Quotas d'apprentis dans la métallurgie : oui, mais après ?

Par - Le 01 mars 2012.

Quelques semaines après l'annonce par le président de la République d'un relèvement à 5 % du quota des apprentis dans les entreprises de plus de 250 salariés, les industriels de l'UIMM ont présenté “un nouveau Pacte social pour une industrie compétitive", dans lequel ils proposent “le renforcement de l'attractivité de l'alternance". Si l'organisation patronale n'a pour l'heure pas réagi à cette annonce, cette mesure semble en adéquation avec la ligne des partenaires sociaux, qui veulent voir se développer le dispositif.

“L'État a raison de mettre la pression sur le sujet, estime Vincent Bottazzi, secrétaire national de la FGMM-CFDT, il faut être ambitieux par rapport à l'apprentissage. Mais faut-il le faire avec l'instauration de quotas ?" Selon lui, “il faut surtout se pencher sur les réalités dans les branches et les filières et, pourquoi pas, développer plutôt des systèmes favorisant l'accueil d'apprentis d'entreprises sous-traitantes chez leurs donneurs d'ordres, en fonction des carnets de commandes", par exemple dans l'aéronautique. “Une sorte d'apprentissage en commun", qui a d'ailleurs fait débat lors de la signature de l'accord de 2009 sur la gestion de la crise.

Les partenaires sociaux de la métallurgie doivent depuis le début de la crise gérer au mieux une situation économique plus que difficile. Environ 147 000 emplois ont été perdus en deux ans. Et cependant, l'alternance parvient à se développer : en quatre ans, les chiffres n'ont fait qu'augmenter. L'objectif de l'accord sur la formation professionnelle signé en juillet 2011 est d'arriver à 44 000 alternants en 2014. La branche devrait compter 40 000 contrats fin 2012. Fin 2011, l'apprentissage avait augmenté de 5 % (10 % pour le contrat de professionnalisation). La branche compte aujourd'hui 25 796 apprentis[ 1 ]Et 10 330 contrats de professionnalisation signés en 2011. dans ces CFAI, dont 37 % sont en contrat dans des entreprises de moins de 50 salariés, 22 % dans des entreprises de 50 à 250 salariés et 41 % dans celles comptant plus de 250 salariés.

Définir plus nettement les orientations

Pour les partenaires sociaux, l'apprentissage doit poursuivre son développement dans ce contexte de crise, mais de manière bien ciblée. En janvier dernier, la CPNE a rédigé une déclaration dans laquelle elle demande que 2012 “soit l'année où les orientations en matière d'apprentissage soient définies de manière plus nette", comme le précise Vincent Botazzi. Une étude est donc actuellement en cours sur l'avenir des métiers et des qualifications. À partir de ses résultats, “nous pourrons mettre en place une politique d'alternance qui aura davantage de sens et de véritables orientations. Nous pourrons dire sur quelles formations il faut mettre l'accent et pour quels métiers en croissance", précise Vincent Bottazzi.

Autre sujet d'importance pour les syndicats : le financement de l'apprentissage. Selon Vincent Bottazzi, “il faut équilibrer les financements dans la branche pour favoriser la pérennité des CFAI et des formations qui y sont délivrées". Ainsi, si l'augmentation des quotas d'apprentis doit permettre le développement de l'apprentissage dans les entreprises de plus de 250 salariés, il paraît nécessaire pour les pouvoirs publics de se pencher également sur son adaptation aux besoins des secteurs et sur son financement.

Notes   [ + ]

1. Et 10 330 contrats de professionnalisation signés en 2011.