Bretagne - Les stratégies d'information des 15-29 ans

Par - Le 16 février 2014.

Qu'il s'agisse du service dématérialisé
issu de la loi de 2009, de la
plateforme Monorientationenligne.
fr développée par l'Onisep ou des
services d'information du Cned,
les stratégies d'information en
matière d'orientation et d'accès à
la formation intègrent désormais
toutes un volet technologique.
Ont-elles raison de le faire ?
L'enquête, réalisée par le Réseau
information jeunesse Bretagne,
confirme le poids d'internet dans
les stratégies d'information mobilisées
par les jeunes de 15 à 29 ans,
qui ne négligent pas pour autant
les autres canaux.

Internet pour
quoi faire ?


C'est connu, on prête beaucoup
à cette génération “Y". Le
développement de services
en ligne est souvent justifié
d'une référence aux jeunes,
réputés inatteignables
hors leur continent virtuel.
Pour les concepteurs
de service, toute la
question est d'arriver à
amener les moins de 30 ans à
dépasser la sphère ludique. Une
des manières de répondre à l'enjeu
est donc bien de mieux comprendre
leurs usages. En ce qui concerne
les jeunes Bretons, ceux-ci
placent la culture, les études et
la formation (26 %) parmi leurs
premiers besoins d'information,
à côté du travail (41 %) et des
loisirs (32 %). Où vont-ils chercher
cette information ? Avant tout sur
internet (88 % pour l'information
générale, 48 % en matière d'orientation
scolaire ou professionnelle),
mais sans que cet outil revête un
caractère d'exclusivité. À noter
que le réseau social de proximité
(amis, parents), sollicité par plus
de 50 % des répondants, vient
bien avant les espaces physiques
des structures d'information
(22 %). Pire encore, la fonction
téléphone des smartphones, dont
ils sont largement équipés (60 %),
est à peu près aussi utilisée pour
joindre un numéro vert ou gratuit
(1 %) que la fonction poinçon d'un
couteau suisse !
Comme le soulignent les auteurs
de l'étude, la force du réseau
social renseigne sur le “besoin
de prescription qu'entretiennent
les jeunes lorsqu'ils s'informent".
Mais pourquoi donc internet ? La
tradition française de gratuité
du service public de l'information
est plébiscitée, les jeunes
faisant de cette condition leur
première motivation
pour aller se
rens
e i -
gner sur
le web.
Mais pas
à n'importe
q u e l p r i x ,
si l'on peut
dire, la fiabilité
e t l a rapidité venant
en deuxième et troisième position.
Qu'ils se sentent de facto protégés
par leur pseudo ou qu'ils n'en
fassent pas un enjeu, la question
de l'anonymat ne motive, elle, que
8 % d'entre eux.

Des adeptes
du “multicanal"


Non seulement un jeune sur deux
ne cite pas internet comme lieu de
ressource en matière d'orientation
scolaire ou professionnelle,
mais tous ont recours à plusieurs
sources, ne serait-ce qu'en raison
d'un “passage obligé" (Missions
locales, Pôle emploi et partenaires).
Sept jeunes sur dix connaissent au
moins deux lieux ressources, un
sur cinq un seul et moins d'un sur
dix aucun. Ces moyennes cachent
cependant quelque peu les disparités
liées à l'hétérogénéité de la
cible : on connaît moins de lieux
ressources à 15 ans, on connaît
surtout la Mission locale quand on
n'a “que" le bac, on utilise d'autant
plus internet que son niveau de
diplôme est élevé.

Quels services réclament-ils ? Bien
davantage un contact direct avec le
“terrain" (rencontre de professionnels
du monde du travail pour 55 %,
effectuer davantage de stages
en entreprise pour 43 %), qu'une
rencontre avec des professionnels
de l'orientation (28 %) ou la participation
à des salons et forums
(18 %). Ce qui ne signifie pas
forcément un rejet de ces derniers,
qui constituent leur environnement
naturel, mais traduit peut-être le
ressenti d'une frontière avec le
monde du travail. Par ailleurs, la
persistance du recours à des ressources
complémentaires en dépit
de l'intégration d'internet dans le
quotidien des jeunes témoigne
d'un fait : leurs recherches ne se
cantonneront pas au numérique,
pour autant qu'on continue de leur
proposer autre chose.

Pour la Région Bretagne, qui avait
signifié sa volonté de prendre
en compte le numérique lors du
lancement de l'expérimentation
du “service public régional de
l'orientation", ces travaux seront
certainement étudiés avec
attention. Pour les tenants d'un
service mutualisé interrégional
ou national, reste à déterminer
si le comportement des jeunes
diffère, ou non, d'une région à
l'autre. Encore faudrait-il que
l'ensemble des Régions suivent
l'exemple breton. Le consultant
en technologies de l'information
Christian Bensi annonce sur son
blog des initiatives éparses, donc
partielles, qui ne permettent pas à
ce jour une vision globale. Peut-être
un chantier pour la [Délégation aux
usages de l'internet->http://delegation.internet.gouv.fr] ?