Le Dif amplifie la modularisation et l'individualisation des parcours

Mathilde Bourdat, responsable de l'offre management de la formation et ingénierie pédagogique à la Cegos, voit l'avenir avec optimisme. À condition de savoir “granulariser" l'offre, pas d'inquiétude pour faire face à la croissance...

Par - Le 16 mai 2008.

Dès l'instauration du Dif, en 2004, “la Cegos, ainsi que d'autres organismes de formation, s'est rendu très vite compte qu'il n'y avait pas lieu d'établir un formatage différent de l'offre", observe Mathilde Bourdat, responsable de l'offre management de la formation et ingénierie pédagogique à la Cegos. “Il n'y a pas de champ réservé exclusivement au Dif, et le format de 20 heures est devenu très vite obsolète, les crédits d'heures ayant été vite dépassés. Il n'y avait donc pas de raison de calibrer nos offres de formation sur un format de 10 heures ou 20 heures."

Et en ce qui concerne les thèmes des formations, “nous nous sommes rendu compte l'an dernier qu'ils étaient extrêmement variés", et pouvaient concerner aussi bien des formations de développement de personnel ou de bureautique que des formations très techniques.

Sur le plan pédagogique, le Dif a amplifié une demande d'individualisation des cursus de formation, et aussi une demande de “reconnaissance sociale" de la formation – donc de certification. Le salarié, en tant que particulier, “a désormais le souci de piloter lui-même son parcours de formation, d'être acteur de son propre parcours professionnel", assure Mathilde Bourdat. Les changements majeurs dans ce domaine, ce sont donc la modularisation des actions de formation, l'individualisation des parcours, une traçabilité de plus en plus grande de la formation au cours de ces parcours professionnels, le maillage entre des situations formelles, en présentiel ou en e-learning, avec des situations plus personnelles de formations de terrain. Toutes ces évolutions ne sont pas des conséquences directes du Dif.

En termes de quantité, précise Mathilde Bourdat, “nous avons enregistré, ces dernières années, une très forte augmentation des offres inter entreprises. Il est cependant difficile de dire si celle-ci est liée ou non au Dif. Si les salariés n'avaient pas eu une formation au titre du Dif, peut-être l'auraient-ils suivie préalablement au titre du plan". De plus, “jusqu'à présent, beaucoup d'Opca ont pris facilement en charge le financement du Dif, faisant que, pour les entreprises, le départ de salariés en Dif représente un coût faible, voire inexistant dans certaines branches."

Parcours “à la carte"

La transférabilité du Dif, évoquée dans le cadre de la nouvelle réforme, “ne changera pas grand-chose à l'offre ou à la demande de formation", pense Mathilde Bourdat. “Ce qui est sûr, c'est qu'il faudrait granulariser la formation avec des modules de plus en plus fins pour que les gens puissent s'agencer un parcours à la carte", correspondant à leur besoin individuel. Mais “le Dif portable, transférable ou pas, ne changera pas cette tendance-là".
Beaucoup de personnes sont impatientes de voir l'utilisation du Dif s'accroître. Il est vrai qu'aujourd'hui près 13 % des salariés seulement envisagent de faire valoir ce droit dans l'année. Mathilde Bourdat appelle à relativiser : “Il n'est pas sûr, deux ans après la réforme de 1971, qu'il y ait eu beaucoup de plans de formation dans les entreprises. Laissons aux acteurs du Dif le temps d'une maturation." D'autant que “certains salariés, et ils sont nombreux dans plusieurs grandes entreprises, ne voient pas l'intérêt de consommer leur Dif, alors que les formations qu'ils demandent leur sont accordées par leurs employeurs dans le cadre du plan de formation".

En tout cas, l'“explosion des compteurs" Dif, si elle s'avérait, ne poserait aucun problème à la Cegos, car non seulement son chiffre d'affaires est en augmentation de plus de 20 % depuis deux ans, mais elle a également ouvert de nouveaux centres de formation et embauché de nouveaux consultants-formateurs. De quoi faire face à la croissance !