Alsace : le contrat d'objectifs territorial de la métallurgie

Par - Le 15 mai 2014.

Quinze secteurs font actuellement l'objet d'une démarche de contrat d'objectifs en Alsace.
Celui de la métallurgie vient d'être paraphé. Avec la relance de l'activité automobile pour
objectif majeur.

Le contrat d'objectifs territorial des
métiers de la métallurgie a été revu
et il a évolué", prévient Martine
Caldéroli-Lotz, vice-présidente
du Conseil régional d'Alsace, présidente
de la commission formation
professionnelle continue (FPC). Ce
contrat troisième génération a été signé,
pour la période 2014-2018 (soit une
durée de cinq ans), par l'État, la Région,
le Rectorat de l'académie de Strasbourg,
et l'Union des industries et métiers de
la métallurgie (UIMM) d'Alsace. Il est
piloté par la Région, en partenariat avec
l'État et l'UIMM.

Baisse d'activité
dans l'automobile


“Ce qui est important dans un contrat
d'objectifs, avant même tout engagement,
est de faire un état des lieux pour
déterminer le profil du secteur d'activité,
sa situation économique, ses perspectives
de développement et les formations existantes",
explique Martine Caldéroli-
Lotz. L'observatoire régional emploiformation
(Oref ) Alsace et celui de la
branche professionnelle ont ainsi croisé
leurs données et travaillé en toute complémentarité
pour élaborer un état des
lieux. Ce dernier relève que “le secteur a
perdu 16 % de ses salariés entre 1993 et
2010, en raison de la baisse d'activité dans
l'automobile qui a eu une répercussion
sur les sous-traitants", indique Martine
Caldéroli-Lotz. La forte proportion
d'actifs dans la construction automobile
demeure une caractéristique régionale.
En Alsace, les deux tiers des emplois
concernés par le secteur de la métallurgie
se situent dans la fabrication de machines
et équipements (24 % du total),
dans l'industrie automobile (20 %), et
dans la fabrication de produits métalliques
(20 %).

L'état des lieux relève ainsi plusieurs
faiblesses : repli de l'emploi depuis plusieurs
années ; image des métiers manuels
toujours à promouvoir ; centres de
décision souvent hors Alsace ; trésorerie
des entreprises affaiblies par la durée de
la crise. Du côté des “forces" du secteur,
le document met en avant le poids de
l'industrie métallurgique en Alsace, des
filières de formation réputées de qualité,
une réelle diversité de production, des
recrutements et des besoins importants
malgré une baisse des effectifs, et des
entreprises qui investissent dans l'innovation
et la recherche de nouveaux marchés.

Évolution de l'offre de formation

“L'objectif est de répondre aux besoins des
entreprises du secteur de la métallurgie. La
tendance actuelle est que ces dernières recherchent
davantage de techniciens et d'ingénieurs.
Le secteur doit recruter 5 000
personnes par an, compte tenu des départs
à la retraite. La Région forme quasiment
le même nombre de personnes par an
dans la métallurgie, à la fois en formation
initiale et en formation continue. Cette
dernière concerne surtout les demandeurs
d'emploi", détaille Martine Caldéroli-
Lotz. Cependant, les formations des
chômeurs connaissent différentes difficultés
: le manque d'attrait des deman
deurs d'emploi pour le secteur (notamment
pour les métiers de la mécanique
et de la métallerie) ; le faible niveau des
demandeurs d'emploi à l'entrée en formation
; le manque de qualification sur
des niveaux IV et plus ; la difficulté à
mobiliser les entreprises ; et l'exigence
des employeurs sur les prérequis à l'embauche
(expérience professionnelle dans
le métier, proximité domicile du salariéentreprise,
compétences linguistiques en
anglais et/ou en allemand).

Une cohérence d'ensemble

“La profession évoque un niveau de qualification
insuffisant. Nous devons faire
évoluer l'offre de formation de manière à
coller au plus près des besoins des entreprises.
La profession évoque également la
crainte de manquer de jeunes sortis de
formation initiale dans les métiers de la
métallurgie, notamment en mécanique
générale et soudage. Il s'agit donc d'être au
plus près des besoins et de mettre en cohérence
les diverses voies de formation de manière
concertée et complémentaire, compte
tenu des perspectives de recrutement dans
le secteur", expose la vice-présidente de
la Région. Ainsi, ce contrat d'objectifs
territorial (COT) des métiers vise à
organiser et formaliser le dialogue entre
les financeurs de formation et les différents
acteurs (État, Rectorat, chambres
consulaires, Pôle emploi…) pour assurer
une cohérence d'ensemble.

