Jean-Marc Huart, de l'Éducation nationale à la DGEFP

Par - Le 16 octobre 2013.

“Aujourd'hui encore, l'enseignement me
manque un peu. Ce que je préférais, c'était
le lycée. Les prépas sont intéressantes, car
d'un haut niveau intellectuel, mais les élèves
sont mis sous plus forte pression." Dans son
bureau de la DGEFP (Délégation générale à
l'emploi et à la formation professionnelle),
Jean-Marc Huart, 45 ans, affiche un sourire
bienveillant à l'évocation de ses années comme
professeur en sciences économiques, d'abord
au lycée Fénelon, à Cambrai (1990), puis en
classes préparatoires à Lille (à partir de 1998).

Car si rien dans sa mise ne le distingue de
ses collègues, inspecteurs du travail pour la
plupart, celui qui en mai dernier est devenu
sous-directeur des politiques de formation et du
contrôle, présente une particularité de taille : il
nous vient tout droit de l'Éducation nationale.
“Il est rare que quelqu'un passe d'un ministère
à l'autre. Cela me permet de compléter ma
connaissance du secteur de la formation
continue, et je pense que la perméabilité est
une bonne chose également pour les deux
ministères", s'enthousiasme-t-il.

À la découverte du monde de la formation

“Je suis tombé dans le monde de la formation
par hasard", confie cet agrégé en sciences
économiques et sociales. Le tournant intervient
en effet en 2002. À ce moment, il est inspecteur
d'académie à Bordeaux : “Patrick Gérard, alors
recteur, m'a proposé de m'occuper de formation
professionnelle." Et c'est parti pour quelques
années à la tête de la Dafpic (Délégation
académique à la formation professionnelle
initiale et continue) et du Gip-FCIP (Groupement
d'intérêt public - Formation continue et insertion
professionnelle) [ 1 ]Structures créées en 2002 pour regrouper la
formation continue académique.
d'Aquitaine. “J'ai découvert
l'univers de l'enseignement professionnel et de
la formation professionnelle, très différent de la
formation initiale, mais pas totalement… Il n'a
pas toujours la place qu'il mérite, car notre pays
a une forte culture des diplômes académiques",
dit-il. Jean-Marc Huart a notamment en
charge la question de l'offre de formation, de
la coordination du réseau
des Gréta ou encore
du suivi de la carte des
formations : “Un aspect
qui m'a intéressé, en tant
que Dafpic, est l'ouverture
sur le monde économique.
Cette mission couvre
tout l'enseignement
professionnel et la
formation des adultes.
Nous construisons
des diplômes avec les
professionnels."
En 2007, Xavier Darcos,
alors ministre de
l'Éducation nationale, fait appel à lui et pendant
deux ans il sera son conseiller en charge de
l'enseignement professionnel et des relations
école-entreprise. Le temps, notamment,
d'élaborer et de négocier la généralisation
du bac professionnel en trois ans… Mais
doit-on s'étonner de voir cet ancien conseiller
d'un ministre UMP intégrer aujourd'hui la
DGEFP sous un gouvernement PS ? “Je suis
fonctionnaire. Que le gouvernement soit à droite
ou à gauche, cela ne change pas les missions",
répond Jean-Marc Huart.

Une “période stimulante" s'ouvre

C'est un peu ce que lui reproche Samy Driss,
conseiller national à l'Unsa Éducation. En
2011, les syndicats sont vent debout contre
une disposition de la loi Warsmann [ 2 ]Loi n° 2011-525 de simplification et d'amélioration
de la qualité du droit, promulguée le 17 mai 2011.
qui
prévoit la transformation des Gréta en Gip.
Jean-Marc Huart pilote alors la Sous-direction
des lycées et de la formation professionnelle
de la DGesco. “C'est quelqu'un de disponible
et compétent. Mais sur ce coup-là, il ne
nous a pas aidés. Il a défendu les positions
du gouvernement de l'époque. Il jouait son
rôle", regrette le représentant syndical. Ces
dispositions sont finalement abandonnées
avec l'alternance, et un accord trouvé avec les
partenaires sociaux. Jean-Michel Blanquer,
DGesco de 2009 à 2012, de son côté, salue le
“grand sens de l'État" de Jean-Marc Huart.
“Il connaît très bien ses sujets pour les avoir
vécus de l'intérieur. C'est l'une des meilleures
personnes avec qui j'ai pu travailler."
“J'ai beaucoup de chance, nous explique le
sous-directeur des politiques de formation et
du contrôle, j'arrive à une période stimulante.
Avec la prochaine réforme de la formation
professionnelle, la DGEFP va avoir pour tâche
de mettre en musique la politique ministérielle,
après la négociation sur la formation, et la
concertation sur l'apprentissage." Saurat-
il s'adapter à la culture de son ministère
d'adoption ? Pas de doute, pour Jean-
Michel Blanquer : “Il a déjà dû s'adapter en
prenant en charge les dossiers de formation
professionnelle. Il aborde désormais le sujet
sous un nouvel angle, très complémentaire du
précédent." Quoi qu'il en soit, Jean-Marc Huart
n'oublie pas ses premières amours : “Étant
inspecteur général de l'Éducation nationale,
je reviendrai sans doute au ministère de
l'Éducation nationale", dit-il.

2002-2006 - délégué académique
aux formations
professionnelles
(Bordeaux)

2007-2009 - conseiller du ministre
de l'Éducation nationale

2009-2013 - sous-directeur
des lycées
et de la formation
professionnelle
à la DGesco

2013 - sous-directeur
des politiques de formation
et du contrôle à la DGEFP

Notes   [ + ]

1. Structures créées en 2002 pour regrouper la
formation continue académique.
2. Loi n° 2011-525 de simplification et d'amélioration
de la qualité du droit, promulguée le 17 mai 2011.