Quelles compétences pour les entreprises en 2020 ?

Par - Le 15 septembre 2014.

La thématique de la formation tout au long de la vie s'est invitée dans les débats de l'Université d'été
du Medef, les 27 et 28 août derniers, avec en toile de fond le renouvellement générationnel, qui induit
de nouveaux “codes managériaux" et suppose de nouvelles compétences.

Une France qui gagne dans un monde
qui bouge", tel était le thème
de la 4e Université d'été du
Medef, qui s'est tenue sur le
campus d'HEC, à Jouy-en-Josas
(Yvelines). Un rendez-vous marqué par
l'intervention du Premier ministre, qui,
en ouverture, le 27 août, a affirmé que
le pays avait besoin de ses entreprises car
“ce sont elles qui créent de la richesse ; ce
sont elles qui créent de l'emploi ; ce sont
elles qui permettent l'innovation ; elles
contribuent à l'aménagement et à la cohésion
de nos territoires ; et elles sont l'image
et la force de la France dans le monde"...

Mutations des entreprises

Précisément, a assuré le président directeur
général du groupe Bloomberg,
Peter Grauer, à la table de la conférence
plénière du 28 août, “investir dans la formation
de ses salariés est une des conditions
de réussite d'une entreprise. Les comportements
de mercenaires ne permettent pas
d'assurer une croissance durable". Avec
Sahle-Work Zewde, secrétaire générale
adjointe de l'ONU et responsable
de l'office de Nairobi, ou encore Laura
Lane, responsable des affaires publiques
au sein du groupe UPS, la question des
mutations des entreprises a été abordée
sous l'angle international. Il existe des fils
rouges et des problématiques auxquelles
ces dernières sont confrontées mondialement,
à l'instar des questions de
parité et notamment de sous-représen
tation des femmes au sein des instances
dirigeantes. C'est l'exemple également
des outils à développer pour garantir le
renouvellement générationnel face au
départ en retraite des papy boomers, qui
renvoie également à la problématique de
la formation professionnelle.

GDF Suez met le cap
sur l'alternance


“Nous sommes actifs dans 70 pays et nous
avons plus de 100 000 salariés en France.
Nous prévoyons d'en recruter 45 000 pour
accompagner la transition énergétique et le
choc démographique, a expliqué Gérard
Mestrallet, le président directeurgénéral
du groupe GDF Suez. Dans
ce cadre, nous favorisons l'alternance,
l'embauche de jeunes et les programmes
d'insertion. Nous tentons de maximaliser
notre implication sur les territoires où
nous sommes implantés, comme au Brésil
où nous construisons actuellement un barrage.
C'est un chantier qui a supposé de
construire une ville, d'accueillir 26 000 salariés.
Ensuite, il faudra la faire vivre."

“Responsabilité sociale"

La question de la responsabilité sociale
et environnementale des entreprises
était au coeur de l'ensemble des débats,
avec en toile de fond le désengagement
de l'État sur ces questions, qui implique
que les entreprises s'investissent, notamment
par le biais d'associations ou de
fondations. “Je suis également le président
de Face, la Fondation agir contre l'exclusion,
qui regroupe 4 700 entreprises. Nous
étions deux fois moins en 2008, ce qui démontre
que les entreprises s'engagent plus
avec la crise, a insisté Gérard Mestrallet.
Nous mobilisons nos entreprises pour
l'emploi des jeunes. En avril dernier, nous
avons remis 150 propositions au gouvernement [ 1 ]Voir L'Inffo n° 857, p. 2.,
articulées autour de cinq priorités,
et nombre d'entre elles ont été reprises
par le gouvernement."

Une génération à impliquer

“La moyenne d'âge dans notre service web
est de 22 ans, c'est une génération qu'il
faut impliquer et associer aux décisions de
l'entreprise, de même que cette dernière doit
être impliquée dans sa cité, comme nous le
sommes à Boulogne-Billancourt", a de son
côté expliqué Marie Cheval, la présidente
de Boursorama. En somme, si la formation
professionnelle en tant que telle n'a
pas été au centre des débats, tous les intervenants
se sont accordés pour reconnaître
que les questions sociales et liées au développement
des compétences des collaborateurs
seront de plus en plus décisives
pour la croissance des entreprises.

“Crédit d'impôt d'innovation sociale"
Les cinq priorités proposées par le président de l'association Face, Gérard Mestrallet, sont :
rapprocher durablement l'entreprise et l'école, favoriser la mixité, et faire de la région
l'échelon privilégié pour la mise en oeuvre des politiques de l'emploi. Le quatrième est de
faire de l'alternance une voie d'excellence en la généralisant à tous les âges et à l'ensemble
des pratiques d'orientation, d'éducation, de formation et qualification. Enfin, il s'agit de
mobiliser les outils de formation des entreprises en faveur des chômeurs de longue durée,
pour permettre leur immersion dans le monde du travail, avec la création d'un crédit d'impôt
d'innovation sociale et le développement de nouvelles formes de mécénat.

Notes   [ + ]

1. Voir L'Inffo n° 857, p. 2.