La FHTT au service du développement durable d'Olivier Legrandjacques

Par - Le 16 mars 2011.

Olivier Legrandjacques met les bouchées doubles. Cet assistant logistique d'une société de transport de produits frais à Aix-en-Provence s'est donné un an pour compléter un master 2 en management du développement durable, tout en travaillant à temps plein pour son employeur. Au bout du chemin, un diplôme à faire valoir, pour changer de vie.

“J'avais l'impression d'avoir fait le tour de mon poste. Avec l'Agenda 21, le Grenelle de l'environnement, j'ai senti qu'il existait des opportunités d'emploi." Après un bilan de compétences, il a repéré une formation idoine au salon de l'évolution professionnelle de Marseille en 2009 : un master en management du développement durable en formation à distance. Idéal. Seulement, comment s'y prendre ? “Mon objectif était de continuer à travailler et d'étudier en parallèle." Il fallait tout de même prévoir de la disponibilité pour passer une trentaine de modules, quatre examens, soutenir une thèse professionnelle en français et en anglais et effectuer un stage pratique en entreprise.

Grâce au Fongecif Paca, Olivier Legrandjacques a pu trouver une autre solution qu'un Cif pour mener à bien son projet et faire financer les 6 500 euros que coûte cette formation. “Trente ans, diplômé, une formation qui ne faisait pas partie des priorités de financement du Fongecif qui privilégie les personnes peu qualifiées… J'avais peu de chances. Mais je crois que je les ai multipliées en demandant de suivre ma formation hors temps de travail", estime-t-il.

Actuellement, il croule sous le travail. Depuis décembre 2010, il suit des cours par téléphone, complète des modules sur internet, travaille en prise directe avec un enseignant… Mais il arrive à concilier vie professionnelle et études. “Les cours ont lieu le soir, de 19 h à 20 h ou 22 h. Et le matin, je me lève plus tôt et je consacre une heure et demie à ma formation. Je n'ai pas voulu traîner, j'ai réparti la charge de travail sur l'année. J'ai tout de suite passé un examen sur le droit européen en janvier, pour ne plus avoir à passer que deux examens en juin et deux en octobre." En plus de sa soutenance et de son stage. Comme sa formation est hors temps de travail, il ne peut l'effectuer dans son entreprise. Plein de ressources, il a donc décidé de le valider en travaillant comme bénévole dans l'association Mountain Wilderness. Il va rédiger l'appel à projets que l'association veut lancer pour une campagne de communication sur l'“éco-mobilité" dans le parc du Mercantour. Une année bien remplie.

Présenter son dossier

“C'est un dispositif relativement nouveau, qui n'a pas vocation à s'adresser à tous les salariés. Il faut avoir une capacité d'organisation pour mener sa vie professionnelle à temps complet et sa formation, et savoir jongler entre l'une et l'autre", prévient Renée Husson, directrice du Fongecif Rhône-Alpes “Ce choix, renchérit Anne-Hélène Le Guennec, conseillère au Fongecif de Bretagne, a des conséquences sur la vie personnelle et nous devons mesurer le temps que les personnes pourront consacrer au travail entre les cours : elles ont parfois une appréciation idyllique de ce qui les attend. Un BTS comptabilité, c'est deux jours de travail à temps plein par semaine."
Ensuite, que le salarié soit apte est une chose, que sa demande obtienne un financement en est une autre. Un dossier doit donner l'assurance que le salarié sait sur quoi débouche sa formation et quelles conséquences concrètes elle aura sur son parcours professionnel. Elle doit être adaptée et respecter les critères de priorité de l'organisme financeur. Et ne pas être exorbitante. Les Opacif se plaignaient du manque de moyens pour satisfaire toutes les demandes de Cif.

Marie Dubern préside depuis 2005 la commission chargée d'instruire les dossiers de demande de Cif au sein de Mediafor, Opacif de la presse écrite, un secteur en crise. “Il est très rare que les dossiers soient acceptés la première fois en commission, les salariés doivent reprendre leur copie. Nous nous rendons alors compte de leur motivation – et constatons une baisse des coûts systématique." Un changement pour un organisme de formation moins gourmand ou une formation plus courte sont toujours des arguments de poids.

“Il existe une stratégie récente qui consiste à demander au salarié ce qu'il met en place de son côté : il faut que cela se joue en deux coups", ajoute-t-elle. Utiliser son Dif, combiner différents financements pour parvenir à construire un parcours certifiant ou qualifiant, voici la tendance. “Je pense que le parcours exclusivement hors temps de travail restera extrêmement minoritaire 50, 100, 200 heures… Il y aura recours à des combinaisons", prévoit le directeur du Fongecif Bretagne, Dominique Crochu. Une piste de développement à étudier de près.

Quel avenir pour la FHTT ?

Les particuliers ont dépensé 1,16 milliard d'euros pour financer leur propre formation (les entreprises, 12,58 milliards) en 2008. Mais la FHTT progresse doucement : la dépense des entreprises en allocation formation (versée lorsque le salarié part en formation hors temps de travail) n'a augmenté que de 0,3 % entre 2008 et 2009 et la part des formations hors temps de travail financées par les Opca dans le cadre du Dif est passée de 28 % en 2008 à 31 % en 2009.
Source : annexe au projet de loi de finances pour 2011.