Questions à Véronique Jolly, chargée de mission et animatrice FOAD et tutorat au Carif de Champagne-Ardenne

FOAD et classes virtuelles : l'expérience de l'Arifor

Le Carif Champagne-Ardenne, avec l'appui technique du Cned, propose une professionnalisation des formateurs à la FOAD. Véronique Jolly a été à la fois commanditaire du projet et bénéficiaire, puisqu'elle a suivi la formation en tant que stagiaire.

Par - Le 16 février 2010.

À quoi correspond le dispositif commandité par l'Arifor ?

Le GIP Arifor, qui s'est rendu compte que sur le terrain il y avait plusieurs freins à la FOAD, a élaboré un cahier des charges avec trois conditions. Tout d'abord, la réponse devait proposer un dispositif mixte (formation à distance et formation présentielle). Ensuite, elle devait inclure le principe d'“isomorphisme" : former les formateurs d'après les modalités que vont connaître les futurs stagiaires. Cela leur permet de “savoir de quoi ils parlent", et quelles sont les difficultés que la formation à distance peut induire pour le stagiaire. Troisième condition : nous voulions que ce soit une formation-action, avec un accompagnement permettant l'avancée du projet. C'est le Cned qui a répondu à nos attentes, il nous a proposé le dispositif de formation que nous avons suivi, comportant notamment l'outil de “classe virtuelle".

Comment s'est déroulée la formation ?

Le dispositif a eu lieu en deux temps. La première phase était constituée de deux jours de formation présentielle avec un mois en intersession. Au bout de ces deux jours, si le projet du formateur “tenait la route", il poursuivait la formation. Si ce n'était pas le cas, on arrêtait là : dans une formation-action, s'il n'y a pas de matière, on ne peut pas avancer.
Neuf formateurs, pour quatre projets, ont ainsi poursuivi la deuxième partie du dispositif, qui s'est étalée de mars à novembre 2009. Sur ces neuf mois, nous avons eu trois jours de regroupement. Le premier jour nous a permis d'expliciter nos projets, de prendre en main les outils utilisés par la formation à distance. Nous avons donc été formés à WebCT, la plateforme d'apprentissage, et à Elluminate, la classe virtuelle du Cned. Nous avons également bénéficié d'un accompagnement individualisé sur nos projets, car nous n'avions pas tous les mêmes interrogations : certains avaient des questions techniques, d'autres pédagogiques : par exemple, comment scénariser la formation à distance…
Étaient également prévus entre cinq et sept rendez-vous téléphoniques. Cela permettait d'avoir un accompagnement très pointu et individuel, même pour les stagiaires qui travaillaient sur le même projet et qui ne se posaient peut-être pas les mêmes questions.

Combien de classes virtuelles avez-vous suivi ?

Neuf classes virtuelles d'une heure trente, sur plusieurs thèmes : dispositif de la FOAD, cahier des charges, classe virtuelle, outils pour la gestion de contenu, plateformes, scénarisation, médiatisation, accompagnement, évaluation. Mais nous n'avions pas obligation de toutes les suivre.

En tant que commanditaire et stagiaire du dispositif, quels atouts et quelles contraintes attribuez-vous à la formation à distance ?
Le premier atout est la limitation des déplacements et donc un gain de temps énorme, ce qui est très pratique pour les formateurs qui sont peu disponibles. La classe virtuelle permet l'interactivité, d'autant plus que notre formatrice nous sollicitait beaucoup. Nous étions en autonomie, mais pas pour autant coupés de notre formateur, avec lequel nous pouvions communiquer par mail.
En outre, la classe virtuelle demande une grande concentration et la nécessité d'avoir de bons outils : un bon son, une bonne image. Il faut aussi penser à tout fermer autour de soi : fermer sa porte, mettre son répondeur. Les classes virtuelles duraient donc une heure trente, heureusement pas plus longtemps, car la concentration n'est pas la même sur écran qu'en salle de formation.
En tant que commanditaire, ce dispositif de formation a vraiment répondu aux attentes du GIP Arifor. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne peut pas demander à des formateurs de mettre en place une FOAD sans qu'ils l'aient vécue auparavant.
Ce dispositif démontre qu'il n'y a pas une façon de faire de la FOAD, mais une multiplicité de façons de faire. Ce dispositif permet aussi de dédramatiser les outils techniques et de découvrir d'autres outils, comme la classe virtuelle ou une plateforme de formation. Enfin, monter un projet de FOAD dépend d'une équipe pluridisciplinaire, car il comporte plusieurs volets : pédagogique, technique, humain, ingénierie de formation. Les formateurs ont tous pris conscience qu'une FOAD ne se gère pas comme une formation présentielle.