Une offre à construire

“Il y a toujours eu des Cif hors temps de travail, reconnaît ce directeur de fonds de gestion du congé individuel de formation. Nous n'avons jamais encouragé, ni même incité un salarié à se former en dehors de son temps de travail, mais s'il nous demandait de financer les coûts pédagogiques d'une centaine d'heures de formation pour achever un parcours qualifiant ou une VAE pendant ses congés payés, nous le faisions. C'était toutefois très exceptionnel."

Si ces pratiques autrefois “hors la loi" sont maintenant possibles, elles ne sont pas encore monnaie courante. Les organismes collecteurs ne font pas tous la publicité de cette nouvelle possibilité de financement de la formation, que ce soit en campagne d'information ou en affichage sur leurs sites internet – et les dossiers ne se bousculent pas.

Fin 2010, après une petite année de mise en œuvre, même au Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) qui anime le réseau des Fongecif, aucune donnée n'était consolidée. Mais, de l'avis général, “ça démarre doucement", résume Dominique Crochu, directeur du Fongecif Bretagne, qui comptait 24 dossiers sur 877 dossiers de Cif fin 2010, alors que Provence-Alpes-Côte d'Azur en avance également 24 sur 1 500, et Rhône-Alpes 108 sur plus de 4 000 Cif, à titre d'exemples.

Il faut dire qu'ils ont préféré voir venir, chacun à sa façon. “Nous avons mis en place la formation hors temps de travail en avril, sachant qu'il fallait donner un cadre, mais ce sont des solutions provisoires", explique Gérard Goron, directeur du Fongecif Paca. S'il a appliqué les mêmes critères à la FHTT qu'au Cif, sans fixer de durée maximale à la formation, Uniformation, l'Opacif de l'économie sociale, l'a fixée à 1 607 heures exactement. D'autres, comme le Fongecif Île-de-France, ont pris une option plus radicale (voir encadré).
Tous ne sont pas non plus d'accord sur la finalité de la FHTT. Pour Dominique Crochu, “c'est un dispositif qui reste réservé à des parcours brefs, car il est difficile de vivre d'amour et d'eau fraîche. Le schéma le plus courant traité par notre Fongecif concerne la reconversion, soit 700 heures de formation. Personne ne peut vivre sans salaire pendant cinq à six mois".

Alors que Marie-Odile Lenhardt, directrice du Fongecif Alsace, optimise le peu de dossiers enregistrés : “Vingt dossiers, ce n'est pas forcément significatif. Je pensais que ce dispositif se situait en dehors de la logique du bien-être d'un Cif, alors que ceux qui s'en sont saisis l'ont fait pour construire leur parcours", se félicite-t-elle.
“Il y a vraiment un potentiel de développement de ce dispositif", estime Gérard Goron, dont le Fongecif ne pratique pas de parcours combinant plusieurs financements. “Cela dépendra aussi beaucoup de la réactivité des organismes de formation à cette nouvelle demande, qui risquerait d'être tuée dans l'œuf s'il n'y avait pas d'adaptation."

En attendant, 2011 est l'année de l'expérimentation. Les Fongecif doivent monter un groupe de travail au sein du FPSPP pour confronter leurs expériences et proposer une offre homogène sur le territoire.