lasfargue [ 2 ]Technos mordus, technos exclus, Éditions d'Organisation, 2000. Halte aux absurdités technologiques, Éditions d'Organisation-Les Échos, 2003., contributeur du rapport −, les réponses à apporter concernent désormais la quasi-totalité des entreprises, 97 % étant aujourd'hui connectées à internet.

www.strategie.gouv.fr

Notes   [ + ]

1. Économiste, chef de projet “Prospective des métiers et des qualifications" au département Travail-emploi du Centre d'analyse stratégique.
2. Technos mordus, technos exclus, Éditions d'Organisation, 2000. Halte aux absurdités technologiques, Éditions d'Organisation-Les Échos, 2003.