La Région Bourgogne lance un service de “conseil en évolution professionnelle"

Par - Le 16 mai 2013.

Si le projet de loi relatif à la sécurisation de l'emploi prévoit la mise en place d'un “conseil en évolution professionnelle", celui-ci est déjà mis en place dans certaines régions. Le Conseil régional de Bourgogne vient de lancer le sien…

Un accompagnement, mis en œuvre au niveau local, ouvert à tout salarié, et lui permettant d'être “mieux informé sur ses droits et ses possibilités de développement et de valoriser ses compétences et d'être ainsi orienté dans la poursuite de son parcours professionnel".

C'est ainsi que l'exposé des motifs du projet de loi relatif à la sécurisation de l'emploi décrit le tout nouveau “conseil en évolution professionnelle" prévu par son article 2, au même titre que le fameux compte personnel de formation.
Alors qu'au moment où nous écrivons

ces lignes, la loi n'est pas encore votée − son adoption définitive par le Parlement ayant été reportée au 14 mai 2013 − certaines Régions n'ont pas attendu pour lancer cet accompagnement…

Pays de la Loire a commencé à élaborer un système de conseil en évolution professionnelle dès 2006 avant de l'expérimenter effectivement en 2010 (voir encadré), et la Région Champagne- Ardenne prévoit de le généraliser sur son territoire en 2013. La Région
Bourgogne, de son côté, a lancé ce service le 2 avril dernier.

Les suites du “plan pour les continuités professionnelles"

“La mise en oeuvre du conseil en évolution professionnelle est un engagement de campagne du président de Région, François Patriat, et fait suite à la signature, le 5 mars 2012, d'un Plan pour les continuités professionnelles entre la Région, l'État et les partenaires sociaux [ 1 ]Les signataires sont : le préfet de la région Bourgogne, le président du Conseil régional, l'Uri CFDT Bourgogne, la CFE-CGC Bourgogne, la CFTC Bourgogne, la CGT Bourgogne, FO Bourgogne, la CGPME Bourgogne, l'UPA Bourgogne", rappelle Fadila Khattabi, vice-présidente PS de la Région Bourgogne, en charge de la formation professionnelle et de l'apprentissage.

L'objectif de ce Plan est notamment de recenser et de mettre en cohérence les dispositifs mobilisables en région, de simplifier les conditions d'accès des personnes – salariés ou demandeurs d'emploi – ainsi que des entreprises à ces dispositifs, et de répondre aux besoins identifiés, non couverts par les dispositifs existants. “Le Conseil régional n'a pas voulu agir seul dans son coin. Il s'agit véritablement d'un travail partenarial, dont nous sommes fiers. N'oublions pas qu'à l'époque, l'État et la Région n'étaient pas du même bord politique !", rappelle l'élue.

Ce plan comprend treize projets en faveur de la sécurisation des parcours, parmi lesquels on compte la “mise en place d'un observatoire des métiers de demain" ou encore “accélérer la
capitalisation et la diffusion des processus de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriale".

Le conseil en évolution professionnelle est le premier projet à être lancé et a représenté plus d'un an de travail. “Ce nouveau service répond à une attente forte des syndicats de salariés, formulée lors de la négociation du plan" et s'inscrit dans le prolongement d'actions déjà conduites, indique Fadila Khattabi. Il s'agissait, en effet, de remédier à l'hétérogénéité de l'offre de services en matière d'accueil, d'information et plus particulièrement d'appui au projet professionnel à destination des actifs sur le territoire Bourguignon.

“Nous avons 126 000 demandeurs d'emploi dans la région et avons récemment perdu beaucoup d'emplois industriels", explique la vice-présidente, qui pointe que “les individus sont de plus en plus confrontés à une double exigence de mobilité et d'évolution professionnelles liées aux mutations économiques, techniques, sociales et environnementales".

Pas de nouvelles structures

C'est sur les huit Points relais conseil VAE (validation des acquis de l'expérience) bourguignons – qui représentent vingt et un lieux d'accueil – que s'est appuyée la Région pour la mise en oeuvre de son nouveau service. “Nous n'avons pas souhaité créer de nouvelles structures. Ces Points relais conseil, de par leur expérience et leur positionnement local, nous ont semblé être le réseau le mieux adapté au portage du CEP. Nous ne voulions pas que ce dernier se fasse au sein des entreprises, car les salariés pourraient avoir peur d'y recourir s'ils se sentent en difficulté dans leur emploi." Les conseillers des antennes VAE existantes ont ainsi bénéficié d'actions de professionnalisation de manière à pouvoir mener à bien leurs nouvelles missions.

