Barometre Cegos - Les moins formés sont aussi ceux qui s'informent le moins...

Par - Le 01 mai 2014.

La formation bénéficie toujours
d'un niveau de satisfaction élevé
et ses enjeux sont relativement
bien compris par les salariés
comme par les DRH. Ce sont les
constats exprimés par Mathilde
Bourdat, experte du management
de la formation professionnelle
chez Cegos − organisme de formation
privé d'envergure mondiale,
qui emploie 1 200 salariés − à la
suite de la présentation des résultats
de son baromètre annuel [ 1 ]Enquête réalisée auprès de
395 DRH et responsables formation
et 850 salariés entre le 18 février et le
11 mars 2014.
de
la formation professionnelle en
France.

Pour autant, ce baromètre fait état
d'un net recul, par rapport à 2013,
de certaines priorités associées à
la formation par les DRH : c'est le
cas notamment de l'anticipation
des évolutions de l'emploi ou de
l'accompagnement du projet professionnel
des salariés. “Or, la
réforme a été pensée pour cela !,
pointe Mathilde Bourdat. C'est un
point que nous constatons sur le
terrain : les DRH et responsables
de formation éprouvent une réelle
difficulté à anticiper les évolutions
de l'emploi et des compétences
et à faire de la formation un outil
puissant d'accompagnement."

“Un gros travail
de pédagogie" en
perspective


Les principes de la loi du 5 mars
2014, qui fait notamment de l'individu
l'acteur de son projet, ne
vont donc
pas de soi ?
“ Particulièrement
auprès
des publics ciblés :
demandeurs d'emploi,
personnes justifiant
d'un bas niveau de
qualification, etc.",
insiste l'experte.
En effet, relève le
baromètre, les moins
diplômés et les
salariés non formés
(46 %, contre 9 %
pour les salariés formés) sont
ceux qui recherchent le moins
d'informations sur la formation.
De plus, ce sont les mêmes qui
envisagent le moins de s'engager
dans une formation qualifiante via
le compte personnel de formation
(CPF). Enfin, ce sont ceux qui
font peu le lien entre formation
et sécurisation de l'emploi. Il y a
donc “un gros travail de communication
et de pédagogie à mener
par l'ensemble des acteurs pour
que cette réforme rencontre ses
publics prioritaires", indique l'experte
de Cegos. Qui n'a pas manqué
de relever une autre donnée :
“À l'externe, hors de l'entreprise,
les organismes de formation sont
la principale source d'informations
(46 % pour les non-formés
et 37 % pour les formés), très loin
devant les services publics d'information
et d'orientation (17 %
pour les non-formés et 9 % pour
les formés) pourtant au coeur de la
réforme"...

Les mieux formés,
eux, veulent bien
“co-investir"


Autre donnée : la progression de
l'idée de co-investissement dans
la formation, particulièrement
chez les personnes formées. En
effet, 31 % des salariés se disent
prêts à “financer directement tout
ou partie d'une formation" qu'ils
auraient eux-mêmes choisie. De
même, un salarié sur deux se
dit disposé à se former sur son
temps personnel.

Optimistes, les salariés pensent, à
67 %, que la réforme leur permettra
de développer leur capacité à
se maintenir dans l'emploi ou à
s'adapter à ses évolutions. Alors
que les DRH et les responsables
de formation semblent encore être
dans une “posture très prudente",
puisque seuls 9 % d'entre eux répondent
que “oui, sans doute" la
réforme permettra d'améliorer la
capacité des salariés les plus fragiles
à se maintenir dans l'emploi.

Les Mooc ont le vent
en poupe


Concernant les modalités de formation,
le baromètre de cette
année confirme la progression
des formations (associant sessions
en salle et à distance) :
elles sont passées de 13 % en
2012 à 33 % en 2013. Selon Éric
Segonds, manager du pôle d'expertise
formation chez Cegos, “le
mixte est désormais au même niveau
que la formation à distance
en ligne et l'accompagnement
individuel. La France rejoint cette
année le pourcentage du mixte en
Europe constaté en 2012 (37%)".
Cependant, la majorité des DRH
et responsables formation (77 %)
pensent qu'“il est préférable
de se former sur le terrain, par
l'expérience".

L'enquête aborde pour la première
fois les Mooc (massive open online
courses, cours en ligne “massifs"
et ouverts), qui bénéficient d'ores
et déjà d'une vraie notoriété : un
salarié sur quatre (24 %) saurait
de quoi il s'agit, un sur deux en
aurait déjà suivi (48 %). 54 % des
salariés interrogés ont d'ailleurs
bien l'intention d'en suivre, considérant
que les Mooc sont de bons
moyens pour se former (81 % des
salariés).

Selon Jacques Coquerel, président
du directoire du groupe
Cegos, il est donc important que
les organismes de formation
adaptent leurs offres afin de
répondre à cette évolution. Cegos
réfléchit actuellement à des solutions
sur le plan pédagogique,
donc liées aux nouvelles technologies,
leur permettant de se former
davantage, plus facilement
et efficacement...

Notes   [ + ]

1. Enquête réalisée auprès de
395 DRH et responsables formation
et 850 salariés entre le 18 février et le
11 mars 2014.