Emplois d'avenir - Près d'un bénéficiaire sur trois réside en zone prioritaire
Par Philippe Grandin - Le 16 septembre 2013.
La mission d'information sur la
mise en œuvre de la loi portant création
des emplois d'avenir a auditionné
Michel Sapin, ministre du Travail,
le 10 septembre dernier. Le ministre
a relevé plusieurs points de satisfaction
au sujet du dispositif “en œuvre
depuis une petite année".
Sur le plan quantitatif, le nombre de
contrats en emploi d'avenir s'élève
à 52 595 fin août 2013 et il dépasse
la barre des 54 000 au 5 septembre.
“Les mois de septembre et d'octobre
seront des mois forts en matière de
prescription d'emplois d'avenir, car
la réorganisation du travail s'effectue
toujours à la rentrée", a considéré
Michel Sapin, en réaffirmant que
“les 100 000 contrats seront atteints
à la fin de l'année".
Disparités territoriales
À l'heure actuelle, 35 % ont été
signés dans des associations, 35 %
au sein des collectivités territoriales,
10 % dans des établissements de
santé, et 11 à 12 % dans des entreprises.
“Notre préoccupation était que ces
contrats soient à temps plein et,
finalement, 92 % d'entre eux le sont.
En outre, 53 % des contrats sont
conclus pour trois ans ou sont des
CDI. Dans les associations, leur durée
est d'un an dans une perspective
à trois ans. Un autre chiffre à considérer
est le taux de contrats rompus,
qui s'établit à plus de 3 %, dont la
moitié à l'initiative du jeune. C'est un
taux faible par rapport aux contrats
aidés", a noté le ministre. Par ailleurs,
87 % des bénéficiaires du dispositif
n'ont pas le bac et à ce titre,
“la cible est effectivement atteinte".
Autre chiffre significatif : plus de 3 %
des jeunes sont reconnus travailleurs
handicapés. Le ministre a souligné
la forte mobilisation du réseau Cap
emploi.
Les emplois d'avenir bénéficient à
30 % de jeunes résidant en zones
prioritaires : zones urbaines sensibles
(Zus), zones de revitalisation
rurale (ZRR) et départements d'outremer.
“Sur ces 30 %, 15 % sont en
Zus, alors même que notre objectif
est fixé à 20 %. Certaines régions
connaissent un fort niveau de prescriptions
et d'autres non, comme les
régions parisienne, lyonnaise et marseillaise.
Ce qui explique que nous
avons un taux en dessous de l'objectif
fixé. Il est vrai qu'il est difficile de
travailler en Zus avec des jeunes qui
bougent constamment... Cependant,
des efforts sont actuellement faits
dans ces régions de manière à ce
qu'elles rattrapent leur retard", a fait
valoir Michel Sapin.
L'accompagnement par les Missions locales
Il a insisté sur l'accompagnement
des jeunes par les Missions locales
“auxquelles nous avons confié le
soin de ne pas abandonner le jeune
à la porte de la mairie ou de l'entreprise.
L'accompagnement doit se
faire dans la durée", a-t-il prévenu.
Au nom de la mission d'information,
Jean-Marc Germain, député PS des
Hauts-de-Seine, a fait remarquer à
ce sujet que “le jeune trouve plus facilement
sa voie lorsqu'il est accompagné
par un réseau de proximité",
tout en relevant “des disparités entre
les villes et la province. Néanmoins,
a-t-il ajouté, le choix des Missions
locales paraît être le bon et prometteur
pour l'avenir."
De son côté, Michel Sapin a observé
une “hétérogénéité dans le fonctionnement
des Missions locales",
en précisant qu'“une Mission locale
sur un territoire local, ce n'est pas la
même chose qu'une Mission locale
sur un territoire urbanisé".
“Cela nous obligera à revisiter les
relations entre État et Missions
locales au regard du rapport de
Monique Iborra [députée PS de
Haute-Garonne], sur le service public
de l'emploi. Les Missions locales ont
été soumises à une forme d'électrochoc
: aider un nombre de jeunes à
trouver un emploi. Ce défi a été relevé
pour certaines alors que d'autres
éprouvent des difficultés."
L'OFFRE, PAS TOUJOURS AU RENDEZ-VOUS
8 Le 2 septembre, la mission d'information parlementaire auditionnait
François Lamy, ministre de la Ville. Faisant état d'un premier bilan
mitigé quant au recrutement d'emplois d'avenir dans les Zus.
“Ces jeunes, il faut aller les chercher. Malheureusement, Pôle
emploi et les Missions locales ne peuvent cibler que ceux qui passent
leur porte pour venir s'inscrire…" L'offre d'emploi et de formation
n'est pas toujours au rendez-vous. Les collectivités territoriales et
le monde associatif n'ont parfois pas les moyens d'y recourir. En
2012, le montant total de l'enveloppe destinée aux subventions des
associations a ainsi connu une baisse de 35 %, réduisant d'autant
les possibilités d'embauche. Des difficultés financières auxquelles
sont également confrontées les collectivités territoriales desquelles
dépendent ces Zus, dont les budgets ne permettent pas le recours à
ces contrats et qui, à un an des échéances municipales, ne sauraient
recourir à des hausses d'impôts pour les financer. Quant au secteur
marchand – concerné à la marge par ces emplois d'avenir – il reste
réticent à y recourir à cause du manque de qualification de ces
jeunes.