Fondation Agir contre l'exclusion - La formation, “fil rouge" de la lutte contre le chômage

Par - Le 15 mai 2014.

François Hollande avait confié, en
2013, à Gérard Mestrallet, président
de la Fondation Agir contre l'exclusion
(Face) [ 1 ]Fondée par Martine Aubry en 1993.
, une réflexion sur la “mobilisation"
des acteurs économiques en faveur
de l'emploi. “Nous nous sommes
posé trois questions majeures : comment
mobiliser les entreprises en
faveur de l'emploi, notamment des
jeunes ? Quels leviers, quelles initiatives,
quelles innovations ? Quel est
le rôle des entreprises dans les enjeux
sociaux et sociétaux ?", a déclaré le
PDG de GDF Suez, lors d'une rencontre
presse organisée le 25 avril
dernier, à la suite de la remise au président
de la République des résultats
de sa mission.
Cette dernière a mobilisé pendant un
an les 4 750 entreprises (PME, ETI
et grands groupes) du réseau Face
et de ses parties prenantes nationales
et locales. Le rapport énumère
150 propositions autour de cinq priorités,
identifiant la formation comme
“le remède le plus efficace pour
combattre le chômage, notamment
celui des jeunes et des personnes
les moins qualifiées". Et faisant de
la formation le “fil rouge" de la lutte
contre le chômage.

Un stage en entreprise
pour les enseignants


Pour Face et son président, les entreprises
doivent ouvrir leurs portes aux
enseignants, pour leur montrer les
atouts et les contraintes de la vie
en entreprise. Pierre Mongin, PDG
du groupe RATP, propose ainsi “la
création de stage en entreprise pour
les enseignants". Gérard Mestrallet
souhaite l'organisation avec les
entreprises d'“assises nationales
de l'orientation, de la formation et
de l'insertion", sur la base d'expérimentations
locales et d'assises
régionales. Cette concertation nationale
réunirait l'État, les collectivités,
les acteurs économiques, le système
éducatif, les partenaires sociaux
et des représentants de la société
civile.

Généraliser l'alternance

Deuxième priorité, pour Gérard
Mestrallet : “Faire de l'alternance
une voie d'excellence." Car, a défendu
Dominique Schott, président d'Opcalia,
en la généralisant à l'ensemble
des pratiques d'orientation, d'éducation,
de formation, de qualification,
d'accès à l'emploi et de sécurisation
des parcours, “l'alternance affirme la
place de l'activité en entreprise dans
la découverte d'un métier, comme
dans le développement des compétences".
Il s'agit, en l'ouvrant à tous
les âges de la vie, aux stagiaires de
la formation professionnelle, à des
chômeurs de longue durée ou aux
contrats aidés, de développer “une
véritable culture de l'alternance en
France". Pour plus d'efficacité et de
simplification, la fondation propose
la fusion des contrats de professionnalisation
et d'apprentissage.

Ouvrir les centres de
formation internes
aux chômeurs


Une autre solution en faveur de
l'emploi consiste, selon Face, à
“mobiliser les capacités de formation
et d'accompagnement des
entreprises directement en faveur
des chômeurs". Il s'agit, selon
Alain Roumilhac (Manpower), de
“permettre aux acteurs économiques
d'ouvrir leurs centres de
formation internes aux jeunes et
aux demandeurs d'emploi ou de
prendre en compte leurs dépenses
d'accompagnement et de parrainage
en tant qu'action de formation,
et d'inciter les entreprises à
s'engager directement auprès des
sans-emploi". Selon lui, la création
d'un “crédit d'impôt innovation
sociale" et le développement
de toutes les formes de “mécénat
social" favoriserait la mobilisation
des entreprises. À ce titre, la
fondation propose d'assouplir les
emplois d'avenir dans le secteur
marchand et de développer davantage
le mentorat et le tutorat.

Des statistiques sexuées
dans les organismes
de formation


La quatrième priorité que suggère
Gérard Mestrallet est de faire de la
mixité des métiers la “grande cause
nationale 2015". Pour Mercedes
Erra, fondatrice de l'agence de publicité
BETC et présidente exécutive
d'Havas Worldwide, chaque établissement
de formation devrait “diffuser
des statistiques sexuées sur la
composition de ses effectifs comme
sur l'accès et les conditions d'emploi.
Les entreprises doivent avoir
des plans d'action dans ce sens, sur
le plan local et international".
Il faut enfin “agir au plus près des
territoires" (cinquième priorité).
Clare Hart, directrice de la PME Ilo
(formation à la traduction et l'interprétariat),
propose de “simplifier
les processus et de créer une sorte
de guichet unique afin de renforcer
la cohérence entre les acteurs de
l'emploi local (Missions locales, Plie,
Maisons de l'emploi, réseaux d'entreprises…)
et les acteurs régionaux
de l'orientation, de l'apprentissage,
de la formation et du développement
économique".
Gérard Mesrallet a annoncé que
sa fondation allait faire un “SAV"
(service après-vente) de ce rapport
auprès des ses membres. Et “un
baromètre annuel permettra de mesurer
le degré d'avancement de nos
propositions".

Notes   [ + ]

1. Fondée par Martine Aubry en 1993.