Le risque psychosocial face à l'organisation du travail

Par - Le 01 janvier 2011.

Quel est le rôle de la formation dans une démarche réussie de prévention des risques psychosociaux ? Retour sur le colloque “La formation, un outil stratégique au service de la prévention" qui s'est tenu le 19 novembre, à Paris, organisé par le Garf et l'Anact.

“Le bilan de la formation aux risques psychosociaux est mitigé et pas uniquement positif" : a déploré Guy Jobert, professeur au Cnam (chaire de formation des adultes), en s'adressant à une assistance composée de nombreux formateurs et spécialistes de la formation. “Nous subissons l'épreuve des limites de notre action en matière de prévention… et il n'existe que peu de rapports entre la formation et le risque psychosocial en entreprise !" Et d'expliciter : “Ce n'est pas parce qu'un responsable ou un manager est formé à la prévention qu'il adoptera pour autant les comportements que ses subordonnés sont censés attendre de lui. La prévention dépend avant tout d'un contexte, d'un lieu et de comportements de travail."

Pour prendre l'exemple des risques d'accidents du travail, il existe dans certaines entreprises des obligations de prévention, comme le port du casque, de chaussures de sécurité ou de gants… ces règlements ont pour but de protéger les salariés, mais aussi de couvrir l'entreprise en cas d'accident. “Or, poursuit Guy Jobert, des salariés parfois négligent ces obligations, et des responsables, pour diverses raisons, encouragent ce comportement. Aucune formation ne peut alors le faire évoluer. En psychologie, il est appelé "pathologie de l'investissement subjectif". Pour les risques psychosociaux, ce paradigme existe également."

Selon Guy Jobert, le travail, loin de n'être qu'une activité rémunératrice, a des implications plus vastes : “Pourquoi s'implique-t-on au travail ?, interroge-t-il. À cause de cette pathologie, précisément. Le travail est central et la performance y est souvent considérée comme vitale par les employés eux-mêmes. Il est devenu constitutif de notre identité et même de notre santé mentale, comme l'ont théorisé de nombreux psychologues du travail." Il ajoute encore : “Le travail permet d'alimenter la dynamique et la reconnaissance. Et la reconnaissance précède la compétence."

Ainsi, lorsque le processus de reconnaissance fonctionne, il devient évolutif. En revanche, lorsque son fonctionnement est altéré, il devient destructeur et peut être source de troubles psychosociaux. “Les suicides dans plusieurs entreprises, sur le lieu de travail, justement, en attestent." À son sens, “ce qu'il faut soigner, ce n'est pas tant le risque psychosocial que l'organisation du travail. S'il existe un besoin de prévention, c'est aussi parce que les collaborateurs des entreprises communiquent peu."

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