À chacun sa stratégie pour accroître la part de la formation continue dans les activités de son université

Par - Le 16 juin 2011.

Pour participer pleinement aux exigences d'autonomie financière des universités et augmenter leur présence sur le marché de la formation professionnelle, les SUFC, initient, chacun selon ses réalités territoriales et stratégiques, des actions de partenariats de tous types : autonomes, avec des entreprises, des branches professionnelles ou des organismes privés de formation.

“Au niveau de la conférence, nous avons une stratégie de communication qui reste encore incomplète, mais qui vise à rendre visible la capacité de l'enseignement supérieur à répondre aux besoins des acteurs socio-économiques", indique Jean-Marie Filloque, président de la CDSUFC. Sur le plan national, une approche consiste à “travailler avec les branches, ou des organisations représentatives", comme notamment la Fédération bancaire française (FBF) et son bras armé pour la formation, le Centre de formation de la profession bancaire (CFPB), ou le Conseil national de l'ordre des architectes (Cnoa) pour les architectes. “Nous travaillons ensemble, au niveau de toutes les universités françaises, à un partage d'expériences, afin de mettre en œuvre partout des SUFC qui répondent efficacement aux demandes des structures économiques", insiste Martine Carette, vice-présidente de la CDSUFC et directrice du Service universitaire du développement économique et social (Sudes) de l'Université de Lille-I.

Avec des branches

Ainsi, par exemple, l'Université Paris Descartes a mis en place un partenariat avec les branches professionnelles des secteurs bancaire et de l'informatique, ainsi que des organismes de la santé où “nous couvrons plus d'une quinzaine de professions qui vont de la médecine à la kinésithérapie en passant par la pharmacie, l'odontologie", précise Jean-Pierre Hazemann, directeur du Service commun de la formation continue de cette université, qui est tournée vers les métiers du tertiaire. Avec le secteur bancaire, son service a initié des programmes “permettant, par le biais de la VAE, de diplômer des salariés en licence professionnelle. Nous avons également, avec beaucoup d'autres secteurs, mis en place des formations liées notamment à l'ingénierie du risque (informatique, inondation, portuaire, terroriste, etc.). Nous sommes dans la même logique avec le secteur de l'assurance, de l'aide à la personne, etc.". Et l'université parisienne travaille à “accompagner des militaires soucieux d'évoluer vers d'autres métiers ou de développer leurs compétences", en recourant, toujours, à la VAE pour les aider à obtenir des diplômes.

À défaut de nouer des partenariats avec des entreprises pour former, pour elles, des sociologues, des historiens ou des psychologues, Olivier Desouby, directeur des Services de formation continue et vice-président de formation tout au long de la vie de l'Université de Haute Bretagne, travaille avec de nombreuses branches professionnelles et des collectivités territoriales, notamment pour préparer des bibliothécaires ou des documentalistes à des masters, diplômes universitaires supérieurs de technologie (Dust) ou licences professionnelles.

Toujours dans le cadre des stratégies de partenariats avec les organisations professionnelles, l'Université Paris-Dauphine, dont le SFC a réalisé quelque 6 millions en 2010, a été retenue, avec la Confédération générale des sociétés coopératives et participatives (CG Scop), pour lancer ensemble un parcours de formation destiné aux futurs dirigeants des entreprises de son réseau. De même, “nous montons un certificat professionnel avec le Syndicat national du management de transition, ainsi qu'un programme spécifique de management destiné aux magistrats en partenariat avec l'École nationale de la magistrature".

