Trois questions à Yves Hinnekint, directeur général d'Opcalia

"Opcalia traite et accompagne désormais autant les demandeurs d'emploi que les salariés"

Par - Le 01 mai 2010.

Comment s'est passée la collecte 2009 et quel impact a eu le “13 %" sur votre Opca ?

La collecte a été très différente cette année. Nous avons dû développer une pédagogie spécifique pour expliquer aux entreprises les changements intervenus dans les bordereaux de versement de leur contribution formation. En particulier, bien sûr, les 13 % prévus par l'Ani du 7 janvier 2009 et la loi du 24 novembre 2009 pour le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), dont le taux de répartition entre la professionnalisation et le plan de formation peut varier d'une branche à l'autre. Nous avons géré beaucoup d'allers-retours pour faire et refaire ce bordereau de versement, et ces échanges sont accompagnés d'un important travail de pédagogie. Sur les 15 branches adhérentes à Opcalia, près de la moitié ont réalisé avant le 14 décembre 2009 une pondération différenciée entre professionnalisation et plan. Toutes ces modifications, ainsi que les nouveaux dispositifs d'accompagnement et de sécurisation des parcours, ont alourdi notre gestion et nous ont demandé beaucoup plus de temps que les années précédentes.
En revanche, nous avions quelques craintes par rapport à la crise économique. En réalité, nous avons constaté une certaine stabilité, avec une très légère baisse au niveau de la collecte pour la professionnalisation compensée par celle du plan de formation. En fait malgré la réduction de la mase salariale, dans certains secteurs, comme l'industrie, par exemple, nous avons eu une collecte à l'étal.

Comment intégrez-vous les nouveaux dispositifs dans vos actions ?

Nous assurons en quelque sorte un “service après-vente" de la réforme. Cela débute par une présentation pédagogique des nouveaux dispositifs. Nous pouvons distinguer deux catégories d'entreprises, indépendamment de leur taille.
Celles qui sont touchées par la crise (bassin économique instable, faibles niveaux de qualification, etc.) ne se posent pas trop la question des nouveaux dispositifs. Elles les appréhendent assez facilement, ainsi que le rôle du FPSPP. Elles savent qu'elles peuvent s'adresser à leur Opca pour obtenir des fonds complémentaires pour répondre à leurs besoins de formation. Ces entreprises seront fortement soutenus pas Opcalia sur la thématique du “socle de compétences" et sur la lutte contre l'illettrisme, un savoir-faire déjà éprouvé dans notre Opca sous la bannière “1 001 lettres" [ 1 ]Voir L'Inffo n° 765, p. 19. Seconde catégorie, celles qui n'éprouvent pas tant de difficultés. Elles pensent que le FPSSP n'a pas été créé pour elles et ne connaissent pas les dispositifs qu'elles peuvent mobiliser. Pour ces structures, Opcalia développe également une pédagogie centrée sur les différents dispositifs d'entrée dans l'emploi - CTP, CRP, Dif portable, préparation opérationnelle à l'emploi (POE), etc. Nous informons précisément les entreprises qui recrutent sur les bassins d'emploi où existent des CTP ou des CRP, de l'accompagnement et des appuis financiers qu'Opcalia peut leur apporter en matière de formation. Idem pour la mise en œuvre du Dif portable pour leurs nouveaux entrants.

Quelles autres évolutions relevez-vous ?

Dernier point en termes d'approche, Opcalia traite et accompagne désormais autant les demandeurs d'emploi que les salariés. Cette nouveauté avait commencé avec les CTP et les CRP. Elle se poursuit avec le Dif portable et la POE. Nous sommes amenés à construire un partenariat incontournable avec Pôle emploi, voire à bâtir des coopérations inter Opca. Une nouvelle culture est en train de naître dans les entreprises : mon Opca peut m'accompagner tous publics confondus, salariés et demandeurs d'emploi. C'est un nouveau challenge pour les Opca.

[(CTP et CRP

Au niveau national, 18 000 salariés licenciés économiques ont signé signataires un CTP au niveau national et 100 000 personnes sont signataires d'une CRP. La CRP s'applique sur l'ensemble du territoire y compris dans les Dom, à l'exclusion des 25 bassins d'emploi CTP répartis aujourd'hui sur 16 régions. À noter qu'un projet de décret prévoit d'étendre le CTP au bassin d'emploi de Fumel (Lot-et-Garonne). Il serait proposé pour les procédures de licenciement économiques engagées à partir du 1er mai 2010 et aux personnes engagées dans une CRP à compter du 1er février 2010.)]

Notes   [ + ]

1. Voir L'Inffo n° 765, p. 19.