Entretien avec Thierry Adamczyk, développeur de l'apprentissage au CFA-BTP de Marly-les-Valenciennes
“Des rendez-vous de qualité"
Par Patricia Gautier-Moulin - Le 01 septembre 2011.
Comment êtes-vous devenu développeur de l'apprentissage, et quelles sont vos missions ?
Avant d'être développeur d'apprentissage, je travaillais comme chargé des relations avec les entreprises pour un groupe d'agences d'intérim. C'était un peu le même type de mission, avec beaucoup de relationnel, mais qui concernait tous les secteurs d'activité. Ce qui m'a attiré au CFA de Marly, c'est qu'il a une excellente réputation. Je n'ai jamais été apprenti, mais, par contre, j'ai suivi de nombreux stages en formation continue. Ma mission consiste à visiter les entreprises du BTP qui n'ont jamais eu d'apprentis, ou aucun depuis deux ans. Je vais surtout voir les très petites entreprises qui emploient moins de 10 salariés, là où le patron fait tout lui-même : la gestion du personnel, l'administratif, etc.
Je n'ai pas suivi de stage de formation particulier au départ, mais j'ai pu utiliser des documents comme le “kit" et les fiches pour les développeurs d'apprentissage réalisés par le CCCA-BTP. Je souhaiterais surtout une formation sur le BTP et ses évolutions.
Comment contactez-vous les entreprises ?
Dans le bâtiment, le plus difficile est d'obtenir des rendez-vous. Jusqu'ici, je téléphonais aux entreprises à partir de listings disponibles au CFA, alimentés par un logiciel spécifique. Je travaille en étroite collaboration avec la conseillère jeunes et entreprises (CJE) du CFA, qui assure la médiation entre les jeunes et l'entreprise pour améliorer en permanence les listings. Nous avons pu établir des fichiers de prospects par métiers correspondant aux formations dispensées dans le CFA : TP, couverture, carrelage, maçonnerie, et quelques sections comme génie climatique, menuiserie, etc. Par ailleurs, nous fonctionnons en partenariat avec deux autres CFA (Roubaix et Hesdigneul-lès-Boulogne).
C'est un métier où il faut beaucoup de patience. Lorsque j'ai commencé, je passais beaucoup de temps au téléphone pour essayer de décrocher un rendez-vous. Je partais d'un listing et j'appelais autant de fois que nécessaire pour obtenir un entretien. Ce qui était souvent long, parce que, encore une fois, dans les TPE, les chefs d'entreprise sont pris par de multiples sollicitations quotidiennes et n'arrivent pas à dégager du temps. Et des entreprises ont fermé ou ont changé d'adresse. Aujourd'hui, j'essaie surtout d'obtenir des rendez-vous de qualité, c'est-à-dire avec du temps pour expliquer pourquoi j'ai souhaité rencontrer le chef d'entreprise. Je pratique également la “prospection spontanée" sur un secteur : je vais directement dans une zone géographique et j'essaie d'obtenir des rendez-vous en face à face. Mon objectif est d'obtenir deux rendez-vous par jour.
Quelles sont les réactions des entreprises ?
Lors des entretiens, les responsables d'entreprise me parlent beaucoup de leurs difficultés. Le plus souvent, ils évoquent la complexité des procédures administratives : ils ne se repèrent pas dans les aides proposées. Certains ont eu une expérience de l'apprentissage qui s'est soldée par un échec et ne souhaitent pas la renouveler. D'autres estiment que les jeunes sont de plus en plus difficiles à gérer, qu'ils sont moins réceptifs aux conditions de l'apprentissage (horaires, discipline, etc.). Certains ont même eu des litiges pour un dépassement d'horaire, alors même qu'il était, selon eux, minime. Les plus âgés considèrent qu'autrefois, les parents étaient de vrais partenaires, mais que ce n'est plus le cas, et ils regrettent aujourd'hui de les rencontrer très rarement, voire pas du tout. Quand j'ai débuté, j'insistais sur les primes, mais maintenant, je souligne surtout l'intérêt pour l'employeur d'anticiper ses besoins en personnel formé.