Réseaux sociaux et formation au Cned
Par Nicolas Deguerry - Le 01 janvier 2011.
Si l'on considère qu'il vaut mieux savoir de quoi on parle, expérimenter la distance pour la formation des professeurs du Cned tombe sous le sens. Le faire via un réseau social ne s'imposait pas, mais c'est pourtant ce qu'a décidé le leader de l'enseignement à distance.
C'est à l'issue d'une formation en présentiel, complétée d'un forum en ligne, que Peter Mortimer, chargé de mission “L'apprenant en réseau" à la Direction de l'innovation, s'est rendu compte que le dispositif ne donnait pas satisfaction : “La motivation s'étiolait quand ils retournaient chez eux", commente-t-il. Certes, mais pourquoi un réseau social plutôt qu'une plate-forme e-learning classique ? “Tout est dans le classique, répond Peter Mortimer, l'interface d'un réseau social offre beaucoup plus de perméabilité des échanges que bien des plateformes, cela entraîne une tout autre démarche, avec des relations beaucoup plus personnelles. Il y a une sorte de « netiquette » intégrée qui va faire, par exemple, que chaque nouvel arrivant est salué d'un mot d'accueil".
Le bénéfice pédagogique de la politesse ? “Cette phase de socialisation permet de donner de la cohésion au groupe, le fait que les gens s'identifient avant de recevoir du contenu est un premier pas vers la mutualisation des connaissances : on part des connaissances des uns et des autres comme d'un tremplin pour venir greffer les briques de formation. Si l'on sait générer l'envie, les gens prennent très vite possession des blogs et des forums, la fonction de chat, beaucoup plus intégrée qu'au sein d'une plate-forme classique, est également très utile". À noter, cependant, que les plateformes de e-learning conservent leur raison d'être “pour des choses plus statiques", concède Peter Mortimer : “Un réseau social est davantage tourné vers les échanges que vers la constitution d'une bibliothèque virtuelle, cela oblige à plus de travail pour agencer les contenus."
Le bilan ? “Très positif, assure Peter Mortimer, 80 à 90 % de satisfaits par rapport à la formation et aux moyens utilisés." Et d'ajouter, “j'ai vraiment été sidéré de l'apprentissage entre pairs". Quant au rôle du formateur dans ce contexte, il évolue vers une mission de “manager de communauté", chargé d'entretenir et d'accompagner une dynamique favorable aux apprentissages informels.
Et quand on fait remarquer à Peter Mortimer qu'au-delà de la cible potentielle des 1 400 professeurs qui travaillent chez eux, l'intitulé de son poste - chargé de mission “L'apprenant en réseau" - dessine un autre avenir à l'apprentissage social au sein du Cned, celui avoue volontiers réfléchir à “comment transférer l'essai". Parmi les objectifs, celui de “décloisonner l'apprenant de sa seule formation" semble particulièrement motiver Peter Mortimer : “Pourquoi quelqu'un qui suit un enseignement en mathématiques ne tirerait pas profit de quelqu'un qui suit un BTS en mécanique", sourit-il.
Dispositif de formation assistée par réseau social
Expérimenté d'avril à juin 2010 auprès d'une centaine de professeurs, le dispositif de formation assistée par réseau social du Cned repose sur Ning, un outil privé et payant préféré aux réseaux publics de type Facebook. “J'avais découvert Ning dans le cadre d'un projet européen et apprécié sa convivialité et les possibilités de personnalisation", explique Peter Mortimer, le responsable du projet. “De toute façon, les problèmes de réputation liés à Facebook auraient empêché l'adhésion des professeurs. Même le fait de devoir payer pour Ning s'est finalement révélé positif, assure-t-il, car cela nous a obligé à obtenir une validation interne du projet d'expérimentation, ce qui était préférable pour obtenir l'adhésion de tous"