Questions à Béatrice Négrier, nouvelle vice-présidente en charge de la formation professionnelle et de l'apprentissage au Conseil régional du Languedoc-Roussillon : “La Région va expérimenter des Écoles de l'apprentissage"

Béatrice Négrier est formatrice auprès des publics les plus précaires dans plusieurs organismes de formation. Lors du précédent mandat, elle était questeur et elle s'occupait des Écoles de la deuxième chance.

Par - Le 15 mai 2010.

Quelles sont les actions réalisées lors du précédent mandat que vous estimez les plus importantes ?

La réalisation du PRDF, qui a permis la mise à plat de toutes les formations existantes. Le but était de mettre ces formations en adéquation avec les besoins des filières et des territoires. La Région a également mis en place l'indemnisation des stagiaires de la formation professionnelle. La création de la Charte qualité, signée avec les partenaires sociaux, qui permet aux organismes d'être accompagnés financièrement dans un objectif de qualité maximale, a également été une grande avancée.

Vos actions vont-elles s'inscrire dans la continuité du précédent mandat ?

Oui, mais il reste encore beaucoup à faire. L'idée générale de mon mandat est de créer un maximum d'actions dans l'idée de la “deuxième chance", que ce soit pour les jeunes, les étudiants décrocheurs, les demandeurs d'emploi, etc. Il faut qu'ils aient une réelle possibilité de rebondir. Nous allons également tenter de combler des niches d'emplois non pourvus, dans la culture, l'industrie, l'agriculture et le tourisme. Il faut rencontrer les responsables des filières et écouter ce qu'il se passe sur le terrain. Si nous sommes informés de la mise en place d'un projet dans l'agriculture, il faut que les demandeurs d'emploi qui le souhaitent puissent se former dans la Région, sans aller à l'autre bout de la France. Nous avons d'ores et déjà incité les organismes de formation à innover et à faire des propositions au Conseil régional. Je souhaite, d'ailleurs, augmenter l'enveloppe dédiée à l'ingénierie de projets, car il est indispensable d'ouvrir des portes à une nouvelle génération de formateurs, et développer les nouvelles technologies de la formation.

La Région Languedoc-Roussillon n'a pas de service public régional de la formation. Comptez-vous en mettre un en place ?

Oui, c'est l'une de mes grandes priorités. Nous allons travailler sur le SPRF, afin qu'il puisse être voté à la fin de l'année, pour le budget 2011. Je tiens à ce qu'il soit porté par tous les acteurs de la formation. Son objectif premier sera de mieux servir les territoires les plus en difficulté et les demandeurs d'emploi, avec des formations plus adéquates.

Quels sont vos objectifs concernant l'apprentissage ?

Il faudrait augmenter le nombre d'apprentis de 16 000 à 19 000 d'ici la fin du mandat. La Région a déjà mis en place de nombreux dispositifs pour inciter les jeunes à se tourner vers l'apprentissage. Il faut maintenant travailler sur l'information et l'orientation des jeunes, et soutenir les CFA. Nous allons créer des nouveaux CFA pour des métiers qui n'en avaient pas, tels que ceux liés à la collectivité publique et territoriale.

Plus globalement, des actions en direction des jeunes sont-elles prévues ?

Les jeunes étaient la priorité du précédent mandat. Nous avons d'ailleurs 9 Écoles de la deuxième chance sur le territoire. Mais nous allons poursuivre nos efforts. Nous allons lancer une expérimentation avec la création d'“Écoles de l'apprentissage", pour asseoir les savoirs de base, préparer la signature du contrat, etc. Les jeunes seront accueillis pour deux sessions de trois mois. Mais les étudiants ont eux aussi besoin d'une “deuxième chance", il faudra trouver des moyens pour rattraper les “décrocheurs" universitaires et leur proposer des solutions en alternance.

On parle beaucoup de l'importance de l'orientation, que comptez-vous faire à ce sujet ?

Nous avons beaucoup de leviers pour travailler sur cette question, notamment les Carif, les Missions locales. Je souhaite mettre en place un service d'orientation et d'information plus efficace avec, notamment, un panel des métiers le plus large possible, car il y a une réelle méconnaissance des métiers.

La Région va devoir réorienter son PRDF, qui sera désormais cosigné par le préfet. Quelles en seront les orientations ?

Les principales orientations seront définies avec les partenaires sociaux dans le souci de réaliser une analyse concrète du devenir des territoires. Nous proposerons donc un PRDF en accord avec le “pacte régional" défini par l'assemblée du Conseil régional, dont les objectifs sont, notamment, le développement des secteurs du tourisme, du bâtiment, des chantiers de l'eau et de l'“économie de l'intelligence".