La mobilité des apprentis en Europe, entre réticences et frilosités

Le séminaire “Mobivet-Regio", organisé par la Freref le 17 décembre dernier à Paris était l'occasion pour les principaux acteurs de la mobilité des apprentis en Europe de faire le point sur les actions qui se sont déroulées en 2009, d'évoquer les projets de 2010, mais surtout d'échanger idées et projets.

Par - Le 16 janvier 2010.

Patrick Franjou, directeur des affaires européennes au Conseil régional d'Île-de-France, a ouvert le séminaire en rappelant que “il y avait de grandes attentes de la part des Régions sur les engagements européens en éducation et formation, qui est l'une des politiques européennes les plus populaires auprès du grand public". Jean Vanoye, président de la Freref [ 1 ]Fondation des Régions européennes pour la recherche en éducation et en formation., a quant à lui souligné qu'“avec cette crise, très forte, les emplois ne seront plus les mêmes, il y en aura de nouveaux et les anciens auront évolué". C'est dans ce contexte que “l'apprentissage tout au long de la vie trouve sa place, ce qui implique également une bonne transition professionnelle", a renchéri Joao Delgado, chef d'unité du programme Leonardo Formation professionnelle.
Tous les acteurs présents se sont accordés pour rappeler leur “sensibilité particulière pour se concentrer sur les publics qui ont le moins de chances de partir, notamment les apprentis ou certaines personnes en formation professionnelle". Les chiffres étant en effet très bas, puisque seulement 1 % des apprentis terminent leur formation en dehors de leur État d'origine. Plusieurs obstacles s'additionnent, comme l'a fait remarquer Philippe Le Guen, chef de l'assistance technique au Fonds social européen (cofinanceur du séminaire) : “Quand nous lançons des appels à projet, nous avons très peu de réponses des organismes de formation, dû à une appréhension du public, certains organismes sont peu habitués à gérer l'international, et enfin, il faut reconnaître un fort taux d'abandon des participants, ce qui implique une préparation des participants en amont".

Bernard Hillan, chercheur au Céreq, l'a souligné : “Plus on descend dans les niveaux de formation, plus la volonté de mobilité et la capacité à bouger sont faibles. Pourquoi ne pas passer par le centre d'apprentissage, ce qui permettrait au jeune de se sentir moins seul, moins lâché dans la nature", avec, pourquoi pas, “la possibilité d'effectuer des visites préparatoires pour les formateurs". Car les freins viennent d'eux également. Philippe Le Guen, a ainsi expliqué que lors de la réalisation d'un programme de mobilité en Auvergne, “les maîtres d'apprentissage et les formateurs étaient les plus réticents vis-à-vis de l'Europe, alors que ce sont les personnes en qui les apprentis ont confiance".
“Nous sommes loin de la culture de la mobilité", a renchéri Sébastien Thierry, directeur adjoint de l'agence 2E2F. Même dans l'enseignement supérieur : “Des professeurs pensent encore que partir un an en mobilité, c'est une année de tourisme pour l'étudiant."

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Le planning de Mobivet 2010 est bien rempli : trois sessions de peer learning se dérouleront le 10 février à Lyon et les 15 et 16 juin à Barcelone, un forum Mobivet Regio aura lieu les 23 et 24 novembre à Bruxelles. Un site internet sera livré dans le courant de l'année
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La déclaration de Barcelone, nouvelle feuille de route

La mobilité des apprentis n'est toutefois pas au point mort, puisqu'en 2009, les projets et accords se sont multipliés. Farid Gammar, qui travaille au centre de coordination et de gestion au ministère de l'Enseignement obligatoire en Belgique, a ainsi présenté le projet Opir-Ecvet, (Outils pratique interrégionaux pour le développement d'Ecvet (1)). Après avoir comparé les méthodes de travail, les procédures et les certifications dans plusieurs Régions européennes, le but est de lancer des formations communes entre les pays. Le projet a réalisé une expérimentation sur deux formations : coiffeur et automaticien, l'objectif étant de généraliser Opir-Ecvet d'ici 2012.
Autre avancée de 2009, la “déclaration de Barcelone pour la promotion de la mobilité dans la formation professionnelle", signée par 27 Régions issues de 15 pays. Elle prône la revalorisation de la mobilité et l'augmentation de la visibilité de l'offre, et rappelle la nécessité de la certification dans les expériences de mobilité.
1. Crédits d'apprentissage européens pour la formation.
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La Région, "niveau idéal" pour piloter la mobilité ?

C'est ce que pense Ursula Mannle, membre de la commission culture, éducation et recherche au Comité des Régions : “C'est le bon niveau d'intervention, car la Région a beaucoup de contacts sur le terrain et connaît le tissu économique local." Toutefois, Philippe Perfetti, directeur adjoint de la formation et de l'emploi à l'APCM (Assemblée permanente des Chambre de métiers) et représentant de l'UEAPME (Union européenne de l'artisanat et des PME) au Comité éducation et formation tout au long de la vie a pointé “des disparités entre les Régions européennes qui n'ont pas toutes les mêmes compétences". Patricia Di Stephano, de la DGEFP, a saisi l'occasion pour lancer un appel “à plus de collaboration entre les acteurs, car l'État est très demandeur".
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Notes   [ + ]

1. Fondation des Régions européennes pour la recherche en éducation et en formation.