Jean-Michel Pottier, l'anti-apparatchik de la CGPME

Par - Le 01 septembre 2014.

Du genre à batailler sur tous les fronts avec
pour leitmotiv “la défense des intérêts
collectifs", toujours prêt à dégoupiller son
franc parler pour “la liberté d'entreprendre,
une valeur à laquelle je suis très attaché".
Patron à l'allure débonnaire de la PME Ariane
Sept, basée à Valenciennes (Nord-Pas-de-
Calais), Jean-Michel Pottier, 61 ans, est
militant CGPME (Confédération générale
des petites et moyennes entreprises)
depuis trente-et-un ans. “Mon seul
mandat indemnisé, fait-il valoir, est celui
exercé au Conseil économique social et
environnemental." Pour les autres mandats,
“c'est le chef d'entreprise que je suis qui
s'y colle bénévolement, et cela demande un
engagement personnel important. (…) Je
peux me targuer d'être, dans les diverses
réunions, le seul patron en exercice dans une
entreprise, alors même que les représentants
du Medef ne sont que des permanents
cadres". À bon entendeur…

“La part d'initiative
du chef d'entreprise"


Une position qui “le rend plus rugueux sur
certains sujets et plus ouvert sur beaucoup
d'autres", concède François Hommeril,
ex-secrétaire national CFE-CGC et président
de l'Opca Défi. “C'est un partenaire loyal qui
sait tenir une position originale, alors que les
autres partenaires patronaux, ceux du Medef
qui sont des fondés de pouvoir et en service
commandé, sont dogmatiques. Il porte dans
ses revendications une forme de réalisme, il
incarne son discours, ce qui est plus agréable
dans les négociations", ajoute-t-il.
Jean-Michel Pottier déplore “qu'on restreigne
la liberté d'entreprendre du chef d'entreprise,
notamment en matière de formation
professionnelle, et cela depuis plusieurs
années". À ce titre, “le dispositif de la réforme
de la formation est un coup terrible pour nous,
en raison d'une complexité épouvantable.
La loi supprime en quasi totalité la part
d'initiative du chef d'entreprise et elle renvoie
celle-ci sur le salarié. Je considère que le
balancier a été envoyé trop loin".

Le sens de la “responsabilité
personnelle"


Son engagement personnel débute en 1968
− mais “pas derrière les barricades". “Fin
octobre 1968, un événement a changé le
cours de ma vie : en classe de seconde au
lycée Notre-Dame de Valenciennes, j'ai
été élu délégué de ma classe." Ce type
de représentation des élèves venait d'être
institué. Une vraie “révolution" pour Jean-
Michel Pottier, dans la mesure où “les élèves
pouvaient enfin s'exprimer dans les conseils
de classe, avec une direction d'établissement
catholique qui surveillait cela comme le lait
sur le feu, car nous étions dans les vapeurs de
Mai 68 !"

Quinze ans plus tard, Jean-Michel Pottier
adhère à la CGPME. Et à partir de là, il
enchaîne différents mandats dont l'exercice,
selon l'expression, “n'est pas piqué des
hannetons". Jusqu'en 2001, il est ainsi
administrateur, vice-président, puis président
de la CGPME Nord-Pas-de-Calais. Après 2001,
il conserve ses fonctions de vice-président ou
de président (selon l'alternance) de l'Agefos-
PME Nord-Picardie, structure au sein de
laquelle il est présent depuis vingt-cinq ans,
avant d'être appelé “par le national pour
animer la commission éducation-formation
de la CGPME". “Je défends des entreprises
dirigées par des chefs d'entreprise qui ont
engagé leur argent, leur patrimoine et leur
responsabilité personnelle. C'est pourquoi
l'existence d'une seule organisation patronale
n'est pas possible", revendique-t-il. Une
différence essentielle qui renvoie à un autre
événement marquant de sa vie : “En 1989, le
jour où mon entreprise a été détruite à 100 %
par un incendie. Sur place à 7 heures du
matin, je n'avais que les yeux pour pleurer et
de plus, j'ai été interrogé par les gendarmes
dans le panier à salade." Et de dégainer un
nouvel argument : “Est-ce qu'on a fait subir
cela au patron de Total quand les côtes de
Bretagne ont été polluées ? Je ne me compare
pas à lui, mais comment voulez-vous qu'une
seule organisation patronale représente un
patron comme moi ?"

1982 1983 2007
Crée son entreprise Adhère à la CGPME Membre du Conseil national de la formation