E-learning et formations mixtes : la France en retard par rapport à l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni

Par - Le 01 juillet 2010.

Comment les salariés allemands, français, espagnols et britanniques se forment-ils ? Quel est le rôle de l'entreprise ? Les salariés sont-ils satisfaits des formations suivies ? La Cegos a interrogé 2 200 salariés issus de ces quatre pays, en mars dernier.

Premier constat : les salariés français sont moins “acteurs de leur formation" que leurs voisins. Si la formation suivie est issue d'une initiative personnelle pour 61 % des salariés des quatre pays, les Allemands (68 %) et les Espagnols (67 %) s'impliquent davantage que les Français (50 %). Au Royaume-Uni, les managers s'investissent davantage dans la formation de leurs équipes, car dans 40 % des cas, la formation est une initiative conjointe du salarié et de son manager.

“Nous pouvons être assez déçus du fait que, malgré un arsenal législatif pro-formation parmi les plus conséquents d'Europe, la France est en retrait sur bien des points, souligne Mathilde Bourdat, responsable de l'offre “Management de la formation" à la Cegos. Ainsi, malgré le Cif et le Dif, les Français sont ceux qui prennent le moins en main leur propre formation. Près du quart des Français non formés (22 %) considèrent qu'ils ne font tout simplement pas partie du plan de formation, alors que seuls 6 % des Allemands invoquent cette raison."

Les salariés français sont également moins prêts à financer leur formation que leurs voisins, malgré la reconnaissance de son bien-fondé. 94 % de l'ensemble des salariés interrogés sont satisfaits de leur formation, 94 % la jugent utile pour acquérir de nouvelles compétences professionnelles et 80 % pensent qu'elle va leur permettre d'évoluer professionnellement. Les salariés sont d'ailleurs très motivés, puisque 76 % sont prêts à se former pendant leur temps libre et 53 % accepteraient de financer leur formation eux-mêmes. Les Français sont plus réservés, puisque 64 % approuvent la formation pendant le temps libre, mais seuls 34 % approuveraient l'idée de la financer par leurs propres moyens.

“Le décalage français vaut aussi en matière de modalités de formation. Alors que les Espagnols et les Anglais pratiquent tout autant que nous la formation en salle, ils n'oublient pas de varier les modalités en y agrégeant des modules e-learning, des classes virtuelles ou des serious games. En France, aujourd'hui encore, peu de salariés ont la possibilité d'utiliser l'ensemble du panel pourtant existant", affirme Laurent Reich, manager en ingénierie pédagogique à la Cegos. En effet, les Espagnols (54 %) sont trois fois plus nombreux que les Français (19 %) à avoir expérimenté cette modalité de formation. Les Anglais sont également en pointe, avec 42 % de personnes formées de la sorte. En outre, 57 % des salariés espagnols qui se sont formés en e-learning ont pratiqué la “visioformation". Si les Allemands sont en retard sur le e-learning, ils sont en tête sur des pratiques telles que les serious games, avec 21 % des salariés formés ainsi, et le mobile learning (15 %) - c'est-à-dire la formation via son téléphone portable.

Interrogés sur leurs attentes pour les trois ans à venir, les Européens plébiscitent les formations sur le terrain (89 %) et le présentiel (87 %), mais aussi une variété de modes d'apprentissage : formations mixtes (86 % des répondants sont pour leur développement), e-learning (86 %), outils de formation collaboratifs (67 %).