Un rapport sénatorial souligne l'urgence de réformer les certifications

Par - Le 01 juillet 2014.

Le rapport d'information du
Sénat sur l'aide à domicile auprès
des publics fragiles (handicapés
ou âgés), cosigné par Jean-Marie
Vanlerenberghe (UDI-UC, Pas-de-
Calais) et Dominique Watrin (communistes,
républicains, citoyens,
également du Pas-de-Calais), a
été publié le 6 juin dernier. Il tire la
sonnette d'alarme sur le système
de l'aide à domicile alors que,
le 27 mars, quatre ministres du
gouvernement Ayrault signaient
un grand plan triennal en faveur
de l'autonomie et la structuration
de ces activités en filière professionnelle [ 1 ]L'Inffo n° 854, p. 18..
“Un système à bout de
souffle, à réformer d'urgence", indiquent
les deux auteurs, qui font
état de treize propositions pour le
refonder.

Simplifier le paysage
des diplômes et
certifications


Ce n'est pas en soi une révélation
: ce secteur a un problème
d'attractivité. “La situation des
salariés est préoccupante", soulignent
les auteurs. “Féminines
dans leur immense majorité,
exercées fréquemment à temps
partiel et sans qualification dans
le secteur sanitaire ou social,
les professions de l'aide à domicile
souffrent d'un manque de
reconnaissance sociale." Un
manque que les deux sénateurs
se proposent de compenser au
travers d'une revalorisation salariale
dans la filière (le point
d'indice n'en a connu aucune
depuis cinq ans), mais aussi
par la poursuite de la mise
en place de formations
qualifiantes et professionnalisantes,
au travers d'une
réforme des diplômes et certifications
applicables dans le
secteur.

Pour la création d'un
socle de compétences
commun


“Le renforcement de l'effort
financier en faveur du secteur de
l'aide à domicile devrait contribuer
à rendre soutenables les
efforts de formation que réalisent
depuis de longues années
les structures d'aide à domicile
au bénéfice de leurs personnels",
expliquait Jean-Marie
Vanlerenberghe le 4 juin, lors de
l'examen du rapport par la commission
sénatoriale.

“Le soutien qu'apporte la Caisse
nationale de solidarité pour
l'autonomie dans le cadre des
conventions qu'elle signe avec
des organismes de formation du
secteur devrait également pouvoir
être renforcé." Et de plaider pour
une simplification du paysage des
diplômes et certifications de la
filière pour les rendre plus lisibles
et favoriser l'évolution des salariés.
“Ainsi, les diplômes d'État
d'auxiliaire de vie sociale (DEAVS)
ou d'aide médico-psychologique
(DEAMP) sont par exemple très
proches, sans que les spécificités
de chaque métier soient comprises
par les personnels concernés.
Envisager la création d'un
socle de compétences commun
au plus grand nombre et pouvant
ensuite ouvrir la voie vers des spécialisations
différentes serait une
piste intéressante."

Un problème demeure, cependant
: celui des très nombreux
temps partiels, privés d'accès à
la formation par leur statut précaire,
que compte la branche.

“Raréfaction
des financements
publics en faveur
de la formation"


“Leur droit à la formation n'est
pas assuré", soulignait Gérard
Roche, sénateur UDI d'Auvergne.
“Nous assistons à une
raréfaction des financements
publics en faveur de la formation
et à une mobilisation des financeurs
privés de plus en plus difficile.
Certains parcours conduisant
à l'obtention d'un diplôme
sont bloqués, faute de moyens
pour les mettre en oeuvre",
regrettait pour sa part le sénateur
socialiste de Picardie Yves
Daudigny.

L'attractivité de
ces métiers continue
de baisser...


Et ce dans un contexte dégradé
qui voit les fonds affectés à l'aide
personnalisée à l'autonomie stagner,
alors que la récente annonce
de réforme territoriale laisse planer
le doute sur la survie à court
terme des Départements, dont
dépend le financement de l'aide
à domicile, et un éventuel transfert
de compétences à d'autres
collectivités.

“Les structures se sont appauvries
et l'attractivité des
métiers diminue", confessait
Jean-Marie Vanlerenberghe.
L'élu d'Arras a cependant ouvert
une piste d'accès à la formation
en évoquant la possibilité, pour
les salariés du secteur à la recherche
d'évolution, de recourir
à la VAE, même si ce dispositif
ne saurait, à lui seul, permettre
un développement des compétences
suffisant dans l'ensemble
de la branche. “Il faut
évidemment davantage former
les personnels… mais tout cela
a un coût qu'il faut être prêt à
assumer. "

Notes   [ + ]

1. L'Inffo n° 854, p. 18.