Le Front de gauche plaide pour un service public de l'emploi étendu afin de “sortir de la marchandisation des formations"

Par - Le 01 avril 2012.

Une transformation radicale du service public de l'emploi visant à élargir sa mission au-delà de sa fonction de placement, en y ajoutant la notion de sécurisation." Tel est l'engagement du Front de gauche en matière de formation professionnelle, expliqué par Caroline Bardot, élue PCF de Nanterre et conseillère régionale d'Île-de-France.

Notre proposition centrale, en matière d'emploi et de formation est l'affiliation de chacun à ce nouveau service public de l'emploi à partir de l'âge de la fin de l'obligation scolaire, sur le modèle de la Sécurité
sociale
", précise-t-elle. Pour la coalition conduite par Jean-Luc Mélenchon, la formation professionnelle serait actuellement “au service du capital et de l'essor de toutes les capacités humaines et de la maîtrise de la vie de chacun". Afin d'y remédier, le Front de gauche propose donc de “passer d'une logique d'indemnisation à une logique d'affiliation" visant à favoriser l'insertion par le biais d'un emploi choisi, correspondant aux qualifications susceptibles d'être développées par l'individu. “La formation ne peut se penser qu'insérée dans un dispositif d'ensemble, en lien avec un projet de développement d'emploi et d'activité qui réponde aux besoins du territoire, en mobilisant les fonds de la formation qui, aujourd'hui, ne répondent précisément pas aux besoins", argumente l'élue francilienne.

Une carte nationale des formations

Mais un tel service public demeure à construire. Pour ce faire, le Front de gauche propose d'élaborer une carte nationale des formations, sous le contrôle des élus locaux en lien avec des représentants de la population et des salariés, afin de permettre à chacun – et en particulier aux jeunes – d'accéder aux apprentissages souhaités sans “être victimes d'un tri social ou territorial", mais aussi de créer “un contrat de sécurisation incluant tous les domaines de la vie : allocation formation-autonomie, logement, pourcentage de jeunes obligatoire dans les entreprises, etc.". Des propositions qui impliquent la création d'un grand service public régional d'accueil, d'information et d'orientation tout au long de la vie, afin, donc, “de sortir de la marchandisation des formations".

“Un service public refondu"

Concernant l'aide au retour à l'emploi, Caroline Bardot préconise que les demandeurs d'emploi “bénéficient de formations qualifiantes, que leur proposerait Pôle emploi, en adéquation avec leur emploi ou leurs qualifications et, surtout, soient en mesure de refuser une offre qui ne leur conviendrait pas. Cela suppose également que Pôle emploi crée suffisamment de postes pour assurer cette mission et cesse de recourir au privé". Et, dans le but de mettre le pied à l'étrier à ce service public de l'emploi, l'élue du Front de gauche souligne l'importance d'une contractualisation autour de ces objectifs au niveau régional. “Une telle refonte passerait par le développement de partenariats avec les Conseils généraux sur les questions d'insertion, mais sans exonérer l'État de ses responsabilités. De même, la mise en place d'un comité régional de pilotage des Plie et des Missions locales permettrait de renforcer leur rôle. Enfin, une telle contractualisation pourrait aussi concerner la VAE, ce qui constituerait un moyen de démocratiser ce dispositif."

L'élue de Nanterre avertit néanmoins : “Il ne s'agit pas de suppléer ou remplacer le service public national, mais de préfigurer un service public refondu, étendu, à partir des services existants, en commençant par les réorienter. Ce n'est qu'ainsi que sera rendue effective la sécurisation pour chacune et chacun."

Une continuité de revenu tout au long de la vie"

Avec l'instauration d'une sécurité sociale professionnelle, la suppression de la loi LRU et du Pacte sur la recherche, l'arrêt de la RGPP, la fondation d'un vaste service public de la formation professionnelle missionné pour engager des plans de formation en appui aux politiques de développement économique des énergies nouvelles, de la relocalisation de l'industrie ou du ferroutage… le Front de Gauche s'engage à créer “des millions d'emplois" au sein d'un système productif qui placerait “l'humain d'abord".

Loin de toute flexisécurité, nous sécuriserons les parcours de chacune et de chacun dans l'emploi et la formation avec une continuité de revenu tout au long de la vie", affirme le parti de Jean-Luc Mélenchon dans son programme. L'objectif affiché ? “La lutte prioritaire contre le gâchis économique et social que représente le chômage." Et le FdG de pointer du doigt un paradoxe : “Grâce aux efforts de la jeunesse et du service public d'éducation, la France bénéficie d'une élévation régulière du niveau de connaissance et de qualification des travailleurs, mais, paradoxalement, l'économie crée de plus en plus d'emplois précarisés et les diplômés subissent une déqualification massive." Des qualifications qui seraient “toujours moins reconnues dans les conventions collectives", dont la responsabilité serait imputable “aux marchands d'éducation" qui “s'affairent pour substituer des certifications payantes et périssables aux qualifications durables assurées gratuitement par le service public !"