FFP La réforme peut-elle “endommager durablement" le système de formation ?

Par - Le 15 juin 2014.

Miser sur la seule loi du 5 mars
2014 pour remporter la bataille pour
l'emploi et développer l'économie de
la connaissance ? “Une erreur", aux
yeux de Jean Wemaëre, le président
de la Fédération de la formation
professionnelle (FFP), organisation
d'employeurs des organismes de formation
privés. Dans une lettre ouverte
au Premier ministre, il appelle à “une
prise de conscience et à une mobilisation
générale pour concrétiser le
potentiel de la réforme".

“Un risque de trou d'air"

Si la réforme a permis à l'écosystème
de la formation professionnelle de
se doter de nouveaux outils (compte
personnel de formation, conseil en
évolution professionnelle, nouvelles
instances de gouvernance de la formation,
etc.) et de faire évoluer les
dispositifs réglementaires vers une
logique d'investissement, plutôt que
de maintenir une obligation de dépense,
la FFP pose cependant la question
de l'appropriation nécessaire de
ces outils par les acteurs concernés,
qu'il s'agisse des entreprises, des
salariés ou des demandeurs d'emploi.
“Faute d'une mise en oeuvre rapide et
lisible de ces outils, nous sommes aujourd'hui
face à un risque de trou d'air
qui nuira à la réussite de la réforme,
voire endommagera durablement le
système de formation professionnelle",
estime Jean Wemaëre qui
ajoute que “sans action volontariste",
à l'échéance 2020, près de 2,3 millions
d'actifs non qualifiés pourraient
se retrouver sans travail, alors que
presque autant d'emplois – mais de
niveau bac – ne seraient pas pourvus.

Davantage de
“volontarisme"


Une action volontariste qui pourrait,
selon le président de la FFP, passer
par un retour du politique dans les
politiques de l'emploi, afin de franchir
le cap des 50 % de salariés (particulièrement
les ouvriers et employés de
PME) bénéficiant d'une formation au
moins une fois par an. Ce à quoi devrait
s'ajouter une réduction drastique
du temps d'attente des demandeurs
d'emploi avant d'accéder à la formation
(passant de huit à trois mois en
moyenne), ainsi que des efforts tout
particuliers en direction de cette population
particulièrement fragile que
sont les seniors.

Élargir la définition
d'“action de formation"


Mais ce que la FFP demande également,
c'est une modernisation de la
formation qui pourrait, notamment,
s'exprimer par l'élargissement de la
définition d'une action de formation,
permettant de l'étendre aux pédagogies
numériques. C'était déjà dans
l'esprit de la réforme. Reste à le traduire
dans un décret d'application.
Et surtout, la Fédération souligne
l'importance de communiquer auprès
du grand public et suggère que les
partenaires sociaux, les collectivités
et l'État s'engagent dans une vaste
campagne d'information et de promotion
de ces nouveaux dispositifs,
“compte personnel de formation et
entretien professionnel en tête".

Établir un “droit universel
à l'alternance"


Reste la question des jeunes qui pourraient
devenir “les grands oubliés
de la réforme" si, comme le suggère
Jean Wemaëre, le gouvernement ne
revient pas “de façon urgente sur les
récentes mesures relatives à la gestion
de la taxe d'apprentissage" (qui
prévoient de flécher ces crédits davantage
vers les Conseils régionaux,
au détriment des établissements de
formation). Il rappelle le voeu d'un
“droit universel à l'alternance", pour
lequel la FFP milite depuis plusieurs
années. Ce droit qui se traduirait par
l'ouverture à tous des dispositifs de
formation initiale et continue “dès lors
qu'est préparée tout ou partie d'une
certification". Selon les calculs de la
Fédération, “ce sont plus de 500 000
nouveaux alternants qui pourraient
ainsi être formés chaque année".
Autant de conditions, selon l'organisation
d'employeurs des organismes
de formation privés, qui détermineront
la réussite – ou non – de la
réforme.