Avec les entreprises

D'autres établissements optent pour des démarches de partenariats actives avec les entreprises de leur territoire. “Nous co-construisons des diplômes en partenariat avec les entreprises locales, qui participent à notre Comité d'orientation stratégique, pour répondre à leurs besoins. Nous avons, dans ce cadre, créé une école d'ingénieurs avec sept grandes compagnies industrielles. De même, nous avons, avec le Crédit Mutuel, monté des masters, directement opérationnels, qui tiennent compte de l'expérience professionnelle des salariés", se félicite la directrice du Sudes. Qui a mis également en place des conventions avec Pôle emploi, Opcalia, le Medef et d'autres structures.
“Nous proposons également, en collaboration avec les cinq autres universités de la région, des offres permettant de répondre aux besoins d'accroissement des compétences et de l'employabilité des actifs et au développement économique du Nord-Pas-de-Calais", indique Martine Carette. Même logique pour Paris-Dauphine, qui s'est aussi associée notamment à l'Institut d'administration des entreprises (IAE) de Paris, pour répondre à des appels d'offres de formations. Pour Jean-Pierre Hazemann, directeur du SCFC de Paris Descartes, associée à d'autres pour proposer des diplômes inter-universitaires (DIU), “les partenariats entre les universités paraissent aujourd'hui indispensables, notamment dans le cadre des Pôle de recherche et d'enseignement supérieur (Pres)".

“Nous travaillons aujourd'hui pour inciter à des partenariats en amont au niveau, par exemple, de contrats de valorisation de la recherche ou de transferts de résultats de recherche, qui souvent s'accompagnent de transferts de compétences. Les pôles de compétitivité ou les grappes d'entreprises sont des espaces propices à cela, sans que beaucoup ne l'aient encore intégré", reconnaît Jean-Marie Filloque.

Avec les prestataires privés de formation

Certains des partenaires disposent de leur propre structure de formation et souhaitent la valoriser, ou, pour le moins, l'associer aux partenariats, indique le président de la CDSUFC. Ainsi, par exemple, l'organisme privé de formation Cegos vient de rejoindre Paris-Dauphine pour délivrer le master “Négociation et relations sociales", existant depuis deux promotions, qui rassemble DRH et élus syndicaux. Toujours avec Cegos, elle a mis en place de nombreuses formations, dont le master “Management global" (qui en est à sa dix-septième promotion), ainsi qu'un diplôme universitaire (DU) “Management des métiers de la formation".
L'Université d'Évry Val d'Essonne propose, elle aussi, en partenariat avec le groupe Demos, un autre acteur majeur de l'offre privée, un master 2 professionnel “Responsable formation" diplômant et axé sur la pratique et des cas concrets.

Selon Anne Maugey (Paris-Dauphine), “ces partenariats s'expliquent notamment par le fait que les organisations privés de formation ne peuvent pas délivrer des formations diplômantes. Cette forme de partenariats nous permet donc de proposer des formations où interviennent à la fois des enseignants-chercheurs, des experts dans leurs domaines et des professionnels".

Pour Jean-Marie Filloque, “ces partenariats doivent être inscrits dans le cadre de vraies relations. Nous travaillons à ce que l'université ne se retrouve pas en situation de sous-traitance, en particulier dans le cas des diplômes nationaux. Pour répondre à des besoins spécifiques, nous préconisons plutôt la co-traitance. Répondre à un appel d'offres dans le cadre d'un groupement d'acteurs publics et privés à tout son sens si cela permet d'atteindre l'objectif visé par l'appel d'offres".

Il leur arrive parfois, reconnaît le président de la CDSUFC, “d'avoir recours à la sous-traitance de certaines parties d'actions pour lesquelles nous n'avons pas les compétences requises". Dans ce cas, “la question du passage par les marchés publics doit être envisagée mais en tout état de cause, cela doit rester limité à des besoins en compétences très spécifiques et pointus. Nous n'entendons pas favoriser le développement d'une offre parallèle passant par d'autres réseaux que le nôtre, même si certaines universités ont encore des velléités de le faire". Cela peut faire naître des problèmes, mais une analyse objective des compétences de chacun et le principe de conventionnement appuyé sur une charte de bonnes pratiques, comme il en existe aujourd'hui, limitent les risques, conclut Jean-Marie Filloque.

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