L'accompagnement des parcours dans les territoires : une “intelligence à tous niveaux" qui doit être “fédérée"

Par - Le 01 octobre 2011.

“La territorialisation croissante des politiques d'emploi et de formation entraîne un besoin accru en données locales", a rappelé Christel Colin, sous-directrice du suivi et de l'évaluation à la Dares (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail). “Pour répondre à ces besoins, les données administratives, comme celles issues de la gestion des dispositifs, des démarches d'inscription des demandeurs d'emploi ou des fichiers de paie, présentent l'avantage d'être exhaustives et donc de pouvoir être déclinées." Mais elle a reconnu les limites : “Ces données sont liées à un dispositif donné et couvrent donc le champ associé. De ce fait, rares sont les données administratives permettant un suivi dans le temps et donc des parcours, même s'il en existe."

“Des meneurs de jeu affranchis de l'esprit de système"

Les expérimentations elles-mêmes se révèlent difficiles à mettre en place, car les situations locales ne rentrent pas nécessairement dans les grilles d'analyse établies au plan national.

Un conflit d'échelon que Philippe Dole, inspecteur à l'Igas (Inspection générale des affaires sociales), connaît bien, lui qui a officié dans plusieurs régions au cours de sa carrière. “Le recueil des données est une chose importante, a-t-il indiqué, mais leur communication l'est tout autant. Or, on ne communique pas ces résultats de la même manière dès lors que l'on s'adresse à une entreprise en phase de recrutement, à une personne en pleine construction de son parcours ou à un élu local." Si la majorité des intervenants se sont accordés sur la nécessité d'intervenir “en foncier et en réseau" dans le domaine de l'emploi, Philippe Dole n'en a pas moins précisé la nécessaire désignation “d'un meneur de jeu clairement identifié" pour piloter les politiques d'accompagnement, un leader “qui puisse s'affranchir de l'esprit de système et animer des lieux de régulation éloignés des rivalités de structures – pour ne pas dire des jeux de pouvoir – qui peuvent exister entre certains services institutionnels".

“Il existe une intelligence à tous les niveaux. Mais cette intelligence doit être fédérée dans le cadre d'une stratégie concertée, susceptible d'être déclinée par le biais d'actions ou de moyens", a, pour sa part, plaidé Françoise Amat, secrétaire générale du Conseil national pour la formation tout au long de la vie (CNFPTLV). Les contrats de plan régionaux de développement des formations professionnelles (CPRDFP), d'ores et déjà signés dans une dizaine de régions, pourraient, selon elle, constituer un outil condensant cette intelligence collective. “La contractualisation de ces CPRDFP a su mettre en valeur les acteurs impliqués", a-t-elle souligné, précisant que ces contrats avaient également accru l'implication des partenaires dans le dispositif. “Les partenaires sociaux n'en sont pas signataires, mais ils demeurent engagés dans ces CPRDFP." Brossant un rapide tableau historique des politiques de l'emploi territoriales menées depuis les années 1990, Françoise Amat a insisté sur l'importance de l'expérience régionale, laquelle a permis des remontées d'informations pertinentes ayant abouti à la rédaction de contenus stratégiques communs susceptibles de devenir un jour des textes réglementaires. Maintenant, “les conventions d'application se profilent".

À terme, ces remontées d'information permettront, outre le développement de politiques de gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences (GPEC) en fonction des problématiques territoriales, de définir de grands axes stratégiques en matière d'orientation, de coordination des multiples réseaux locaux de l'accompagnement des parcours, mais aussi d'identifier l'offre de formation sise au cœur des régions, dans toute sa diversité. “Ces textes permettront d'améliorer la gouvernance du financement des actions", a indiqué Françoise Amat, ajoutant qu'ils seront également en mesure de fournir au CNFPTLV des outils susceptibles d'évaluer l'efficience des dispositifs financés.