Renforcer
la connaissance
des métiers


En accord avec le contrat de plan régional
de développement des formations
professionnelles (CPRDFP) alsacien,
adopté le 24 juin 2011, et le plan régional
emploi-formation 2013-2016 de
l'UIMM Alsace, les signataires du COT
ont identifié quatre priorités : observer
pour mieux connaître les évolutions des
compétences, des métiers et des formations
et diagnostiquer les besoins des entreprises
; renforcer la connaissance des
métiers et des entreprises qui recrutent
dans les démarches d'orientation tout
au long de la vie ; adapter l'offre de
formation aux besoins en compétences
du secteur, en s'assurant de la complémentarité
des différents dispositifs de
formation ; et développer en concertation
les dispositifs emploi-formation, en
soutenant les publics les plus fragilisés.
“Concernant la première priorité, une
réunion entre l'Oref et la branche professionnelle
sera organisée chaque année. La
deuxième renvoie au problème de l'orientation,
dans la mesure où le secteur de la
métallurgie, premier employeur industriel
régional, souffre d'un déficit d'image. Pour
la troisième priorité, il y a deux niveaux
d'adaptation, puisqu'il faut tenir compte
à la fois des personnes qui n'ont pas acquis
les compétences de base (lire, écrire, calculer)
et d'une forte demande de la part des
entreprises en hauts niveaux de qualification",
précise Martine Caldéroli-Lotz.

“Un énorme travail à faire en
matière d'orientation"


Le déficit d'image de la filière entraîne
en effet des difficultés à recruter pour
les entreprises sur certains postes alors
que beaucoup sont à renouveler dans
les cinq années à venir, notamment dans
les métiers du montage-assemblage, de
la conduite d'équipement d'usinage, de
l'installation et la maintenance d'équipements
industriels et d'exploitation,
de l'ajustement et du montage de fabrication,
de la chaudronnerie-tôlerie et
du soudage. Sans compter les métiers
émergents qui sont ceux de responsable
d'équipe autonome de production et de
peintre : “Nous avons un énorme travail à
faire en matière d'orientation car les personnes
réagissent par rapport à des clichés."
En matière de formation des demandeurs
d'emploi, la branche de la métallurgie
souhaite prolonger la réalisation
de préparations opérationnelles à l'emploi
(POE), individuelle et collective.
Ces POE seront suivies d'un contrat de
professionnalisation permettant d'obtenir
une qualification. Au regard des besoins
en compétences, un plan d'action
annuel partagé, sous pilotage régional,
définira les interventions des acteurs
de la formation (Région, Pôle emploi,
Opca…) en faveur des demandeurs
d'emploi.

Dans quinze secteurs

“Nous voulons permettre à chaque Alsacien
de construire et de réaliser son projet professionnel
avec les entreprises, en cohérence
avec ses aspirations personnelles et les réalités
de l'économie régionale. Par exemple,
il est intéressant de nous interroger sur la
manière dont va évoluer un jeune à l'issue
d'une formation initiale. Ceci doit être
pensé dans un COT avec les acteurs concernés.
Ainsi, si la Région n'abonde pas financièrement
le compte personnel de formation
(CPF),
vu le nombre
d'heures accordées
pour se
former, ce dispositif
donnera
juste la possibilité
de suivre
des cours d'informatique
!",
pointe Martine
Caldéroli-Lotz.
C'est pourquoi
quinze secteurs
font actuellement
l'objet d'une démarche de contrat d'objectifs
en Alsace, en plus du domaine de
la métallurgie. Dix contrats sont actuellement
mis en oeuvre dans les métiers
de bouche, de l'hôtellerie-restauration,
de la coiffure et de l'esthétique, de la
propreté, du sport et de l'animation
globale, du secteur sanitaire et social, de
l'agriculture et du paysage, de la chimie,
du BTP ainsi que les services à l'automobile.
Quatre contrats sont en cours
de renouvellement dans le transport et
la logistique, la plasturgie, les métiers
artisanaux de la métallerie et de la mécanique
générale et la filière bois. Un nouveau
secteur aboutira à une prochaine
contractualisation, celui des industries
agroalimentaires. Ainsi, la démarche
des contrats d'objectifs couvrira à terme
près de 55 % des actifs alsaciens (plus de
400 000 personnes).