François Petit, d'un sommet à l'autre

Par - Le 15 mars 2014.

Le dimanche est-il un jour comme
les autres ? Vue sous l'angle de la
consommation, la question se tranche
devant les tribunaux. Vue sous l'angle
de l'orientation, attention à ne pas
plaisanter avec le planning dominical :
prenez un écrivain et il vous chantera
l'interminable déjeuner, l'après-midi
pluvieuse et la crainte du lundi… ; prenez
François Petit, entrepreneur champion du
monde d'escalade, et il se souviendra de
l'ascension du Mont Blanc. Réalisée à
10 ans, celle-ci laisse des traces. Quand
papa vous lève à 3 heures du matin, qui
pour aller tâter du sommet local (4 810 m),
qui pour vous initier aux compétitions
de ski de fond, un certain sens du défi
s'empare du petit être. Certes, avec
tout juste ce qu'il faut de rébellion,
François Petit se détournera du sport
d'hiver. Mais pas du goût de l'effort et
du dépassement de soi : réorienté dans
la grimpe, il décroche à 12 ans le titre
de vice-champion de France d'escalade
l'année de ses premières compétitions
et passe les dix-sept années suivantes
à tout gagner, dont un titre de champion
du monde acquis en 1997. Pause
arithmétique : 12 + 17 = 29. Pas encore
l'âge des feuilles mortes mais déjà celui
de la retraite sportive, celle qui commande
de réorganiser de fond en comble sa vie
professionnelle.

Champion du monde, et après ?

La reconversion des sportifs de haut
niveau présente une équation particulière :
compétiteurs dans l'âme et concentrés
sur leur discipline durant leur carrière,
ils se doivent de réinventer l'avenir à
un âge où leurs nouveaux concurrents
cumulent premières expériences et
diplômes. Pas toujours facile à résoudre,
sauf lorsque l'on parvient à tirer le
meilleur des sections sports-études. Pour
François Petit, ce sera une grande école
d'ingénieurs [ 1 ]Institut national des sciences appliquées de
Lyon.
, option génie mécanique
de la construction. Pas de hasard dans
ce choix mais une passion de
jeunesse pour les Lego et,
déjà, l'idée que ça pourrait
bien servir pour les murs
d'escalade. Le temps de
comprendre pourquoi vous
n'êtes pas champion du monde,
lui vous explique qu'avec
les horaires aménagés, c'est
finalement moins compliqué
que les années de première et
terminale. La clé de sa méthode
peut tenir en quelques mots :
“Savoir ce que l'on a envie de
faire, puis se donner à fond."
Celui qui a été consacré “Talent
de Rhône-Alpes" au dernier
Mondial des métiers[ 2 ] Voir L'Inffo n° 850, pp. 8-9. en livre
sa définition : “Le talent est
un don naturel qu'il faut savoir
développer grâce à son travail
et grâce au plaisir que l'on a
de réaliser des choses… des
belles choses. La passion aide
aussi, surtout si l'on donne le
meilleur de soi-même."

“Chef d'entreprise,
c'est excitant !"


Avant même d'en avoir fini avec les
compétitions, il décide de s'investir en
parallèle au Mur de Lyon, plus grande
salle d'escalade de France créée par un
centralien. Entré comme responsable des
ouvertures, il en devient le chargé de
développement dans le cadre d'un contrat
d'insertion professionnelle qu'il signe à
deux ans de sa retraite sportive. Encore
et toujours un défi à relever, à nouveau
une réussite puisqu'il en est aujourd'hui
le directeur général. Calme et posé quand
il vous expose le plus simplement du
monde son parcours, il explique avoir
trouvé dans l'entrepreneuriat un moyen de
satisfaire son besoin d'adrénaline. Chef
d'une entreprise en pleine expansion,
il trouve le temps d'entraîner pendant
deux ans l'équipe de France de bloc [ 3 ]L'une des disciplines d'escalade., le
temps d'amener une grimpeuse au titre
de championne du monde. L'expérience,
dont il est particulièrement fier, lui a
aussi permis d'user de ses talents de
sophrologue. Sophrologue ? “Arrêter d'un
coup après dix-sept ans de compétitions
n'a pas été si facile, la sophrologie m'a
beaucoup aidé, j'ai passé mon diplôme
en six mois", commente-t-il, en ajoutant
que la discipline lui sert également dans
l'animation de séminaires. Autre chose ?
“Le brevet d'État Escalade et canyon. Je
voulais travailler chez Petzl, c'était une
compétence intéressante à avoir…" Bah,
comme le chantait Raoul Petite au mitan
des années 80 : “C'est sûr, si t'assures,
c'est pas dur…"

Notes   [ + ]

1. Institut national des sciences appliquées de
Lyon.
2. Voir L'Inffo n° 850, pp. 8-9.
3. L'une des disciplines d'escalade.