L'Opca 3+ opte pour la délégation de gestion

Par - Le 01 février 2011.

C'est l'histoire d'un ménage à trois. Le 29 juin 2010, les organisations syndicales et patronales de l'inter-secteurs des papiers-cartons, ceux des matériaux pour la construction et l'industrie, et ceux des industries de l'ameublement et du bois signaient l'accord portant création de l'Opca 3+. Lequel fusionne Formapap, Forcemat et Opciba, dont les collectes annuelles s'élèvent respectivement à environ 37 millions, 33 millions et 32 millions d'euros.

“La négociation a duré une année. L'idée a germé du côté des fédérations patronales des papiers-cartons, ce sont elles qui ont engagé le processus dès 2009", explique Albérique Deplanque, administrateur de Formapap pour Force ouvrière. Si les négociations n'ont pas été de tout repos, du fait du nombre et de la variété des interlocuteurs autour de la table, “le résultat est séduisant et ne répond pas seulement à des critères financiers. Il fallait créer les conditions de mise en œuvre de politiques contractuelles en matière de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) et de formation professionnelle, en gardant à l'esprit l'exigence de proximité avec les adhérents, qui est l'un des axes forts de la réforme", souligne Albérique Deplanque.

Forcemat et Formapap disposaient déjà de ces fameux services de proximité. Ainsi, l'Opca des industries papetières était déjà au plus près du terrain par l'intermédiaire de ses délégués régionaux. Idem pour Forcemat. “L'Opca 3+ va aller encore plus loin dans la proximité avec les entreprises. Le nouvel organisme s'appuiera sur des équipes plus petites et plus réactives", précise le secrétaire fédéral de la Fédération générale Force ouvrière du bâtiment, des travaux publics, du bois, du papier, du carton et de la céramique.

Seule ombre au tableau, aux yeux du syndicaliste : l'abandon de la délégation paritaire en vigueur à Formapap, au bénéfice d'une délégation de gestion, plus conforme au vœu des fédérations patronales. “Il y aura une délégation patronale pour la gestion des fonds. Ce n'était pas le souhait des organisations syndicales, mais nous avons obtenu des contreparties en termes de dialogue social. La politique du conseil d'administration de C3+ sera paritaire, et trois sections paritaires professionnelles (SPP) -- elles-mêmes chapeautées par le conseil d'administration --, correspondant au périmètre des trois Opca, préserveront l'autonomie des différents secteurs", assure Albérique Deplanque.

Ce dernier affirme avec force que les organisations syndicales ne perdent rien au change. “Nous avons obtenu les garanties d'une transparence totale comme chez Formapap, nous avons confiance, mais nous serons très vigilants. Les discussions vont se mener dans les sections paritaires professionnelles, et le conseil d'administration de l'Opca 3+ ne fera que valider les décisions", affirme l'administrateur de Formapap.

Les organisations patronales et syndicales sont représentées au conseil d'administration par trois administrateurs chacune, plus un suppléant. Auxquels s'ajoutent deux titulaires et un suppléant par organisation dans chacune des trois sections paritaires. “Nous sommes finalement plus nombreux qu'avant la réforme, mais attention à ne pas aller à l'encontre de l'objectif affiché, prévient le dirigeant de FO. Si nous devenons trop généralistes, nous ne serons plus proches du terrain, ce qui contredirait la lettre et l'esprit de la loi."

Enthousiaste malgré tout, Albérique Deplanque note : “Nous préparons déjà, actuellement, des outils communs, en particulier au sujet du tutorat. Opca 3+ rassemble le meilleur de chacun des trois partenaires au service d'un outil plus réactif, qui répond aux obligations légales." Sachant qu'il ne s'agit selon lui que d'une “première étape : Opca 3+ ayant vocation à accueillir d'autres branches. Dans quelques années, émergera un Opca de l'industrie".

Moteurs de ces rapprochements, les chambres patronales des secteurs qui composent Opca 3+ ont ainsi déjà noué des contacts bilatéraux avec CGM, l'Opca de l'imprimerie, notamment. Pas question, en revanche, de rejoindre un organisme interprofessionnel, que ce soit Agefos-PME ou Opcalia.