La “FGP" du bâtiment : une réponse cognitive

Le BTP est un secteur professionnel dans lesquels la lutte contre l'illettrisme a été entamée relativement tôt, en 1982, soit un an avant la remise du rapport “De l'illettrisme en France" à Pierre Mauroy. Mais après de nombreuses initiatives de formations jugées chronophages et ne correspondant ni aux attentes des entreprises ni à celles des stagiaires, c'est en 1984 qu'une ingénierie globale a vu le jour : la “formation générale professionnelle" (FGP).
Née d'une synthèse des dispositifs précédents menée par le GFC-BTP ^{[ 1 ]}Groupement professionnel paritaire pour la formation continue dans les industries du BTP., la FGP s'est focalisée sur les solutions pédagogiques les plus concrètes (prenant, notamment, en compte la nécessité de la présence des apprenants sur les chantiers). Ayant pour but d'individualiser au maximum
la formation aux fondamentaux (lecture, écriture, calcul, mais aussi capacité à prendre la parole et à établir des projections mentales complexes), le dispositif commence par définir pour chaque personne concernée le référentiel nécessaire et la stratégie la mieux adaptée. La graduation des objectifs à atteindre (nommer, classer, analyser, se situer dans le temps et dans l'espace, utiliser les symboles, établir des liens de cause à effet, généraliser ou particulariser) se veut progressive et complète.
La particularité de la FGP est de se positionner dans l'environnement de travail direct de l'apprenant, de constituer les groupes les plus hétérogènes possibles et de profiter de la progression du chantier pour évaluer celle de la formation dispensée. Il s'agit de rassurer les stagiaires en les laissant évoluer dans un contexte connu et de leur permettre de retrouver certains acquis perdus à partir de situations quotidiennes. Un apprentissage qui représente annuellement 200 000 heures de stage.

[(L'un des éléments de désocialisation les plus constatés dans le secteur du BTP est l'absence d'une vision globale du chantier par les stagiaires. Ceux-ci, généralement, perçoivent l'ouvrage comme une succession de tâches et de périodes de travail, sans parvenir à se projeter dans l'“architecture" globale de l'ensemble du chantier. Pour y arriver, il est nécessaire de faire resurgir des savoirs oubliés et, surtout, de donner l'occasion aux stagiaires de maîtriser à nouveau les fondamentaux de la verbalisation des idées, afin de pouvoir appréhender les concepts abstraits. La FGP se déploie par journées au début desquelles le formateur use le plus possible de concepts et de synonymes. L'après-midi est consacré à différents exercices consistant à permettre aux apprenants de maîtriser au mieux les différents matériaux, outils, modes de calcul, mesures, utilisés quotidiennement par l'entreprise.
Une synthèse verbale personnalisée des progrès de chacun des membres du groupe clôt la journée.)]