Comment associer les partenaires sociaux aux politiques régionales

Par - Le 01 octobre 2014.

Forte des nouvelles compétences
et missions acquises dans le cadre de
la réforme de la formation professionnelle,
l'Association des Régions de
France réaffirme son investissement.
Pour Alain Rousset, président de
l'ARF, c'est la clé d'une reprise économique
durable, notamment dans
les territoires ruraux, qui représentent
60 % des emplois.

“Une entreprise qui se développe en
milieu rural dispose rarement des
compétences qui lui sont nécessaires,
elle n'a alors d'autres choix que de
délocaliser. Dans ma région [l'Aquitaine],
nous avons la chance d'avoir
Repetto, qui exporte beaucoup, mais
n'a pas les compétences en ressources
humaines dans le Périgord
pour accompagner sa croissance.
C'est pourquoi nous avons créé un
centre de formation pour permettre
à des chômeurs de devenir des professionnels
spécialisés dans le cuir.
C'est à l'échelle régionale que nous
pouvons identifier les besoins et coordonner
des réponses sur mesure",
expliquait-t-il le 3 septembre dernier,
lors de la conférence de presse de
rentrée de l'ARF.

Les Régions, pilotes des
politiques de formation


La loi du 5 mars 2014 confie aux
Régions la charge d'organiser les
services publics régionaux de l'emploi,
mais aussi de coordonner, dès
2015, l'action des différents acteurs
au sein des “plateformes de suivi et
d'appui aux décrocheurs", les PSAD.
“Nous voulons travailler en étroite
collaboration avec l'Éducation nationale
sur la question des PSAD.
C'est le cas également avec tous
les autres acteurs qui contribuent à
créer une offre de formation régionale",
a déclaré François Bonneau,
président de la Région Centre et de
la commission éducation de l'ARF.

La création des Crefop

Cette situation appelle à une évolution
des modes de gouvernance et
de collaboration avec les partenaires
sociaux que devrait rendre possible
la création des Comités régionaux de
l'emploi, de la formation et de l'orientation
professionnelles (Crefop).

“Jusque-là nos échanges avec les
partenaires sociaux permettaient
avant tout de dresser des diagnostics.
Nous souhaitons désormais qu'au
sein de cette nouvelle instance, ils
participent à l'élaboration des politiques
régionales. Le pilotage de la
formation professionnelle doit être
articulé avec tous les besoins en
compétences", a poursuivi François
Bonneau.

“Transition numérique",
dans les CFA aussi


Enfin, l'ARF souligne qu'il est fondamental
que les CFA et autres
structures dédiées aux contrats en
alternance ne soient pas exclus du
grand plan en faveur du numérique
éducatif, annoncé par le président de
la République le 2 septembre dernier,
lors d'un déplacement à Clichy-sous-
Bois. “Seuls 5 % des enseignants utilisent
le numérique à des fins pédagogiques.
Nous demandons à l'État que
les filières de l'alternance ne soient
pas exclues de la transition pédagogique
qu'il entend initier dans les formations
initiales. Notamment, car ces
nouveaux outils pédagogiques offrent
des solutions à des apprentis qui ont
pu être en échec en formation initiale
avec les méthodes plus classiques",
a observé François Bonneau.

25 propositions

Le 18 septembre, l'Association des
Régions de France a rendu publique
25 propositions pour relancer l'apprentissage.
Mettant l'accent sur la
simplification et la stabilisation des
aides, en réaffirmant que les modalités
d'attribution de primes sont une
compétence régionale. Elles souhaitent
voir inscrit l'apprentissage
dans les clauses d'insertion sociale
de l'achat public. Le Centre national
de la fonction publique territoriale
(CNFPT) et les centres de gestion
verraient leurs missions renforcées
sur l'information, le recensement des
besoins ou l'aide au recrutement dans
ces secteurs.

Par ailleurs, les Régions recommandent
de confier la gestion complète
des dispositifs d'initiation aux
métiers de l'alternance aux CFA. Elles
veulent leur donner la compétence
pour adapter les parcours de formation
des jeunes sur la durée, selon leur
niveau d'entrée en formation, sans
accord préalable du Rectorat. Autre
proposition : promouvoir les “dispositifs
de mixage" de parcours ou de publics,
par des coopérations entre CFA
et établissements scolaires. Et elles
demandent une “professionnalisation
renforcée" des formateurs en CFA.
L'ARF propose enfin d'accentuer
la mobilisation du programme
investissement avenir (PIA) sur la
construction ou la rénovation des
locaux de formation.