Filière mer : une mobilité faible, des salariés âgés et un niveau de qualification plutôt bas

Par - Le 16 octobre 2011.

Mieux cerner les passerelles possibles entre les différents métiers de la filière mer, tel était l'objectif de la matinée organisée le 29 septembre dernier à Paris par Agefos-PME et la Région Bretagne.

Une étude emploi-formation a été réalisée spécialement par Agefos-PME, afin de dresser un portrait statistique de cette filière, “en centrant l'analyse sur la base de cinq secteurs d'activités prioritaires", a expliqué Laurent Barban, délégué grands comptes de l'Opca interprofessionnel, à partir d'un choix de code Naf : “La pêche et culture marines, les ports de commerce, les ports de plaisance, les industries nautiques et les transports maritimes", soit un périmètre qui concerne 100 000 emplois et 5 000 établissements.

Verdict : les emplois sont concentrés principalement en Bretagne (27 %), le taux de féminisation est faible (20 %, contre 47 % pour la moyenne nationale), les jeunes sont également sous-représentés (16 %), avec par surcroît un taux légèrement supérieur à la moyenne de salariés de 45 ans et plus (32 %, contre 30 % au niveau national).
Une des caractéristiques de la filière mer est d'ailleurs le niveau d'ancienneté : “Il y a peu de recrutements récents, a souligné Laurent Barban, et surtout la mobilité est faible." Près d'un salarié sur deux (47 %) a une ancienneté de plus de dix ans. Ces chiffres sont plus importants dans les métiers de la pêche et des cultures marines (57 %) et dans les ports de commerce (52 %).

S'agissant des données sur les niveaux de qualification, il apparaît que la part des salariés de formation niveau CAP et BEP (V) et infra (VI) atteint 54 % de la filière mer (65 % dans les ports de commerce et 63 % dans la pêche et les cultures marines), la moyenne nationale étant de 50 %. Pour Laurent Barban, “ces résultats sont à retenir pour construire une politique de formation adaptée". L'un des faiblesses de la filière est en effet la formation initiale. Les chiffres de la professionnalisation sont également assez faibles : “Nous ne pouvons que regretter le faible taux de recours aux contrats de professionnalisation", qui sont majoritairement orientés “cœur de métier", “avec un développement progressif du Dif", a-t-il observé. Un cœur de métier qui est aussi le thème privilégié des formations continues, dont le recours est compris entre 14 et 20 % sur le plan de formation et qui portent principalement sur les aspects réglementaires et de sécurité.

“Un certain nombre de pistes de réflexion peuvent être imaginées à partir de cette étude, a donc relevé Laurent Barban : identifier les mobilités professionnelles existantes et formaliser des parcours de formation favorisant le passage d'un secteur à l'autre, développer la VAE et anticiper l'impact des réglementations, promouvoir les compétences à travers l'adaptation et la création d'une offre de formation spécifique."

Lionel Honoré, professeur à Sciences Po Rennes et invité à cette matinée, a souligné, quant à lui, la nécessité de “penser la mobilité dans les carrières des marins au-delà de leur métier d'origine". Précisant : “Le souci essentiel n'est pas la qualification, et je ne suis pas sûr que le problème soit résolu grâce à la VAE : un officier de la marine marchande a déjà un niveau d'ingénieur et de cadre supérieur. Que lui apportera la VAE ? Sûrement pas de la technique managériale !" Et d'insister : “Le problème n'est donc pas la qualification, mais les compétences."

Mais pour Laurent Barban, “si l'on raisonne plus globalement et pour des niveaux plus bas de qualification, la VAE peut favoriser une certaine mobilité".