La Région Rhône-Alpes engagée dans le développement des emplois verts

Par - Le 01 septembre 2014.

Le bilan est mitigé en matière de
création nette d'emplois verts
et il nous faut multiplier notre
effort par quatre. En revanche,
sur le plan des qualifications,
nous avons de bons résultats, dans la
mesure où nous avons développé les formations
environnementales voici cinq
ans avec les opérateurs de formation."
Cyril Kretzschmar, conseiller régional
(Europe écologie - Les Verts) délégué
à la nouvelle économie, aux nouveaux
emplois, à l'artisanat et à l'économie
sociale et solidaire, commente les résultats
du tableau de bord des emplois

Soutien au dispositif “Feebat"

À titre d'exemple, concernant l'acquisition
des qualifications relatives à la
protection de l'environnement, il cite
l'opération de formation des formateurs
du bâtiment pour le déploiement du
dispositif Feebat (formation aux économies
d'énergie des professionnels du
bâtiment). “Notre objectif de travail avec
Philippe Meirieu, vice-président (EELV)
du Conseil régional délégué à la formation,
est de maintenir un taux d'effort sur
les formations qualifiantes et d'orienter
15 % de l'enveloppe budgétaire allouée à
la politique de formation", souligne Cyril
Kretzschmar.

Objectif, créer 20 000 nouveaux
emplois d'ici 2020


Le Conseil régional a en effet adopté en
2012 un programme régional de soutien
au développement des “emplois
verts-nouveaux emplois", qui a pour
objectifs, d'ici 2020, d'accompagner la
création de 20 000 nouveaux emplois
liés à la réduction de l'“empreinte écologique"
et de favoriser l'acquisition de
compétences relatives à la protection
de l'environnement et à une meilleure
gestion des ressources naturelles pour
50 000 emplois existants.

Verts ou “verdissants"

Dans cette perspective, le tableau de
bord se veut un outil permettant de
suivre la mutation amorcée sur le territoire
en matière d'emplois verts et
d'aide à la décision publique. Par rapport
au programme, il distingue les
personnes qui occupent un métier dit
“vert", à finalité environnementale,
de celles qui exercent un métier “verdissant",
dont les compétences sont
amenées à évoluer afin de prendre en
compte les enjeux environnementaux.

Développer des offres
de formation


Il s'agit bien d'accompagner les acteurs
économiques et sociaux pour qu'ils
fassent du développement durable une
réelle opportunité de développement
de leur activité et de création d'emploi.
Trois axes d'actions ont été déterminés
: “Aider les personnes à s'intéresser
aux métiers verts ; aider les organismes de
formation (comme l'Afpa) à développer
des offres qui correspondent à ces métiers ;
et aider les entreprises à faire évoluer leur
process pour intégrer l'enjeu de la transition
énergétique."

Sur ce plan, le réseau de l'orientation
joue bien son rôle. “Les organismes de
formation sont très volontaristes pour
monter des programmes de formation
liés à la transition énergétique dans le
bâtiment, le traitement et l'élimination
des déchets non dangereux, le geste écologique…",
fait valoir Cyril Kretzschmar.
Ils répondent en effet aux appels
d'offres de la Région axés sur la formation
qualifiante. “L'offre de formation
pourrait d'ailleurs passer de 15 à 30 %
dans les cinq ans à venir, mais ce n'est
qu'un pronostic", reconnaît-il.

Convaincre la métallurgie,
la chimie, la plasturgie...


“Un travail est aussi mené avec les industriels
sur leurs pratiques professionnelles,
mais il est difficile d'influencer ces dernières.
Pour les branches professionnelles,
faire évoluer les pratiques industrielles
est une charge supplémentaire, et cela
ne constitue pas une opportunité économique.
La métallurgie, la chimie, la
plasturgie, traînent des pieds en matière
de réduction de l'empreinte écologique.
Le secteur de la chimie a réalisé un travail
sur la « chimie verte », mais son
application nécessite un changement de
stratégie et d'activités en partie. Quand
on travaille avec le chlore, il est difficile
d'intégrer la réduction de l'empreinte écologique...",
admet le conseiller régional.

