Le FN veut une “reprise en main" de la politique de formation par l'État

Par - Le 01 avril 2012.

L'État stratège reprendra en main la politique de formation professionnelle et instaurera un véritable service public de la formation tout au long de l'existence (chèque formation)." C'est ce que promet le programme du Front national si Marine Le Pen est élue présidente de la République en mai prochain. Le parti ne donne cependant pas plus d'indication sur la forme et l'organisation du nouveau système.

Apprentissage

Par ailleurs, “parce qu'il est le meilleur outil de formation et un puissant vecteur d'insertion dans l'artisanat, l'apprentissage sera valorisé dans le cadre de la réforme de l'enseignement professionnel" que le FN engagera. L'objectif est de passer à la fin du quinquennat à environ 700 000 apprentis, contre 500 000 aujourd'hui. Le Front national prévoit à cet égard la suppression du collège unique et la valorisation des filières professionnelles : “L'orientation vers les filières professionnelles sera en effet accrue." Le parti indique notamment que l'État invitera les Régions à renforcer leurs efforts financiers en faveur de l'apprentissage. “L'abaissement à 14 ans de l'âge plancher pour pouvoir bénéficier d'un contrat d'apprentissage sera décidé", souligne également le programme.

Service public de l'emploi

Le fonctionnement de Pôle emploi sera revu et fera l'objet d'un audit en collaboration avec les représentants des demandeurs d'emploi", indique le FN. Ainsi, le parti prévoit notamment que le non-respect par un demandeur d'emploi des obligations imposées par Pôle emploi (obligation de recherche, d'acceptation d'un emploi dans les conditions qui seront définies) sera “plus sérieusement vérifié".

En outre, le Front national souhaite prioriser l'emploi, à compétences égales, des personnes ayant la nationalité française. “Afin d'inciter les entreprises à respecter cette pratique de priorité nationale, une loi contraindra Pôle emploi à proposer, toujours à compétences égales, les emplois disponibles aux demandeurs d'emploi français. Les administrations respecteront également ce principe, et la liste des emplois dits « de souveraineté » sera élargie, notamment dans les secteurs régaliens où les professions seront réservées aux personnes ayant la nationalité française."

Jeunes, seniors

L'emploi des jeunes et des seniors est considéré comme un chantier prioritaire par le FN et doit être “favorisé dans le cadre de la stratégie de réindustrialisation de la France". Ainsi, le parti souhaite que les entreprises participant à la reconstruction des filières industrielles soient incitées à utiliser les compétences des jeunes issus des filières professionnelles et des seniors “injustement exclus prématurément du marché du travail (ingénieurs, ouvriers qualifiés notamment)". Et, “afin de montrer l'exemple, l'État et les collectivités locales valoriseront l'expérience des seniors et s'engageront, dans la limite qu'impose la prise en compte du critère de la compétence, à réserver une embauche sur trois dans la fonction publique aux personnes de plus de 45 ans issues du secteur privé".

Enfin, le Front national précise qu'il ne souhaite pas “perturber à nouveau grandement le fonctionnement du marché du travail et des conditions d'emploi des salariés dans les entreprises françaises", et qu'il ne prévoit donc pas de revenir sur les lois sur le temps de travail hebdomadaire de 35 heures. “En revanche, la renégociation sera autorisée, à la condition qu'elle s'accompagne d'une augmentation proportionnelle du salaire."

Le “fiasco" de la politique de formation

Le projet visant à relancer la formation professionnelle est un leurre. En réalité, l'État s'apprête à démanteler l'Afpa et fait l'impasse sur la formation initiale. Quant aux projets existants comme le Dif, c'est un fiasco faute de moyens financiers." Dans un tract distribué au public, le Front national fustige en effet le “fiasco" de la politique de formation.

Le FN stigmatise notamment la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales, qui a achevé la décentralisation complète de la formation des demandeurs d'emploi, dont le financement n'est plus garanti par l'État. Une mission aujourd'hui soumise aux appels d'offres de formation lancés par les Régions.

Le parti juge que la formation professionnelle est toujours “inadaptée aux besoins des salariés", trop souvent utilisée comme un outil de traitement de problèmes sociaux et non comme un dispositif d'acquisition et de valorisation des compétences. “Elle débouche sur un faible accès des salariés aux formations." C'est pourquoi, en plus de la mise en place d'un service public de formation, il propose la création d'un chèque formation prenant en charge les dépenses de la formation professionnelle des stagiaires. Et d'insister : l'apprentissage est une filière “oubliée des pouvoir publics", il faut revaloriser le salaire des apprentis et un allégement des charges correspondantes des entreprises.