En Lorraine : “CFA Tox", ou comment prévenir les addictions des apprentis

Les jeunes des CFA ne sont pas à l'abri du risque d'addiction aux drogues ou à l'alcool. Le Conseil régional de Lorraine a souhaité répondre à une demande des CFA et a mis en place le programme “CFA Tox" dès 2006. Après une expérimentation de deux ans auprès de 17 CFA, le 20 janvier dernier, le programme a été étendu à toute la région.

Par - Le 16 mars 2010.

Il n'est pas toujours évident d'aborder les problèmes de drogues ou d'alcool avec les jeunes, surtout quand les adultes n'ont pas les outils pour les faire. Or, les apprentis des CFA ne sont pas épargnés par ces dérives, ils sont même davantage concernés que les lycéens. Comme l'explique Daouia Bezaz, conseillère régionale déléguée à la politique de la santé, “dans les CFA, il y a moins d'encadrement, pas d'infirmières, et le public des CFA est souvent plus en difficulté que les lycéens. Or, quand des jeunes qui sont sous l'emprise du cannabis ou de l'alcool travaillent sur des machines, il y a un réel danger pour eux, mais aussi pour l'entourage".

Partant de “l'idée que prévenir, c'est éduquer", la Région a donc privilégié deux axes d'intervention : la prévention et l'inégalité d'accès aux soins, “car ces jeunes-là pouvaient rarement consulter un professionnel", selon Daouia Bezaz.
Pour répondre le mieux possible à la situation, le Conseil régional a travaillé avec plusieurs associations : l'AniTEA (Association nationale des intervenants en toxicomanie et addictologie), l'Anpaa (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) et le CMSEA (Comité mosellan de sauvegarde de l'enfance, de l'adolescence et des adultes).

“Le but est d'instaurer une culture commune face aux addictions et de porter une attention particulière aux jeunes en difficultés dans les CFA", poursuit Daouia Bezaz. Pour cela, les associations se rendent plusieurs jours dans les centres afin de former les personnes qui le souhaitent sur les addictions et de leur apprendre comment être à l'écoute des apprentis.

Une fois formées, ces personnes, appelées “adultes relais", deviennent référentes sur le programme CFA Tox. Les associations sont également présentes pour assurer la prise en charge d'un jeune si cela est nécessaire, mais le but est surtout de donner les clés de compréhension et d'action au CFA, pour qu'il puisse ensuite faire appel à son réseau en cas de problème. “Mais ceux qui ont adhéré en 2006 reçoivent encore la visite des associations régulièrement", souligne Daouia Bezaz.

Le programme comporte également deux autres volets : certains apprentis sont devenus des relais auprès des autres jeunes, et une sensibilisation des maîtres d'apprentissage et des parents a été mise en place.
En moyenne, CFA Tox coûte 60 000 euros par an. De 2006 à 2007, sept CFA ont adhéré au programme, puis quinze autres de 2007 à 2008. Le bilan de ces deux années est positif, car, selon Daouia Bezaz, “cela a permis dans certains CFA d'appréhender les jeunes en difficulté autrement. Ce programme est également un espace d'expression pour les apprentis et les adultes, et surtout, il leur permet de ne pas rester seuls".

Le programme a également permis de débloquer la bonne volonté des formateurs, qui “ne s'autorisaient pas cette prévention, estimant que cela n'était pas de leur ressort, alors qu'ils peuvent également aider, sans se substituer aux psychologues et aux médecins", ajoute la conseillère régionale, avant de conclure : “C'est une première, cela n'a jamais été mis en place dans un lycée. Le programme fonctionne parce que les CFA sont demandeurs."