Entretien avec Guy Ferrez, vice-président du Conseil régional de Bourgogne

Par - Le 01 janvier 2010.

“La Bourgogne lance son service public régional de la formation professionnelle le 1er janvier 2010"

Quels sont, selon vous, les enjeux d'un service public régional de la formation professionnelle, et particulièrement en Bourgogne ?

Nous avons reçu la Région Poitou-Charentes, qui a mis en place son SPRFP en 2009, et la Franche-Comté, qui lancera le sien en 2011. La Bourgogne lance son SPRFP le 1er janvier 2010. Nous avons tous le même but : l'égalité d'accès à la formation pour tous les demandeurs d'emploi, une continuité dans la qualité de l'information sur la formation et la formation en elle-même sur tout le territoire, et, enfin, nous devons nous adapter au contexte qui est celui de la crise en ce moment. Voilà le but, je pense, de toutes les Régions.
En outre, un service public régional de la formation professionnelle a deux axes : il doit s'occuper à la fois du financement des formations qualifiantes qui permettent l'élévation des compétences, mais qui ne sont pas accessibles aux publics très éloignés de l'emploi. Et aussi s'occuper des personnes les plus éloignées de la formation.

Quelles seront vos priorités pour 2010 ?

Pour les formations qualifiantes, nous allons avoir un grand changement puisque nous allons travailler sur des contrats pluriannuels qui iront de trois à cinq ans. Cela permettra de voir à plus long terme les besoins des professionnels et, donc, de financer au mieux les formations en fonction de la demande, avec, bien évidemment, la possibilité de faire des ajustements. Pour les publics les plus éloignés de l'emploi, il faut être présent tout au long du parcours de formation, qui va de l'orientation jusqu'à l'entrée en qualification. Nous avons donc décidé de travailler sur l'orientation et l'information sur la formation, car nous ne concevions pas de nous consacrer uniquement à l'acte de formation. Notre rôle est également de lever les freins à l'accès à la formation. C'est là que nous entrons dans un véritable service public, car nous finançons la totalité du parcours de formation.

Quel est le montant de l'enveloppe prévue pour financer ce nouveau service public régional de la formation ?

Il est très difficile de définir une enveloppe de manière précise. Mais d'après nos prévisions, sous toutes réserves, le SPRFP pourrait coûter 45 millions d'euros, qui seraient répartis de la sorte : deux tiers pour les formations qualifiantes, soit 30 millions d'euros, et un tiers pour les personnes les plus éloignées de l'emploi, soit 15 millions d'euros. Il faudra sûrement ajuster tout cela. Cette enveloppe sera prélevée sur le budget formation professionnelle et apprentissage du Conseil régional de Bourgogne qui s'élève à 130 millions d'euros.

Concrètement, sur le terrain, comment ce SPRFP va-t-il se traduire ?

Nous misons beaucoup sur la prescription de la formation. Par conséquent, nous allons dialoguer avec ceux qui vont orienter les futurs stagiaires, à savoir Pôle emploi ou les Missions locales. Car tout part de l'orientation. Si elle n'est pas bonne, la formation ne sert pas à grand-chose.

Lors des Assises régionales de la formation professionnelle du 9 décembre, les Régions Franche-Comté et Poitou-Charentes ont également présenté leur SPRPF. Quelles sont les points évoqués que vous pourriez reprendre – ou non – au sein du servi ce public régional de la formation professionnelle de Bourgogne ?

Quelle que soit la Région, les profils des populations sont quasiment identiques. Ce que nous voulions savoir à travers ces témoignages, c'est si cela a fonctionné, si les appels à projets ont pu obtenir gain de cause auprès des organismes de formation de Poitou-Charentes, seule région a avoir déjà lancé son SRPF. Et la réponse est positive. Il y a eu, également dans cette région, une vraie prise de conscience de tous les acteurs de la formation sur l'importance de la prescription.

Vous êtes vous fixé des objectifs chiffrés de places supplémentaires en formation grâce à ce plan, par exemple ?

Non. Il ne s'agit pas de juste former des gens. Il faut assurer une traçabilité, et il faut que nous arrivions à la mettre en place. Nous nous posons la question de savoir comment retranscrire au mieux un parcours de formation.

Avez-vous envisagé des processus d'évaluation ?

Justement, j'allais y venir ! Nous sommes en train de réfléchir au développement de processus d'évaluation, mais il y a encore beaucoup de travail ! Nous n'avons pas d'obligation de résultat, car nous serons en phase d'expérimentation, mais nous nous sommes fixés des obligations de moyens.

Que signifie pour vous la mise en place de ce service public régional de la formation professionnelle ?

C'est l'affirmation publique d'une compétence qui n'était pas perçue comme telle. C'est aussi une mise en orbite de l'ensemble des acteurs de la formation professionnelle.