Île-de-France - L'anticipation des besoins des entreprises : un “élément clé de l'apprentissage"

Par - Le 16 février 2010.

Le Conseil régional d'Île-de-France a organisé la première conférence “Qualité de l'alternance" le 19 janvier (voir L'Inffo n° 761, p. 38), à laquelle étaient invités les directeurs de CFA de la région et des entreprises, afin de mettre en place “une nouvelle dynamique de concertation", comme l'a affirmé Daniel Brunel, vice-président en charge de la formation professionnelle.

La Région a donc lancé un appel à projets en septembre 2009, pour lequel 69 CFA ont été retenus, en fonction de leur engagement à respecter trois objectifs (voir encadré). Éric Des Grottes, directeur de EGGA, une entreprise de communication qui emploie une dizaine de personnes, a réagi sur ces trois objectifs : “Il est compliqué pour une petite entreprise d'établir un prévisionnel des activités de l'apprenti, étant donné que le drame de l'entreprise est qu'elle n'a plus de visibilité". L'obtention des comptes rendus est pour lui une “évidence". Quant à l'anticipation des besoins à court terme de l'entreprise, elle “est indispensable, mais alors, il faut des apprentis réactifs et rapidement productifs".

Analyse pratique des projets

Dans le cadre de ce dispositif, les CFA seront accompagnés par l'Institut pour la professionnalisation des acteurs de l'apprentissage (IP2A), qui réalisera une analyse pratique des projets. La situation présentée “devra être réelle et innovante, et pourra réunir soit tous les partenaires (le maître d'apprentissage, le CFA et l'apprenti), soit deux personnes", a précisé Eptisem Karaa, chargée de mission au sein de l'IP2A. Des articles qui établiront un compte rendu seront ensuite publiés sur le site www.ip2a.fr afin de mutualiser les informations recueillies et de permettre aux acteurs d'enrichir, voire de critiquer, les projets développés. Le but de cette analyse pratique est surtout d'impliquer les entreprises dans la mutualisation.

Eptisem Karaa a présenté quelques projets : l'Utec de Marne-La-Valléesouhaite mettre en place des rendez-vous afin d'élaborer les besoins des entreprises ; l'Aforp d'Asnières-sur-Seine met en place des séances de tutorat pour préparer le jeune avant et après son retour en entreprise ; le CFA métiers du bâtiment de Brétigny-sur-Orge fait le point régulièrement pour adapter le plan de formation et le prévisionnel.

C'est surtout le CFA de la Chambre de métiers et de l'artisanat de Villiers-le-Bel www.ima95.fr] qui a fait sensation dans l'hémicycle en présentant, via un petit film, sa manière de travailler, et ce depuis 2005. Ouissam Oueslati, le formateur peinture sur carrosserie du CFA, demande à ses apprentis de se renseigner auprès de leur maître d'apprentissage sur ce qu'il va faire lors des prochaines sessions en entreprise. Le formateur peut ainsi anticiper les besoins de l'entreprise, et former l'apprenti en conséquence. “Avec cette anticipation des besoins des entreprises, nous avons 100 % de réussite lors de l'évaluation", a souligné Ouissam Oueslati, pour qui “la clé de la réussite de l'apprentissage, c'est l'anticipation des besoins de l'entreprise". Cette initiative “permet aussi au formateur de rester en prise avec la réalité de son métier initial", a ajouté Olivier Jospin, président de [E2C Paris et de la Conférence des présidents des écoles de la deuxième chance.

Cette expérience résume à elle seule le principal souhait des entreprises et donc le principal devoir des CFA : l'anticipation des besoins.

De l'importance d'un dialogue interactif
Deuxième élément clé de la qualité de l'alternance : “Le dialogue interactif constant entre l'entreprise et le CFA", ce que Didier Bertheux, directeur du service technique de Darty Île-de-France, a rappelé : “Si le maître d'apprentissage n'est pas accompagné par le CFA, on a une perte énorme. Avec le CFA Eugène-Ducretet , nous sommes constamment en contact : les maîtres d'apprentissage sont les bienvenus au CFA et les formateurs se déplacent parfois au sein de notre entreprise. Nos maîtres d'apprentissage peuvent même aller consulter les notes de leur apprentis sur le site du CFA, ce qui leur permet de savoir où ils en sont régulièrement au lieu d'attendre le trimestre. Un dialogue interactif est essentiel pour adapter la formation au plus près des attentes de chacun des acteurs."
Le Conseil régional organisera une autre rencontre à laquelle participeront - en plus des entreprises et des CFA - les apprentis, en juin ou septembre 2010.

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Les trois engagements des CFA

 Obtenir un prévisionnel des activités en entreprise pour chaque jeune (aujourd'hui les CFA ne reçoivent les prévisionnels que pour 20 % de leurs apprentis, l'objectif est d'atteindre les 60 %) ;

 obtenir également des comptes rendus d'activité réalisées pendant l'alternance (ils ne l'obtiennent en moyenne que pour 30 % des apprentis. Ici encore, objectif : 60 %) ;

 mettre en place une individualisation des parcours orientée vers les besoins à court terme des entreprises.
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