Entretien avec Jean-Paul Denanot, président du Conseil régional du Limousin et président de la commission formation professionnelle de l'ARF

“L'ARF veut créer une instance avec les partenaires sociaux, et notamment les Opca, pour répondre aux besoins des demandeurs d'emploi et des jeunes"

Par - Le 16 avril 2010.

Quels seront les chantiers auxquels va se consacrer l'ARF concernant la formation professionnelle ?

Nous allons porter le principe de sécurisation des parcours professionnels, en essayant de coordonner l'action de ceux qui financent ce secteur, c'est-à-dire la Région et les partenaires sociaux, et notamment les représentants des Opca. Il s'agit d'étudier la mise en place des dispositifs pour répondre aux besoins des demandeurs d'emplois et des jeunes sortis du système scolaire sans qualification. Il faut que cette interface soit humaine et à l'écoute, pour rapprocher l'offre et la demande.
Nous souhaitons également renforcer la sécurisation des parcours au sein des entreprises, car les PME ont peu de moyens. La Région intervient pour permettre aux entreprises de se reconvertir ou à leurs salariés de faire valoir leurs qualifications.

Comment l'ARF se positionne-t-elle sur ce sujet ?

Nous attendons que l'État prenne ses responsabilités. On ne pourra pas tenir les fins de parcours et les formations professionnelles. Ce sont les Régions qui assurent déjà le quotidien de Pôle emploi, avec les formations.

L'heure est à la préparation des plans régionaux de formation - cosignés par le préfet - qui doivent être prêts pour 2011…

C'est utile d'avoir un plan, mais si tout le monde “s'assoit dessus" - pardonnez l'expression -, ça ne sert à rien. Il faut que les organismes de formation de l'Éducation nationale soient partie prenantes de ces PRDF, et c'est là aussi que les difficultés vont commencer. Les Régions doivent prendre toute leur part dans l'élaboration de ces PRDF, pour qu'ils soient des vrais contrats. Si l'État, le Rectorat et le préfet jouent le jeu, nous pourrons avancer et mettre au point un bon instrument.

Avant les élections régionales, le gouvernement a critiqué les politiques des Régions en matière d'apprentissage. Quelle est la position de l'ARF ?

L'Association veut une politique équilibrée. Nous avons une responsabilité globale et nous devons, notamment, permettre aux lycées professionnels d'exercer pleinement leur rôle. Il est impensable que des sections de formation de lycées professionnels soient fermées dans les milieux ruraux : les jeunes doivent pouvoir avoir une formation à côté de chez eux. Il faut donc que l'Éducation nationale réponde à la formation professionnelle territoriale. Les lycées professionnels et l'apprentissage sont deux voies d'accès à la qualification égales et nous ne voulons pas en tuer une pour améliorer l'autre. Pour Laurent Wauquiez, l'apprentissage est la panacée. Nous ne sommes pas d'accord. Il y a aussi les lycées professionnels, qui ont largement fait leurs preuves. Nous assistons actuellement à la fermeture de sections en lycées professionnels et il nous est demandé d'ouvrir les mêmes en apprentissage ! Nous ne pouvons pas venir combler en permanence les trous creusés par l'État.

Quelle est la position de l'ARF sur le transfert de la commande publique de l'Afpa ?

Le transfert de la commande publique de l'Afpa nous apparaît cohérent. Nous avons les compétences pour, et les Régions ont donc accepté ce transfert. Mais une fois que nous l'avons accepté, les règles du jeu changent, et nous devons désormais soumettre l'Afpa à la concurrence…
L'Afpa s'est d'ailleurs organisée pour entrer sur le marché, et je pense que c'est une erreur. Elle va avoir beaucoup de difficultés, mais va aussi bousculer tous les marchés, ce qui fera réagir la FFP. D'ailleurs, la prochaine commission formation de l'ARF portera sur les SSIG (service sociaux d'intérêt général), car la formation ne peut pas être une marchandise.