InterMife - “Déscolariser" l'orientation des adultes

Par - Le 01 août 2014.

L'idée que l'orientation puisse permettre
à chacun de trouver sa place
relève-t-elle d'une “espérance" ou
d'une “utopie" ? Posée en ouverture
des rencontres nationales des
Maisons de l'information sur la formation
et l'emploi (Belfort, les 26 et
27 juin derniers) par Gaston Paravy,
président d'InterMife France, la
question positionne d'emblée
l'orientation comme un idéal. Pour
l'humaniste pragmatique qu'il est,
le défi est celui qui se pose à tout
modèle de perfection : savoir évoluer
dans sa confrontation avec
l'environnement dans lequel il
s'inscrit, sans oublier la permanence
des enjeux.

“Orientation
professionnelle
continue"


Ceci est particulièrement vrai pour
l'orientation des adultes, dont la
conception n'a cessé d'évoluer au
gré des crises successives. La dernière
sur laquelle nous avons suffisamment
de recul est illustrée par la
loi Delors de 1971 dont les objectifs,
inscrits dans le sillage de l'éducation
permanente, se sont heurtés
à la fin des Trente Glorieuses.
Une fois de plus, le choc pétrolier
venait rappeler “que dans le traitement
de l'orientation des adultes,
les nécessités économiques l'ont
toujours emporté sur les finalités
éducatives". De même, une résistance
s'est toujours manifestée,
ainsi qu'en témoigne, rappelle-t-il,
la création de Centre Inffo, des Carif
et, en 1982, des Mife, qu'il analyse
comme une réaction de l'État à la
“carence de la législation en matière
d'orientation". Pour preuve, le premier
logo des Mife, qui mentionnait
explicitement l'“orientation professionnelle
continue" comme objet.

“Guidance
professionnelle
personnalisée"


Bâtie sur un “nouveau paradigme
de l'orientation" appuyé sur les
fondements théoriques des mouvements
d'éducation populaire, la
méthode d'intervention des Mife
développe alors une vision éducative
de l'orientation. Gaston Paravy
le précise, l'innovation réside dans
“les didactiques mises en oeuvre",
lesquelles posent un “véritable
acte éducatif (…), complètement
déscolarisé". De cette rénovation
militante de la relation pédagogique
aux adultes, naît la méthode
d'intervention propre aux Mife : la
“guidance professionnelle personnalisée".
Trois mots qui traduisent
à la fois l'idée d'un cheminement
“aux côtés" d'un objectif connecté
à l'économie et d'une réelle prise
en compte de la personne. En
cela, Gaston Paravy peut affirmer
que “l'orientation éducative (…)
n'est pas seulement un ensemble
d'outils, permettant la coïncidence
de compétences avec les exigences
d'un poste, mais, plus largement,
exprime que le travail est un lieu
d'investissement de la totalité de
la personne".

Conseil en évolution
professionnelle


Insistant sur les effets positifs de
“l'accompagnement déscolarisé"
sur l'autonomie, l'émancipation et
la révélation du “génie spécifique
de chacun", Gaston Paravy pose
en filigrane la question du choix
des méthodes qui, au-delà des acteurs,
seront retenues pour la mise
en oeuvre du conseil en évolution
professionnelle créé par la loi du
5 mars 2014.
À noter que le ministère de l'Éducation
nationale était présent, pour
la première fois, à la conférence
sociale des 7 et 8 juillet derniers.
Le ministre, Benoît Hamon, était
chargé de coprésider avec Najat
Vallaud-Belkacem, ministre des
Droits des femmes, de la Ville, de
la Jeunesse et des Sports, la table
ronde n° 2, “Assurer le passage de
l'école à l'insertion professionnelle
des jeunes". Précisément celle où
était évoquée l'orientation.

TROIS RÉSEAUX D'“OPÉRATEURS LOCAUX"

Le lieu d'accueil de ces rencontres
nationales était symbolique
: à Belfort et sous la direction
de Bertrand Creusy, se trouvent
en effet réunis en un même bâtiment
la Maison de l'emploi et de
la formation, la Cité des métiers
et la Mife. Quoi de plus logique,
dès lors, de retrouver autour
d'une même table Agnès Berjon,
secrétaire générale de l'InterMife,
Marie-Pierre Establie d'Argencé,
déléguée générale d'Alliance villes
emploi, et Olivier Las Vergnas,
secrétaire général du réseau international
Cité des métiers. Quelque
32 Mife, 25 Cités des métiers et
182 Maisons de l'emploi (MDE)
sont dans l'attente de rejoindre la
liste des opérateurs locaux du futur
conseil en évolution professionnelle
(CEP).

Si la vocation des MDE à prodiguer
de l'accompagnement a parfois été
contestée, certaines sont porteuses
de Mife et/ou de Cités des métiers,
et 52 d'entre elles, a estimé Marie-
Pierre Establie d'Argencé, délivrent
un service d'accueil, d'information
et d'orientation.

Avec trois coeurs de métier complémentaires
– gestion prévisionnelle
territoriale des emplois et des compétences
pour les MDE, mise en
mouvement de la personne pour les
Mife, optimisation de l'accueil pour
les Cités des métiers – les trois
réseaux avaient tout intérêt à se
présenter de concert. Les nombreux
exemples de gouvernance partagée
dont ils peuvent témoigner sur les
territoires indiquent que l'objectif
de décloisonnement, qui semble
faire consensus dans les projections
théoriques des décideurs,
fonctionne.