Jeunes sans qualification : vers un “droit différé" ?

Le chômage des jeunes actifs – 23 % – reste très préoccupant et leur accès à des formations qualifiantes insuffisant. Le récent rapport du COE préconise un ensemble de mesures à la fois préventives et “curatives", intéressant l'amont (l'Éducation nationale) et l'aval (les pouvoirs publics).

Par - Le 01 mai 2008.

Dans son avis rendu public le 8 avril dernier, le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) met en exergue l'une des failles les plus importantes du système français. L'accès à la formation professionnelle concerne surtout des personnes déjà formées. “Le système, constate le rapport, demeure défaillant pour les personnes sorties du système éducatif sans diplôme, sans connaissance de base suffisante ou qui ont rencontré des incidents de parcours." En clair, les jeunes non qualifiés et les sans emploi. Or, ces deux catégories tendent à se recouvrir. Le taux de chômage des jeunes actifs français atteint 23 %, contre 17 % dans l'Europe à 27.

Afin de résoudre ce problème structurel – 100 000 jeunes sortent chaque année sans diplôme ou sans qualification du système scolaire – le COE “appelle à la fois à des actions en cours de scolarité afin de réduire la proportion des élèves en situation d'échec et après la sortie du système scolaire, pour développer l'accompagnent vers l'emploi".

Première préconisation : renforcer l'information, le conseil et l'accompagnement des élèves par une meilleure articulation entre l'Éducation nationale, les Missions locales et le service public de l'emploi au sens large. “De fait, plusieurs accords-cadres ont été passés au niveau national, indique-t-on au CNML (Conseil national de Missions locales), mais leur déclinaison régionale, notamment pour celui de 20021, s'avère parfois complexe entre les recteurs et les directeurs régionaux du réseau des Missions locales. Il en est résulté un ensemble d'initiatives intéressantes – notamment en Île-de-France – mais qui n'ont pu être généralisées au niveau national".

Le COE propose aussi que le modèle pour le moment optionnel de “découverte professionnelle de trois heures en classe de troisième soit renforcé, et rendu obligatoire pour tous les élèves en fin de premier cycle de l'enseignement secondaire". De même : “Après le lycée, chaque élève devrait être également amené à construire un projet professionnel avec l'appui des services d'orientation." Le rapport suggère aussi que les professeurs soient “informés de manière régulière et systématique sur les métiers, leur évolution et les besoins actuels et futurs de l'économie".

Le COE préconise la mise en place d'un outil commun de ressources sur l'orientation et les perspectives des métiers, accessible à tous, avec des déclinaisons régionales. Des initiatives en ce sens on vu le jour, comme le portail orientation-formation piloté par le Centre Inffo, et de nombreuses initiatives au niveau des Carif, en régions.
Le rapport propose enfin un droit différé à la formation financé par l'État permettant d'acquérir des savoirs de base pour les jeunes engagés dans la vie professionnelle sans qualification. L'accès à la certification doit être encouragé par le biais de la VAE, et des certificats de qualification professionnelle.