Attention à “ne pas se payer
de mots"


Avec le Grenelle de l'environnement,
la France a dépassé le cadre européen
en s'engageant plus spécifiquement à
diviser par quatre ses émissions de gaz
à effet de serre d'ici 2050. Elle a également
repris l'objectif des “3 x 20"
de l'Union européenne (diminuer de
20 % les émissions de gaz à effet de
serre, atteindre 20 % d'énergies renouvelables,
et réaliser 20 % d'économies
d'énergie) en portant à 23 % la part
d'énergies renouvelables. “Si on ne veut
pas se payer de mots en matière d'emplois
verts, expose Cyril Kretzschmar, il est
nécessaire que l'activité économique évolue
vers ces objectifs de l'UE."

L'“éco-conditionnalité"
des aides publiques


La transition énergétique se définit
comme le passage d'une société fondée
sur la consommation abondante
d'énergies fossiles à une société plus
sobre et plus écologique. Dans cette
perspective, la Région applique le principe
de l'“éco-conditionnalité" des aides
publiques. “Si les acteurs économiques
souhaitent obtenir un soutien politique et
financier de la Région, ils doivent obtenir
des résultats dans le champ de la réduction
de l'empreinte écologique. Au sein de
l'exécutif, certains conseillers régionaux
veulent imposer ce principe et d'autres
entendent négocier avec les acteurs. Nous
ne sommes que les partenaires des acteurs
économiques et notre effort en matière de
transition énergétique doit être porté par
tous les membres de l'exécutif, mais aussi
par l'État."

Engorgement, entre les
formations et les débouchés


En 2011, indique le tableau de bord
des emplois verts, les étudiants inscrits
en dernière année de formation environnementale
de niveaux V à III et licences
professionnelles sont 5 018 (soit
6 % des effectifs de dernière année
contre 4,1 % en 2000). “Aujourd'hui,
ce taux doit atteindre 7 %. Certes, il
pourrait y avoir un risque d'engorgement
entre les formations proposées et les
débouchés en termes d'emplois, mais cela
se joue sur des effectifs modestes."

En effet, avec l'attractivité forte des formations
de biodiversité, par exemple,
les jeunes diplômés rencontrent souvent
des difficultés d'insertion. Selon le
Céreq, un jeune sortant d'une formation
environnementale a une probabilité
d'accès rapide et durable à l'emploi
de 35 % inférieure à celle des sortants
de l'ensemble des formations... Les diplômés
de la spécialité “Forêts, espaces
naturels, faune sauvage, pêche" sont
particulièrement pénalisés, par rapport
aux spécialités telles que l'assainissement
et l'urbanisme.

Le bâtiment, seul secteur
à ne pas traîner les pieds


En outre, la région Rhône-Alpes comptait
43 227 apprentis en 2012 dont
27 % d'apprentis (6 352 au total) en
dernière année de formation verte. “Le
secteur du bâtiment regroupe à lui seul
4 137 apprentis en dernière année de
formation verte contre 71 apprentis pour
le secteur de la chimie. Nous voyons bien
que certains secteurs traînent des pieds
en matière de formations en apprentissage
liées à l'environnement. Cependant,
Philippe Meirieu souhaite prioriser l'apprentissage
pour les niveaux IV et infra,
dans la mesure où l'alternance à tous
les niveaux a un prix, et le budget de
la Région n'est pas extensible", prévient
Cyril Kretzschmar.

Des projets d'insertion

En matière de réduction des déchets,
“nous avons réalisé de vrais progrès, car la
formation des personnes est passée par là".
Du côté de la filière de collecte et de
traitement des déchets, les associations
et les entreprises de l'économie sociale
et solidaire (ESS) permettent à des personnes
peu ou pas qualifiées de s'investir
et de développer des compétences
dans un secteur fortement utilisateur
de main-d'oeuvre, grâce à des projets
d'insertion.

Des compétences transférables

Par exemple, Tri'Bat, entreprise d'insertion
(IE) à Cessieu (Isère), est spécialisée
dans le tri des déchets du secteur
BTP et industrie. Elle forme des personnes
en insertion à ces métiers (aide
démolisseur, agent de tri, agent de collecte)
par le biais de CDD de deux ans.
Les compétences acquises sont transférables
dans les domaines du BTP et de
l'industrie.
De même, Trialp, à Chambéry
(Savoie), propose des services de collecte
et valorisation des déchets (matériaux
électriques, huiles alimentaires,
papier, etc.). Sur un effectif de 105 personnes,
40 sont bénéficiaires d'un
contrat d'insertion. Elles occupent des
postes d'agent de déchetterie, agent de
collecte, opérateur de déconstruction,
personnel administratif…