Ces DRH qui veulent “sortir de la logique selon laquelle la formation suppose la présence d'un formateur"...

Par - Le 16 février 2014.

Les changements que porte la troisième
réforme de la formation professionnelle
satisfont, de façon générale, l'Association
nationale des DRH (ANDRH). “Nous allons sortir
enfin de la définition fiscale de la formation",
s'est réjoui Jean-Christophe Sciberras, président
national, qui a présenté, lors d'une conférence
de presse le 3 février dernier, les priorités de
son association en 2014. En effet, a-t-il précisé,
“avec la suppression de l'obligation légale, et
donc de la fameuse 24-83, nous allons pouvoir
nous libérer d'un carcan qui minimisait de fait les
actions et les dépenses de formation".

L'entreprise, “cet environnement
apprenant"


Ainsi, les entreprises pourront s'affranchir de la
définition “restrictive" de l'action de formation
(programme, encadrement, évaluation, etc.),
pour y intégrer d'autres actions jugées formatrices
− tels que les colloques et les séminaires.
Avec le passage de l'obligation de payer à
l'obligation de faire, il s'agit donc de revoir la
définition même de la formation. “La formation,
c'est toutes les actions formalisées dans lesquelles
le salarié aura bénéficié, en interne ou
en externe, d'un transfert de compétences professionnelles
techniques ou comportementales
lui permettant de mieux faire son travail actuel
ou de le préparer à des emplois futurs, au sein
de l'entreprise ou ailleurs", répond le président
de l'ANDRH. Qui trouve judicieux de sortir de
la logique selon laquelle la formation suppose
la présence d'un formateur, d'un programme
préétabli, d'objectifs déterminés, de moyens
pédagogiques, d'évaluation, etc. Il faut, selon
lui, “prendre en compte toutes les formes
d'apprentissage que propose l'entreprise, cet
environnement apprenant".

Donner moins d'importance
aux diplômes ?


Pour Jean-Christophe Sciberras, un tel changement
de paradigme permet de revaloriser
la part de l'expérience professionnelle dans
le travail, et de “réduire l'importance prédominante
du diplôme" dans les considérations
professionnelles. Car dans un pays comme la
France, où le diplôme occupe une place très
importante et où chaque personne est marquée
et définie, à vie, par la formation initiale qu'elle
a suivie il y a longtemps, il est nécessaire de
donner de l'importance à l'expérience et à
la formation continue. “Libérons-nous de la
définition fiscale de la formation !", a-t-il lancé.

L'“interemploi", situation
“propice à la formation"


Autre point de satisfaction : la création du
compte personnel de formation (CPF), qui
permettra au salarié de disposer de davantage
de temps pour pouvoir se former et assurer son
employabilité. Ainsi, pourrait-il même se former
dans des situations professionnelles difficiles...
entre deux emplois, par exemple.
“L'« interemploi » [nouveau nom du
chômage, donc] est une situation
propice à la formation", a soutenu le
DRH et directeur des relations sociales
de Solvay, multinationale spécialisée
dans la chimie. Il a déploré que la
formation hors temps de travail ne soit
pas dans “l'ADN collectif français".
Si le CPF est “centré sur l'évolution de
l'employabilité du salarié", malheureusement,
a-t-il regretté, ce terme,
employabilité, n'est “pas populaire
dans les entreprises". C'est un terme
“sulfureux" dans le dialogue social. Il
demande beaucoup de pédagogie. La
réforme de la formation amorcée ouvre
des opportunités de changements
majeurs dans les entreprises. Et les
DRH doivent, naturellement, accompagner
ce processus.

Moins d'administratif,
davantage d'ingénierie


Mais comment ? “Jusqu'à maintenant, nombre
de responsables des ressources humaines,
notamment de formation, passaient une
grande partie de leur temps sur des tâches
administratives. Avec les changements portés
par la réforme, ils pourront se concentrer sur
des activités à valeur ajoutée telles que l'ingénierie,
répondre aux attentes et besoins en
développement des compétences des collaborateurs",
a répondu Jean-Christophe Sciberras.
L'ANDRH organise ce 18 février à Poitiers un
colloque [ 1 ]Organisé dans le cadre du “tour de France"
de l'ANDRH, il aura pour thème : “Formation
professionnelle : quelles conditions pour
une efficience renforcée ?"
pour échanger sur les conséquences
de la réforme dans les entreprises. Deux autres
suivront : le premier, sur l'accueil en contrat
d'alternance des jeunes dans les entreprises,
est prévu le 18 mars à Dijon [ 2 ]“Jeunes et entreprises : les conditions d'un pari
gagnant."
; le second, sur la
“RSE" (responsabilité sociale des entreprises),
le 11 avril à Rennes. En attendant l'Université
de l'association, qui s'interrogera sur l'évolution
de la fonction RH. Elle devrait réunir les 27
et 28 novembre plus de 350 DRH.

Notes   [ + ]

1. Organisé dans le cadre du “tour de France"
de l'ANDRH, il aura pour thème : “Formation
professionnelle : quelles conditions pour
une efficience renforcée ?"
2. “Jeunes et entreprises : les conditions d'un pari
gagnant."