Les entreprises du Cac 40 préfèrent la formation présentielle

Par - Le 01 septembre 2014.

Alors que 85 % des grandes
entreprises du Cac 40 considèrent
l'efficience de leur service
formation comme un sujet
majeur, seules 57 % se déclarent
satisfaites de leur propre service
interne. Elles sont par ailleurs
encore moins nombreuses à avoir
programmé un plan d'actions à
leur agenda pour en augmenter
l'efficacité. Paradoxal ? Ce
sont pourtant les conclusions de
l'enquête “Opérer la formation au
meilleur coût", qui a été publiée
fin juin dernier.

Moins cher et/ou plus
efficace


Menée entre mars et mai 2014
auprès des DRH et responsables
formation de 21 grands groupes
totalisant plus de deux millions
de collaborateurs, elle a été
conduite par les cabinets de
conseil en ressources humaines
Paradoxes et Karistem. “Si
nous savions que, dans le
contexte économique actuel, les
entreprises souhaitent optimiser
l'efficience de leur formation,
autrement dit opérer la formation
au meilleur coût, notre
étude constate que les différents
leviers reconnus pour améliorer
cette efficience sont utilisés à
des degrés très variables selon
les entreprises", décrypte Hervé
Borensztejn, le directeur du pôle
RH de Karistem [ 1 ]Ancien vice-président développement
RH d'EADS.
.

L'attente des effets
concrets de la réforme


Conscientes de la nécessité
de “faire plus avec moins de
moyens", ces grandes entreprises,
confrontées à
des nécessités
grandissantes en
termes de formation
(particulièrement
sur le plan
international) et à
des organisations
en plein changement,
n'ont pas
nécessairement
procédé au saut
évolutif de leur
back office, ce
que Philippe
Joffre, président
de Paradoxes,
explique par l'attente des effets
concrets de la réforme. “Pour
l'instant, les entreprises attendent
les décrets d'application de la
loi du 5 mars 2014, mais n'envisagent
pas, a priori, de changer
leurs pratiques en profondeur."
Pourtant, l'évolution des mentalités
en termes d'ingénierie et
de financement de la formation
n'en est pas moins significative,
puisque 70 % des groupes sondés
avouent rencontrer régulièrement
leur Opca pour travailler sur les
cofinancements, y compris avec
les collectivités locales, visant la
mise en oeuvre de leurs plans de
formation. De même, ils sont de
plus en plus nombreux à recourir
aux contrats et période de professionnalisation.

Déficit d'image pour la
formation digitale


En revanche, en dépit du développement
croissant du digital
au sein des organisations, et si
93 % des entreprises interrogées
déclarent travailler sur la modernisation
de leur offre de formation,
elles sont encore 85 % à
ne recourir qu'à la formation présentielle.
“Il existe un décalage
entre le discours et le niveau
de pratiques, admet Philippe
Joffre. Le discours est fortement
orienté vers le digital (e-learning,
web-conférences, vidéocasts),
mais ces dispositifs
innovants
représentent en
moyenne 5 %
des heures de
formation…"
Pourtant, si le
e-learning reste
l'outil digital le
plus utilisé (70 %
contre 21 % pour
les librairies de
contenus et 7 %
pour les podcasts,
les Mooc
et les serious
games), il souffre
encore d'un déficit d'image, “lié
au fait qu'il est souvent réservé
à des sujets peu attractifs, que
les modules proposés ne font pas
assez de place à la pédagogie
ou que la qualité de l'ergonomie
est très faible. D'ailleurs, il s'agit
plus souvent de rapid learning
que de e-learning proprement
dit", explique le président de
Paradoxes.

Visibilité réduite
sur la performance


Pourtant, 77 % des groupes
sondés disposent d'une équipe
spécialement dévouée à la formation
digitale et 67 % ont
mis en place une politique de
e-formation en leur sein dans le
but de s'affranchir des contraintes
géographiques (74 %), de former
un maximum de collaborateurs
(64 %) ou de déployer plus rapidement
des parcours de formation
(50 %). Demeure, néanmoins,
une méconnaissance globale des
systèmes de financement de la
formation et une visibilité réduite
sur l'organisation et la performance
du service formation au
sein des groupes, qui explique
la faiblesse des transformations.
“Ce manque de visibilité ne permet
pas toujours de réaliser des
benchmarks [ 2 ]Comparaisons, à partir de points de
référence.
, ni d'évaluer le
potentiel de gains réalisables en
optimisant l'organisation", regrette
Hervé Borensztejn.

Optimisme,
malgré tout


Toutefois, les conclusions de
l'étude se veulent optimistes. “La
fonction formation est en train de
prendre une nouvelle envergure
dans les entreprises en débordant
notamment de son cadre administratif
et de ses pratiques pédagogiques
classiques pour investir de
nouvelles modalités, témoigne
Philippe Joffre, elle est désormais
considérée comme un vrai
service ; l'offre de formation est
« marketée », tournée vers l'innovation,
sachant que les nouvelles
technologies annoncent encore
d'autres ruptures." Conséquence
d'une réforme qui fait évoluer la
formation d'une logique de dépense
à une notion d'investissements
et d'obligation de résultat.
Et, pour Hervé Borensztejn, “c'est
une excellente nouvelle".

Notes   [ + ]

1. Ancien vice-président développement
RH d'EADS.
2. Comparaisons, à partir de points de
référence.