FOAD : pas d'innovation durable sans pédagogie du changement

Par - Le 16 mai 2010.

À quoi reconnaît-on un chargé d'innovation ? “C'est celui qui a un couteau dans le dos", nous avait un jour répondu la consultante Schéhérazade Enriotti [ 1 ]Voir l'Inffo n° 754 (16 au 31 octobre 2009), p. 28. Moins dramatique, l'interpellation de Jacques Naymark aux Assises nationales de l'éducation et de la formation numériques ne diminue cependant en rien l'idée d'un sacerdoce : “Faut-il vraiment que tout change pour que rien ne change ?"

À ceux qui suggèrent de laisser du temps au temps, le directeur de TFS [ 2 ]TéléFormation et Savoirs chargé du dossier technologies numériques à la direction de l'innovation de l'Afpa, qui intervenait comme vice-président du Fffod [ 3 ]Forum français pour la formation ouverte et à distance, oppose son expérience : “En vingt-cinq ans, au mot près, rien de nouveau" n'apparaît sur la manière de penser la question de l'innovation en formation. Les TIC, qu'il s'amusait déjà voici dix ans de voir qualifier de “nouvelles", ont pourtant bien eu un double impact.

D'abord, un “phénomène de banalisation progressive de l'utilisation des technologies en formation, endogène aux dispositifs de formation professionnelle : de l'enseignement assisté par ordinateur au e-learning et à la FOAD, nous arrivons à une offre de formation multimodale, qui combine en les contextualisant les facteurs d'unité de temps, de lieu et d'action". Où en sommes-nous ? Les technologies permettant la “désynchronisation totale ou partielle" de ces trois composantes, la complexité réside dans leur “scénarisation".

Empruntant à Chomsky sa définition du langage, Jacques Naymark le souligne : “Nous avons là un ensemble limité de règles qui génère un ensemble illimité d'énoncés."

Deuxième phénomène après la banalisation, la “porosité de plus en plus importante des frontières de la formation", thème des rencontres du Fffod de janvier 2010 qui interrogeaient les couples “se former-s'informer, jouer-apprendre, réel-virtuel" [ 4 ]Voir l'Inffo n° 759 (1er au 15 janvier 2010), p. 24. De fait, “la notion de formation à l'heure des technologies numériques est beaucoup moins claire à lire", souligne-t-il.

[(Pourquoi la FOAD ? “Réduire les coûts"

S'exprimant aux Assises nationales de l'éducation et de la formation numériques, le 15 avril dernier, Yves Dambach, directeur de KTM Advance, qui propose des solutions de formations multimédia interactives, a traduit ainsi la demande à laquelle il doit faire face quotidiennement : “On veut former mieux, plus vite, un peu partout et avec moins d'argent !"

Cette contrainte financière, “malgré les 6,4 milliards dont la formation professionnelle dispose, amène ainsi les concepteurs et les bénéficiaires de formation à se tourner vers les technologies numériques, même si, en Europe, seules 5 % des formations sont réalisées via le e-learning, contre 55 % aux États-Unis", a-t-il souligné. Et si les technologies proposées sont plus puissantes, Yves Dambach estime que leur mise en œuvre implique de repenser intégralement les méthodes et les modes de fonctionnement.

Agathe Descamps
)]

Notes   [ + ]

1. Voir l'Inffo n° 754 (16 au 31 octobre 2009), p. 28
2. TéléFormation et Savoirs
3. Forum français pour la formation ouverte et à distance
4. Voir l'Inffo n° 759 (1er au 15 janvier 2010), p. 24