Questions à Jean Bertsch, directeur de l'Agence 2E2F

“La mention d'une mobilité sur le CV est une valeur ajoutée"
L'Agence Europe éducation-formation France, relais de l'Union européenne pour la mobilité des français, organise les 28 et 29 juin un congrès intitulé “Mobilité internationale : la lettre et l'esprit".

Par - Le 15 juin 2010.

“Mobilité internationale, la lettre et l'esprit", que signifie ce titre ?

La lettre, pour parler des voies de facilité qui existent, des différents programmes… Et l'esprit, c'est l'esprit de la mobilité. Nous allons creuser l'esprit de la mobilité, aller au-delà d'Erasmus.

Quels seront les angles abordés lors du congrès ?

Nous développerons quatre axes. Nous avons tenu à relier la mobilité avec l'insertion professionnelle. La mobilité n'est plus envisagée comme un séjour exotique, un affranchissement familial, mais c'est une étape dans un parcours de formation académique et, souvent, le premier levier de l'insertion des jeunes. Nous sommes désormais dans l'idée d'un parcours de formation “tout au long de la vie". Selon une étude du Cedefop, nous devrons changer de lieu de travail une quinzaine de fois dans une vie, et nous aurons environ cinq métiers au cours de notre carrière.

Le deuxième axe d'approche du congrès est la reconnaissance du parcours réalisé dans le cadre d'une mobilité, ce qui pose la question de la certification et de la mise en valeur. La mobilité est désormais un outil de transition professionnelle en étant présente dans les périodes de recherche d'emploi, qui étaient auparavant des périodes de creux.
Justement, les compétences acquises lors de la mobilité représentent notre troisième axe. Les compétences linguistiques ne sont plus les seules raisons du départ en mobilité. Apparaissent les compétences que j'appelle “attitudinales", telles l'ouverture d'esprit, l'estime de soi, l'acceptation de l'échange : des études montrent que les jeunes partis en mobilité sont plus enclins à prendre des décisions, à prendre la parole en public. Ainsi, la mobilité contribue au développement d'un panel de compétences.
Notre dernier axe concerne le développement personnel de la personne, avec notamment la notion de “capital humain". Cette notion est moins mesurable. Si beaucoup en parlent, il n'existe que peu de travaux sur le sujet.

Des compétences sont-elles nécessaires pour réussir une mobilité ?

Si on parle souvent des compétences acquises lors de la mobilité, il est vrai que cet angle de réflexion émerge de plus en plus. Effectivement, la mobilité s'appuie sur des compétences de la personne, telles la motivation, l'attitude, l'ouverture d'esprit. D'ailleurs, certaines mobilités échouent en raison d'échanges linguistiques trop faibles, ou parce que le jeune va s'inscrire dans une communauté (comme les “communautés Erasmus" qui se sont développées à un moment) qui empêche de vivre réellement dans le pays.

La mobilité est-elle une réalité pour d'autres personnes que les étudiants ?

Il faut reconnaître que ce sont essentiellement des jeunes qui partent. Mais il existe un vaste mouvement qui utilise la mobilité comme un outil et nous voyons fleurir des “Erasmus" pour les chefs d'établissement, pour les auto-entrepreneurs, pour les élus, etc.

Les mentalités auraient-elles évolué ?

Oui, les mentalités évoluent, et de fait, les modalités de mobilités vont évoluer. La Commission européenne va porter l'effort en ce sens. Du reste, l'allongement prévisible de la durée de carrière rendra nécessaires de nombreuses reconversions.

Comment les entreprises perçoivent-elles la mobilité ?

De mieux en mieux. La mention d'une mobilité sur le CV est une valeur ajoutée. Les recruteurs pensent qu'elle génère des comportements recherchés, en termes de prise de décision, notamment. Ceci dit, une très grande mobilité peut aussi être le signe d'une certaine instabilité, de difficultés à s'intégrer, etc.

Au niveau européen, la France est-elle une bonne élève en ce qui concerne la mobilité ?

Nous sommes souvent sur les trois premières marches du podium avec l'Allemagne et l'Espagne. En 2008-2009, la France était première concernant le programme Erasmus, avec 28 400 étudiants partis en mobilité, dont 22 553 mobilités d'études et 3 389 mobilités de stage. Concernant la formation professionnelle, nous sommes deuxièmes ou troisièmes.
Grâce au programme Leonardo, ce sont 2 473 apprentis français qui sont partis suivre un stage dans un autre pays de l'Union européenne en 2009, pour 6 000 dossiers déposés. D'ailleurs, Laurent Wauquiez, le secrétaire d'État chargé de l'Emploi, a lancé une grande action pour la mobilité des apprentis.

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