En janvier 2013, le Conseil régional a par ailleurs voté une subvention s'élevant à 360 000 euros, devant bénéficier directement aux structures pour leurs embauches ou projets menés dans le cadre du conseil en évolution professionnelle.

Un travail partenarial

“Attention, il ne s'agit pas ici d'un bilan de compétences ! Le CEP doit permettre à chaque individu de bénéficier d'un temps et d'un accompagnement pour réfléchir sur son parcours professionnel et envisager l'ensemble des étapes pour évoluer : formation, reconversion, promotion, changement d'emploi… Le réseau de conseillers en évolution professionnelle recevra, écoutera et reformulera les demandes de tous les salariés afin de leur donner les moyens d'être acteurs de leur carrière et de leur choix d'évolution", précise Fadila Khattabi. Accessible à tous et gratuit, ce service consiste en entretiens d'une durée maximale de trois heures.
Au-delà de l'État et des partenaires sociaux, le projet implique également l'ensemble des partenaires concernés, ajoute-t-elle : CIBC (Centre interinstitutionnel de bilans de compétences), Maison de l'emploi et de la formation, Opca et Opacif, Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées), Apec (Association pour l'emploi des cadres), Centre de ressources régional… “Nous travaillons de manière informelle avec tous les Opca ayant des délégations dans la région, il s'agit de coordonner les outils, mais également d'identifier les besoins de ormation." Par ailleurs, le Conseil régional s'est fait accompagner par le cabinet Sémaphores.

Quelles priorités ?

Mais quelles sont aujourd'hui les activités économiques créatrices de richesse en Bourgogne ? “Notre priorité est de maintenir une filière industrielle.

Nous avons un important pôle nucléaire, un pôle nutrition", indique la vice-présidente. La Région souhaite également développer les traditionnels secteurs tourisme, hôtellerie et restauration, mais aussi investir dans le développement durable et les filières innovantes, telles que les éoliennes et les normes BBC (bâtiments basse consommation) dans le BTP. Le projet de loi de décentralisation, qui prévoit une élaboration régionale de la carte des formations, devrait permettre, selon Fadila Khattabi, de répondre au mieux aux besoins des entreprises, et donc de favoriser la sécurisation des parcours des individus.

Ainsi, elle se réjouit : “À l'aube d'une nouvelle décentralisation qui doit confier aux Régions la mise en oeuvre du SPO (service public de l'orientation), la Région Bourgogne s'inscrit d'ores et déjà dans une démarche de mise en cohérence et d'articulation des outils et acteurs intervenant sur ce champ." L'inscription dans le projet de loi de sécurisation des parcours professionnels du concept de conseil en
évolution professionnelle la satisfait également : “Cela montre que nous sommes véritablement précurseurs !"

LE CEP SE GÉNÉRALISE DANS LA RÉGION PAYS DE LA LOIRE

Depuis 2010, les partenaires sociaux et la Région Pays de la Loire, rassemblés au sein de la Copire (Commission paritaire interprofessionnelle régionale pour l'emploi), ont commencé à expérimenter un service de conseil en évolution professionnelle. Mis en place dans un premier temps à trois bassins d'emploi – Angers, Ancenis et Nord-Sarthe –, le CEP s'est, en 2012, étendu à Saumur, Mayenne et Fontenay-le-Comte, ce qui a porté le nombre
de points d'accueil à seize en tout. Selon la Région, en deux ans et demi, 640 personnes auraient bénéficié du service. En 2013, les services du conseil en évolution professionnelle doivent être encore étendus à quatre nouveaux territoires : Sud Loire-Atlantique, Vendée
Ouest Littoral, Le Mans et Sud Mayenne dès le printemps prochain.
Le CEP répond aux mêmes principes que celui mis en place en Bourgogne : il est gratuit, non prescriptif, à l'initiative du salarié, et se tient en dehors de l'entreprise. Financé par la Région et le Fongecif Pays de la Loire, ce dispositif se déroule en deux temps : un entretien
initial téléphonique ou en face-à-face (environ 15 minutes) et à la suite de celui-ci, éventuellement, un ou plusieurs entretiens de suivi (environ 45 minutes).

Notes   [ + ]

1. Les signataires sont : le préfet de la région Bourgogne, le président du Conseil régional, l'Uri CFDT Bourgogne, la CFE-CGC Bourgogne, la CFTC Bourgogne, la CGT Bourgogne, FO Bourgogne, la CGPME Bourgogne, l'UPA Bourgogne"