Réseaux sociaux et “apprentissages informels" en entreprise : questions à Olivier Carbone, responsable qualité et responsable formation chez Talend

Par - Le 01 janvier 2011.

Auteur d'un blog s'intéressant à la formation et aux pratiques web 2.0, Olivier Carbone est aussi ingénieur R&D. Son entreprise, Talend, éditeur de logiciels open source, utilise un réseau social pour favoriser les échanges entre plus d'une centaine de consultants répartis sur trois continents.

Vous défendez l'usage des réseaux sociaux pour “favoriser la formation informelle en entreprise". Pourquoi ?

La dimension informelle de la formation a toujours été très importante parce qu'il est très difficile d'arriver à formaliser tous les savoirs de son métier. Or, de plus en plus de salariés étant absents du siège de leur entreprise, il est important de favoriser le fait qu'ils aient toujours l'occasion d'échanger sur leurs savoirs informels, ce que permettent les réseaux sociaux.

Qu'apporte la notion de réseau social aux apprentissages informels ?

L'apprentissage informel n'a lieu que quand les personnes sont en contact, pas en lisant un livre ou en regardant une vidéo. Avant le développement de l'outil informatique, beaucoup d'entreprises organisaient des 5 à 7 professionnels ou des mini séminaires, les réseaux sociaux ont aujourd'hui un peu tendance à remplacer la “machine à café" pour les gens dispersés géographiquement. De plus, au-delà des échanges, les fonctions d'archivage de l'outil permettent de se constituer une base des connaissances.

Quelle place pour les formateurs, dans un tel dispositif ?

Il n'y a, par définition, pas besoin de formateur pour l'apprentissage informel. Cela fonctionne sans accompagnement, parce que les salariés échangent sur les sujets qui les intéressent. Mais disposer d'un encadrement permet de dynamiser le process et de rebondir sur les objectifs de l'entreprise. Davantage qu'un formateur, avoir un “manager de communauté" qui jouera le rôle de catalyseur peut être intéressant si l'entreprise veut communiquer, mais il ne faut pas qu'elle soit structurée en départements étanches : les réseaux sociaux changent les organisations, les collaborateurs deviennent force de proposition.

Pourquoi insistez-vous sur la nécessité de ne pas recourir à un réseau social public ?

Pour une entreprise, l'information qui circule est sensible. Elle a besoin d'avoir la main sur ses données, de savoir où elles sont et de les maîtriser, ce qu'elle ne peut pas faire sur Facebook. Elle peut donc, soit acheter des services paramétrables, soit utiliser des outils open source qu'elle installera directement sur ses propres serveurs. Beaucoup de solutions existent, à l'instar de BuddyPress, un plug-in qui apporte des fonctionnalités de type réseau social à WordPress[ 1 ]Solution libre et gratuite de création de blogs. .

Quid de l'évaluation des acquis informels via les réseaux sociaux ?

La question est importante mais, s'agissant de la formation informelle, il est très difficile de relier un résultat à une participation à un réseau social. Je dirais qu'aujourd'hui, c'est aux salariés de mettre en avant ce que ça leur apporte.

http://ocarbone.free.fr

Les réseaux sociaux comme source de compétence

Recensant sur son blog Formation-professionnelle.fr “30 usages des médias sociaux en formation", Laurent Reich, responsable du pôle management de la formation à la Cegos, revient aux fondamentaux du réseau social : pas de dispositif de formation à l'horizon, mais une utilisation opportune de l'extension de son périmètre social, pour “rechercher des compétences et des conseils ; se rapprocher d'experts et de ses pairs ; appartenir à des communautés pour partager des pratiques".

Notes   [ + ]

1. Solution libre et gratuite de création de blogs.